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Rusbrock l'Admirable (œuvres choisies)

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INTRODUCTION

Le monde avance et vieillit. Depuis qu’il avance et qu’il vieillit, il redit aux générations qui naissent, passent et meurent, les paroles de l’Écriture. Les générations vont se coucher les unes après les autres ; car la terre est riche en tombeaux. Mais les paroles de l’Écriture restent debout. Les siècles sont autour d’elles, comme des esclaves, chargés de renouveler leur jeunesse éternelle, et ils se succèdent dans ce labeur fécond.

Or, parmi les paroles de l’Écriture, quoiqu’elles s’appliquent toutes à tous les âges du monde, il en est qui semblent préférer certains siècles, et le nôtre semble désigné spécialement par cette parole courte, qui tombe du ciel sans s’expliquer avec la terre, cette parole du prophète des Lamentations :

Desolatione desolata est omnis terra : quia nullus est qui recogitet corde[1].

[1] Jérém., XII, 11.

Plus cette parole est profonde, plus elle passe inaperçue de ceux qu’elle regarde. Puisque la terre est pleine de désolation, parce que personne ne réfléchit dans son cœur, la terre ne s’en aperçoit pas. La même légèreté qui l’empêche de réfléchir dans son cœur, l’empêche de voir la nécessité de cette réflexion, et où le monde va sans elle, et l’universelle désolation ne paraît avoir aucun rapport avec l’universelle légèreté et l’universelle indifférence.

Or ce n’est pas seulement dans son esprit qu’il s’agit de réfléchir ; c’est dans son cœur. Le mystère qui est à la racine de tout, est ici particulièrement. Il y a des paroles qu’il faut deviner, et qu’on profane en les expliquant.

J’ai cherché dans les siècles passés ceux qui ont réfléchi dans leur cœur ; j’ai cherché parmi ceux qui ont vécu dans l’Esprit-Saint. Car, ailleurs, je n’avais aucune chance de rencontrer ce que je cherchais. Ayant trouvé plusieurs grands personnages qui avaient fait ce que Jérémie demande, j’ai offert, l’an dernier, aux hommes du XIXe siècle, la bienheureuse Angèle de Foligno ; cette année, je leur présente Jean Rusbrock, celui que les siècles passés ont surnommé l’Admirable, et que le siècle présent a laissé en oubli.

J’en dirai peu de chose. Mieux vaut le montrer que de l’analyser. Il n’a pas besoin de commentaire.

Parmi ceux qui, dépassant les régions de la lumière humaine, sont allés demander un asile à l’ombre sacrée du grand autel, les plus grands, d’après Denys le Chartreux, sont saint Denys l’Aréopagite et Jean Rusbrock l’Admirable. Saint Denys pose les lois générales de la théologie mystique. Jean Rusbrock les applique. Saint Denys présente la lumière, Jean Rusbrock allume la flamme. Tous deux sont aveugles, par excès de lumière ; immobiles, par excès de rapidité. Tous deux planent sur la montagne, tous deux baissent la tête, pour essayer de se faire entendre. Leur parole est un voyage qu’ils font par charité chez les autres hommes. Mais le silence est leur patrie. La splendeur de leur langage est la condescendance de leur bonté ; la ténèbre sacrée où ils étendent leurs ailes d’aigle, est leur océan, leur proie et leur gloire.

L’immensité ferme les lèvres parce qu’elle répugne aux explications.

Les choses ordinaires peuvent se dire ; les choses extraordinaires ne peuvent que se balbutier. Les balbutiements de saint Denys, d’Angèle, de Rusbrock, semblent pressés de mourir dans l’ombre et dans le silence où ils ont été conçus, comme des exilés qui, dans un recueillement plus profond qu’à l’ordinaire, ont cru sentir une bouffée d’air natal, et revoir, les yeux fermés, le clocher de leur église.

