Rusbrock l'Admirable (œuvres choisies)
PRÉFACE DE SURIUS
Voici, lecteur chrétien, un homme sacré, que la bouche de Dieu a instruit lui-même d’une science excellente. Il n’a pas écrit un mot qui ne soit une œuvre de salut. Son souffle est un souffle divin, une respiration céleste, et il te suffira de lire pour être convaincu que rien d’humain n’est venu ici : c’est Dieu seul qui a parlé. Si je t’invite à cette sublime lecture, c’est uniquement pour ton salut ; je n’ai pas d’autre intention. Si tu penses à ton salut, comme un chrétien doit le faire, tu ouvriras de grands bras pour recevoir les œuvres de cet homme, et jamais, ta vie durant, tu ne les déposeras à terre. Si tu trouves ta joie dans cette lecture, le fruit sera pour loi immense et certain. Ou bien tu es encore esclave, les pieds liés par tes vices, ou bien, déjà converti, tu embrasses une vie meilleure ; ou bien tu marches à pas de géant dans la grande voie des vertus et de l’amour, ou bien, infiniment éloigné des troubles de la terre, tu goûtes, dans la profondeur de la paix, les délices de la contemplation divine. Dans ces quatre suppositions, Rusbrock te sera d’un secours immense : ou il te réveillera de ton sommeil vicieux, ou il enflammera ta course ardente ; ou il te montrera la route de la perfection la plus sûre et la plus courte, ou il indiquera à ta grandeur et à ta sublimité le moyen de grandir et de s’élever encore.
Personne n’est assez abandonné, assez maudit, pour lire Rusbrock et ne pas sentir l’aiguillon du salut le piquer au fond de l’âme. Personne n’est assez sublime pour ne pas trouver dans Rusbrock le secret d’une sublimité plus haute.
Je ne crois pas qu’il y ait un homme qui puisse approcher ces pages magnifiques et simples sans un extraordinaire et singulier profit. Que personne, pour ne pas lire ce livre, ne s’excuse sur la sublimité inaccessible de Rusbrock.
Le grand homme s’est accommodé à tout, et l’âme la plus perdue qui soit au monde peut retrouver, en le lisant, la route du salut. Rusbrock a des traits qui ne partent pas de la main de l’homme, mais de la main de Dieu, et qui s’enfoncent très profondément dans l’âme du lecteur et du pécheur.
Innocent lecteur, lecteur à la robe blanche, Rusbrock est à la fois très humble et très élevé. Dans la description des Noces spirituelles, il surpasse l’admiration, il surpasse la louange : tout le commencement, tout le progrès, toute la hauteur, toute la perfection transcendante de la vie spirituelle est là.
Le livre de la Contemplation ne ressemble pas tant à l’œuvre d’un homme qu’à l’extase d’un séraphin. C’est le transport de l’amour divin. Très souvent, dans ce merveilleux ouvrage, Rusbrock s’exprime en vers. Ces vers sont admirables pour le lecteur allemand. Mais moi, Surius, j’ai renoncé à les traduire en vers latins ; mon latin a bien peu de grâce auprès du texte de Rusbrock. Très souvent, dans ses vers, Rusbrock est obscur. Quand je ne comprends pas, je ne me risque pas à ajouter un mot qui vienne de moi. J’espère que le lecteur ne dira pas une seule fois : Le traducteur a épargné sa peine. Les deux Cantiques de Rusbrock, que j’ai publiés ici, sont sublimes, et ont le goût du Ciel.
Il me reste à te supplier, lecteur, quand tu trouveras un mot que tu ne comprendras pas, de ne pas t’irriter, de ne pas rejeter, mais de confier la chose au Saint-Esprit car c’est lui qui a dicté ; Rusbrock n’a fait que tenir la plume.
De nombreux témoins ont attesté cette assistance du Saint-Esprit. Je ne veux citer pour le moment que Denys le Chartreux, théologien d’une immense science religieuse, religieux d’une pureté sublime.
Lisez, lisez ce livre. Lisez, ne craignez rien : vous trouverez un trésor incomparable, auprès duquel les richesses de Crésus ne comptent pas. Ne vous choquez pas, si ma traduction est d’une extrême simplicité ; j’aurais eu peur d’orner mon style.
J’ai eu entre les mains un grand nombre d’exemplaires. Beaucoup d’entre eux sont infidèles et trahissent la pensée de Rusbrock ; mais j’ai discerné et choisi le texte non falsifié, la parole pure de Rusbrock.
Adieu, lecteur, porte-toi bien, et prie pour moi Jésus-Christ.
SURIUS.