Rusbrock l'Admirable (œuvres choisies)
LE COMBAT
(SUITE)
Quand notre esprit et l’amour se sont rencontrés, nos forces les plus hautes ne sont plus capables d’être maintenues par nous en nous. La clarté incompréhensible de Dieu et un amour immense qui domine l’esprit, a touché nos forces sensitives. C’est pourquoi notre âme, encore invitée à l’action, se dresse avec un désir plus haut et plus profond que tout à l’heure. Mais plus l’avidité est intérieure et sublime, plus rapidement elle se consume et s’épuise dans l’acte de l’amour ; on dirait qu’elle va mourir, et la voilà qui s’enflamme pour un embrassement nouveau. J’appelle ceci la vie éternelle. L’esprit avide et affamé s’élance vers Dieu, comme pour le dévorer. Mais c’est lui qui entre dans la bouche béante de l’Infini, et, vaincu dans celle bataille, il s’envole au-dessus d’elle pour s’unir au vainqueur. Car les forces suprêmes s’embrassent dans l’unité de l’esprit.
Ici l’amour est dans son essence, plus haute que son exercice. Voici la source d’où la charité coule avec toutes les vertus. L’âme sort d’elle-même, se répandant sur le monde, armée de la charité et de toutes les vertus ; elle rentre en elle-même, avide de goûter Dieu, fidèle dans les deux mouvements à la simplicité de l’amour.
Tu vois cependant que tout ceci se passe dans un domaine inférieur à la Divinité elle-même ; c’est l’exercice le plus profond qui soit au monde. Mais la contemplation pure a des montagnes plus hautes.