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Rusbrock l'Admirable (œuvres choisies)

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UNITÉ ABSOLUE

Parlons de l’unité absolue. L’amour de Dieu n’est pas seulement l’effusion de tout bien ; il n’est pas seulement l’attrait intérieur ; il est au-dessus du relatif, dans la jouissance essentielle, absolu, selon l’essence nue de la divinité. C’est pourquoi les hommes, illustrés au fond d’eux-mêmes, ont rencontré une contemplation supérieure à la raison et indépendante d’elle, et une jouissance ravissante dépassant mode et essence, et plongée dans l’abîme sans mesure de la béatitude, où elle se possède elle-même, jouissance essentielle, dans l’unité des trois Personnes. C’est là que la béatitude est si simple et si démesurée, que le regard de la contemplation oublie les détails, perd les sentiers, et ignore où vont les pentes. Car toutes les substances, soulevées par la jouissance, fondent, sans destruction et sans confusion, dans la fournaise infinie. O Essence suressentielle des essences béatifiées ! C’est en vous qu’elles meurent à elles-mêmes ; qu’elles meurent, sans cesser d’être, dans l’abîme sans fond de l’ignorance sublime. C’est en vous que toute lumière abdique dans la ténèbre sacrée. C’est en vous que l’unité dominatrice et triomphante jouit de la béatitude essentielle. Béatitude essentielle à Dieu : superessentielle aux créatures. Car nulle créature ne subit en elle-même aucune destruction, ni avec l’Essence divine, aucune confusion. Car cette créature deviendrait une divinité ; ce qui est impossible. Incapable de diminution ni d’agrandissement, rien ne peut crouler de l’Essence divine. Et cependant tous les esprits d’amour sont, avec le Dieu absolument unique et absolument distinct, une seule jouissance et une seule béatitude. Essence bienheureuse, jouissance commune du ciel entier, elle est si simple, que tous les esprits illustrés par elle sortent d’eux-mêmes, dans l’extase de la jouissance, et le rejaillissement de tous vers la plénitude immense comble et excède tous leurs désirs.

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