Un océan de flamme qui brûlerait sur place ressemblerait un peu au style de Rusbrock.

C’est plus haut que l’azur, plus profond que la nue, et les quatre horizons seraient pour lui un vêtement trop étroit. Mais, dans cette grandeur, tout est précis. C’est toujours énorme ; ce n’est jamais vague.

Les majestés aériennes de ces contemplations embrasées sont plus fécondes que les entrailles de la terre, plus douces que la respiration d’un enfant endormi. Un caractère spécial à la splendeur chrétienne et catholique, c’est que la pratique la suit, comme l’ombre suit le corps.

En dehors de la vérité, les ascensions éloignent celui qui monte de ceux qui demeurent dans la plaine.

Mais les ascensions des grands contemplateurs orthodoxes les font plus tendres pour le petit, plus tendres pour le pauvre, plus intelligents de ses besoins. Ceux-là ne vont pas au pays de la gloire, sans rencontrer l’amour au cœur de la contemplation.

Plus le nuage est noir, plus le regard est profond ; plus la contemplation est haute, plus le mystère est inscrutable ; plus le regard du contemplateur est profond pour saisir dans leur abîme les misères humaines, miséricordieux pour inviter, doux pour plaindre, ardent pour aimer, tendre pour secourir.

L’attendrissement grandit avec la hauteur, et quand le contemplateur ne peut plus dire ce qu’il voit, parce que la parole manque, son enseignement est plus profond ce jour-là qu’à l’ordinaire.

L’auditeur sent que ce n’est pas son objet qui a fait défaut à la parole, mais la parole qui a fait défaut à son objet, et le silence du contemplateur devient l’ombre substantielle des choses qu’il ne dit pas.

Rusbrock écrivait dans le dialecte de son pays ; Surius l’a traduit en latin. Je l’ai traduit en français.

Surius a rétabli le texte authentique de Rusbrock. L’immense travail auquel il s’est livré a rendu à l’humanité un service immense. Il a compulsé, vérifié, choisi parmi les innombrables manuscrits, auxquels étaient mêlés mille passages falsifiés.

Le livre où il a réuni les œuvres complètes de Rusbrock contenant d’innombrables répétitions, car les mêmes manuscrits se représentaient plusieurs fois avec de légères différences, j’ai pu serrer beaucoup, et présenter, sous un volume beaucoup moindre, la substance du génie de Rusbrock. Je place en tête des œuvres de Rusbrock sa vie, écrite par un chartreux son contemporain, et la préface de Surius.

Par une complaisance à la fois humaine et divine, Rusbrock indique les écueils de l’océan où il navigue. Il a prédit et flétri les quiétistes avec une énergie et une précision merveilleuses. Les plus subtiles et les plus fertiles nuances de l’erreur sont mises à nu par ce regard aussi pénétrant que vaste.

La prudence semble appartenir naturellement à ceux qui se traînent dans un chemin étroit. Mais Rusbrock a une prudence qui emprunte un magnifique caractère à la hauteur où elle se produit. C’est la prudence dans l’immensité.

Rusbrock voit la vérité de haut et l’erreur de loin. Ses plus ardentes et ses plus hardies inspirations sont accompagnées d’une exacte analyse, où sont notées en traits de feu les erreurs où l’humanité tombera. Dans l’Ornement des noces spirituelles, opposant le repos menteur et inactif à la paix véritable et active, il décrit, analyse et condamne le quiétisme avec une telle exactitude et une telle précision, dans l’ensemble et dans les détails, que rien n’eût pu être retranché de cette admirable peinture ni être ajouté à elle, si elle eût été faite à la fin du XVIIe siècle.

Ce qu’il y a de superbe dans ces analyses d’erreurs, c’est qu’elles ne ralentissent pas le transport auquel elles sont mêlées. En général, la précaution est froide. Ici, la précaution est brûlante. Parce que l’erreur est percée de part en part, traversée, mise à nu, montrée telle qu’elle est en elle-même, c’est-à-dire une négation.

