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Rusbrock l'Admirable (œuvres choisies)

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LIVRE DEUXIÈME
DE L’ANCIEN TESTAMENT

AARON ET ITHAMAR

Parlons un peu d’Ithamar, fils d’Aaron, le pontife, d’Ithamar qui reçut les offrandes librement données, et les distribua aux ouvriers chargés de construire le tabernacle de Dieu. Traduit en latin, le nom d’Aaron signifie la montagne de la puissance. Il exprime cette hauteur suprême de l’âme où Dieu règne. Venez, dit le prophète Isaïe, gravissons la montagne du Seigneur ; allons vers la maison du Dieu de Jacob.

Or Jacob signifie supplantateur.

Celui qui a gravi la montagne de la puissance remplace, surpasse et écrase tout.

Et il nous instruira de ses voies, ajoute Isaïe.

Ses voies sont ses commandements.

C’est pourquoi la loi sortira de la montagne de Sion.

Sion signifie spéculation de toute vérité et contemplation de toute justice.

Et le Verbe du Seigneur sortira de Jérusalem.

Jérusalem veut dire la montagne elle-même et la vision de la paix.

Aaron est la montagne inexpugnable de la puissance. Voilà pourquoi il eut pour fils Ithamar, qui signifie la liberté surnaturelle.

Traduit d’hébreu en latin, Ithamar veut dire : le palmier de l’île. Le mot latin palma signifie ou l’arbre ou son fruit, ou la victoire ou la paume de la main ouverte. En effet, le sommet de notre esprit, uni à l’esprit de Dieu, est une montagne dans une île ; l’île est entourée par un océan immense de la Divinité, et tous les fleuves qui coulent de l’Homme-Dieu se jettent dans cette mer. Dans cette île naît Ithamar, la liberté, la palme toujours verte ; née au sommet d’un arbre sublime, elle trouve dans sa hauteur son éternelle jeunesse ; inviolable aux foudres et aux tempêtes, elle est inaccessible aux froideurs de la terre, et l’infidélité des créatures ne peut rien contre elle. La maturité des fruits du palmier est beaucoup plus prompte en Syrie et en Égypte que partout ailleurs.

En hébreu, Syrie veut dire autel ou sublimité.

Égypte veut dire angoisse, ténèbres, tristesse.

Quand nous montons sur l’autel de la montagne, nous offrant en sacrifice dans la joie de la hauteur, nous voyons dans la liberté le palmier grandi, et ses fruits mûrs parmi les splendeurs de la Syrie.

Si, au contraire, l’acte s’accomplit dans les pesanteurs de la nature et dans les fatigues de l’esprit, c’est le palmier qui croît laborieusement parmi les ténèbres, les angoisses et les tristesses de l’Égypte.

La liberté est le signe et la condition de la victoire. Nos ennemis vaincus, nous goûtons sans peur les fruits du palmier. Le palmier ne porte qu’un fruit. Notre liberté est un vase unique qui reçoit d’en bas toutes nos vertus ; d’en haut, toutes les largesses de Dieu.

Tous les biens sont dans cette corbeille. Notre liberté est immense dans son fond ; car elle a ses racines dans la liberté de Dieu, c’est-à-dire dans son unité.

C’est des sources riches et profondes de cette liberté que toutes nos puissances tirent la force de faire le bien. Tout coule du même principe. Sans la liberté, le mérite ne serait pas. C’est elle qui recueille, comme Ithamar, toutes les offrandes destinées à la construction du temple.

Ithamar, traduit en latin, signifierait encore la paume d’une main ouverte. Or la main ouverte est la chose qui donne largement, qui donne toujours et ne retient jamais. C’est pourquoi le Seigneur a préposé Ithamar, fils d’Aaron, la libéralité qui vient de la puissance, à la garde de ses trésors.

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