Le quiétisme est détruit dans l’Ornement des noces spirituelles. Dans Samuel, le panthéisme est analysé, démasqué, réfuté et confondu. Le XVIIe et le XIXe siècle sont montrés d’avance avec les erreurs auxquelles ils succombent, et les vérités auxquelles ils aspirent.

Et Rusbrock détruit l’erreur, sans se baisser vers elle. La réfutation ne le fait pas descendre des hauteurs où la contemplation l’a porté.

En général, les distinctions sont froides : Rusbrock est sublime, même quand il analyse ; car le feu préside à tous les actes de sa vie.

« L’action de Dieu en nous, dit-il quelque part, ne nous confère avec Dieu ni l’unité d’essence, ni l’unité de nature, mais l’unité d’amour. Cependant nous sommes bienheureux…, parmi l’amour immense, et la ténèbre sacrée, et la nuit noire sans dimension. Or cette nuit noire, c’est la lumière inaccessible où se recueille la nature divine… Par la vertu de l’amour, nous sommes abîmés et absorbés dans sa puissance : là, nous nous perdons, non pas quant à notre substance, mais quant au sentiment de joie… Il ne s’agit ni d’unité de nature, ni d’unité d’essence, mais d’unité d’amour.

« L’essence de Dieu est incréée, la nôtre est créée ; l’abîme est infranchissable, et la distinction est éternelle. Jamais les prodiges de l’amour ne l’effaceront ; jamais les transports de l’union ne produiront l’unité de nature… Si nous nous perdions, quant à la substance, dépourvus de connaissance et d’amour, nous serions incapables de béatitude. Notre essence est une solitude immense, un désert à perte de vue, où Dieu vit et règne, etc. »

Il enseigne et brûle dans le même moment. Il donne des explications sur la nature du feu ; mais il ne sort pas de la fournaise.

Sur la montagne, plus haute que les nuées, voyant les orages au-dessous de lui, il se souvient de ceux qui sont en bas, qui lèvent la tête et qui monteront.

Les ascensions que le caprice dirige se terminent par des chutes épouvantables. Mais quand le contemplateur catholique gravit une montagne, l’ombre de Dieu est au sommet. C’est pourquoi la sécurité grandit avec la hauteur.

Pour ceux qui ne voient pas, le nom du mysticisme et le nom de la folie sont deux mots synonymes. Au fond de cette erreur, il y a comme toujours une vérité, et puisque l’erreur est énorme, la vérité l’est aussi. La raison contient et voit certaines réalités. Au-dessous d’elle se trouve la folie, qui a perdu cet état respectable, vrai, honnête et même sacré, qui est l’état raisonnable.

Que Dieu nous préserve de ne pas assez estimer, et de ne pas assez admirer la raison ! Elle est un don sublime, et la folie est son absence.

Mais, plus haut que la raison, le mysticisme orthodoxe voit, entend, touche et sent ce que la raison n’est pas capable de voir, d’entendre, de toucher et de sentir. Il domine la raison et la transfigure.

La folie contredit la raison. Le mysticisme la domine.

La folie est la privation des choses de la raison. Le mysticisme est leur possession pleine, entière, surabondante, surmontée des choses d’en haut.

Le mysticisme et la folie sont donc les deux termes de la contradiction la plus absolue qui soit.

La folie renverse l’esprit ; la raison le redresse ; le mysticisme le transporte. Mais pour être transporté, il faut d’abord être redressé.

Comme pour être saint, il faut d’abord être honnête homme, pour être mystique il faut d’abord être raisonnable.

La folie est l’erreur pure, la raison porte une certaine somme de choses vraies. Le mysticisme contient la quintessence de la vérité.

Il y a une certaine sagesse inférieure, qui ose usurper le nom de sagesse, parce qu’elle est assez bornée pour ne pas voir ce qui lui manque. L’étroitesse de son horizon lui fait le don hideux d’être contente d’elle-même.

Le mysticisme est l’autre sagesse, celle d’en haut, qui voit assez loin pour trouver sa vue courte. La grandeur de la contemplation est le miroir sans défaut où elle voit son insuffisance. L’immensité des lieux qu’elle habite lui fait le don superbe du dédain sacré d’elle-même.

Avec ce dédain augmente sa grandeur, et avec sa grandeur augmente sa bonté.

Ce Rusbrock que l’antiquité a surnommé le Contemplateur sublime avait pitié des oiseaux, et les frères, qui tremblaient devant lui d’admiration, venaient lui dire : « Père, il neige ; que vont devenir ces pauvres petites bêtes ? »

Les frères venaient implorer le grand homme pour les petits oiseaux, parce que le grand homme était un vrai contemplateur ! Si sa hauteur eût été inquiétante, ils n’auraient pas osé lui parler des petites choses. Le faux grand homme est sans pitié.

Chose admirable ! on dirait que la faiblesse est chargée, par la compassion qu’elle inspire, de graver sur le front de la grandeur le caractère authentique de la vérité. C’est le misérable, c’est l’indigent qui pose sur le front du grand homme le thau sacré qui marque ces élus, et ce thau c’est la compassion.

Sur cette merveilleuse alliance de la contemplation et de la pitié, saint Bernard est profond. Rappelant ces paroles de Jérémie : La fille de mon peuple est cruelle comme l’autruche du désert, il ajoute que l’autruche est cruelle, parce qu’elle ne vole pas. L’autruche est cruelle parce qu’elle ne contemple pas. Cette magnifique alliance d’idées, étonnante pour l’esprit léger, est évidente pour l’esprit profond. La hauteur adoucit l’âme, la magnificence l’apaise, la contemplation est attendrissante.

Quiconque suivra le vol de l’aigle verra qu’il laisse après lui dans l’air un sillon lumineux, et ce sillon c’est la bonté.

Parce qu’il avait dormi sur la poitrine de Jésus, saint Jean fut l’aigle de Palmos et l’apôtre de la douceur. Il avait entendu de trop près les sept tonnerres pour ne pas être attendri.

Plus Rusbrock est isolé par la main du désert où le corbeau mystérieux porte au solitaire la nourriture que Dieu lui destine, plus son œil s’ouvre sur les nécessités de la vie, sur les misères des hommes. Plus il grandit, plus il s’incline. Plus il est ravi par la solitude, plus il est rapproché par la compassion. Ne vous étonnez donc pas s’il aimait tant les animaux ; car ceux-ci entrèrent pour beaucoup dans le salut de Ninive, et la largeur de la charité est égale à sa hauteur. Pour mesurer comment elle fut large, regardez comment elle fut haute, cette charité qui porta dans les régions inconnues le solitaire de la Vallée-Verte.

La musique et les mathématiques, si séparées dans l’esprit du vulgaire, sont absolument voisines en réalité. La musique, qui a pour but d’exprimer l’ineffable, est ce qu’il y a de plus rigoureux et en même temps de plus aérien. Elle échappe aux pesanteurs de la terre, mais elle n’échappe pas plus que les astres à cette régularité arithmétique qui est la loi de la magnificence et la magnificence de la loi, à cette obéissance parfaite et invincible qui est le caractère des étoiles et celui de l’harmonie. Rusbrock est aérien comme un chant, et rigoureux comme une étoile. La liberté de ses mouvements et leur fidélité sont fondues dans une seule splendeur. Si l’une diminuait, l’autre serait attaquée. La hardiesse et la sécurité l’emportent sur leurs ailes tranquilles et triomphantes. La hardiesse ne l’entraîne pas ; la sécurité ne le captive pas : toutes deux font les mêmes mouvements, partent du même point, vont au même but. Les puissances qui semblent divisées en bas font la paix sur les hauteurs.

Plus haut que les régions où éclate la foudre, Rusbrock voit l’éclair au-dessous de lui ; mais il ne cligne même pas ; il le voit à travers l’azur qui est au-dessus du tonnerre.


Autrefois saint Denys disait :

« Trinité plus haute que la nature, vous qui présidez aux choses de la sagesse divine, ô vous qui êtes bonne et plus que cela, dirigez-nous vers le sommet des oracles, plus qu’inconnu, plus que brillant, plus que suprême, vers le point où les mystères de la théologie, simples, absolus, immuables, s’entr’ouvrent dans l’obscurité translumineuse du silence qui dit les secrets, dans l’obscurité éblouissante, dans les ténèbres situées plus haut que la lumière, dans l’invisibilité, dans l’intangibilité parfaite et garantie, dans l’obscurité translumineuse qui comble, par les splendeurs au-dessus de la beauté, les esprits séduits par la lumière. Oh ! voilà ma prière ! voilà ce que je désire. Toi, mon cher Timothée, je veux te voir tendu dans le désir, abîmé dans la contemplation ! Abandonne les sens, abandonne l’intelligence, tout le sensible et le compréhensible, toutes les choses qui sont, toutes celles qui ne sont pas, et, par-dessus toute démonstration, monte, autant que cela est permis, vers l’union de Celui qui est par dessus la science et l’essence. Délivré, absous, purifié de toi-même et de toutes choses, sans entrave, les pieds libres peut-être monteras-tu vers le rayon surnaturel de la divine obscurité[2]. »

[2] Théologie mystique, chap. I.

Voilà le manteau de saint Denys, Rusbrock l’a reçu des mains de son Père.

La parole de Rusbrock est une forêt vierge où le voyageur ne s’égare pas. Ce sont des profondeurs, des ravins, des hauteurs, des précipices, des montagnes, des orages, des abîmes, des obscurités, des transports de lumière, des ombres noires, des tremblements d’étoiles.

Mais une paix supérieure plane, les ailes étendues, sur toutes ces tempêtes de lumière et d’ombre ; une sérénité invincible saisit, embrasse, pénètre et transperce tous ces éclats et toutes ces ténèbres.

C’est toujours la crainte.

Ce n’est jamais la peur.

Cet abîme sans fond dont il parle toujours est terrible en vérité ; mais cet abîme est un ami.

L’Ornement des noces spirituelles transporta d’admiration tous les docteurs mystiques. Couverts maintenant par les bruits qui se font en bas, les cris de leur admiration ont éveillé jadis tous les échos du monde chrétien. Tout ce qu’il y avait de grand sur la terre se donnait rendez-vous dans la Vallée-Verte, et ces illustres pèlerins, qui avaient obtenu quelques mots tombés des lèvres du solitaire, s’en allaient, chargés de leur trésor, et méditaient, pendant le reste de leur vie, les paroles rares et brèves qui leur avaient été dites.

Les discours de Rusbrock, ses cris et ses désirs ressemblent aussi à des pèlerins qui se donneraient rendez-vous dans la solitude où Dieu vit et règne. Ce ne sont pas des créatures posées et arrêtées ; ce sont des créatures errantes et cherchantes.

Ce sont les pèlerins du grand sanctuaire ; et quand ils arrivent au rendez-vous, ils tombent à genoux, sans parler. Pendant la route, ils étaient encore capables de se traîner et de balbutier ; mais quand ils arrivent là où ils allaient, accablés par la volupté de l’impuissance où l’adoration les réduit, ils se précipitent ensemble dans un très grand silence et dans un très grand sanglot.


Aujourd’hui, plus que jamais, les âmes ont faim et soif. J’ai trouvé, au pays de Rusbrock, ce pain et ce vin, et j’ai essayé de le porter en France ; priez pour celui qui vous l’offre en ce moment.

Ernest Hello.

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