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Rusbrock l'Admirable (œuvres choisies)

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LE DON DU CONSEIL

Le don de conseil est un certain attrait du Père, un certain attouchement. Cet attrait donne à l’âme une noblesse surnaturelle. Elle ne sait ce qu’elle éprouve ; elle ne comprend pas ce qu’elle sent. Elle désire comprendre ; mais plus elle cherche, plus elle ignore. C’est une impression spéciale et particulière : appelée par l’immense désir, et consommée par Dieu sur les sommets de l’âme. C’est une étincelle suspendue par la main de Dieu, sur la cime de l’esprit. En tant qu’elle est créature, cette flamme peut être saisie et sentie ; mais en tant qu’elle est divine, elle échappe à celui qu’elle touche, et produit le désir impatient. En cet état l’âme persiste dans l’unité, quant à sa hauteur propre ; mais elle se précipite au dehors pour agir. Elle n’embrasse pas Dieu ; car elle a une manière d’agir d’où la mesure n’est pas bannie. Elle a des lumières, des amours et des opérations de créature. C’est pourquoi elle agit et travaille et combat magnifiquement. Mais comme elle sent que l’ennemi est invincible, et que Dieu ne sera pas embrassé, elle promène sur le royaume de l’esprit un sublime regard, le regard du souvenir, cherchant ce qu’il faut corriger, modifier, ordonner. Elle envoie deux messagères dans ce royaume, la sagesse et l’agilité ; celles-ci se lancent poussées par le doigt du Père et par la folie sacrée de l’âme. L’agilité se hâte, conformément à sa nature, et aux ordres du Seigneur, et au feu brûlant du contact divin. La raison, servante de la sagesse, explore et considère. Cependant elles marchent ensemble, ordonnent et gouvernent. Elles trouvent une grande absence de vertus, un grand espace vide, sans excellence et sans justice. La raison voit bien le mal, mais ne trouve pas le remède. C’est pourquoi les deux messagères reviennent à la source de l’unité, ouvrent leur cœur au sublime amour et se plaignent à lui ; il est temps de goûter Dieu ; car elles languissent et brûlent.

Sur le rapport qui lui est fait, l’amour, instruit de la misère qui règne dans le royaume, envoie ces deux filles au secours de ceux qui souffrent. Ce sont la miséricorde et la magnificence ; la sagesse est leur compagne ; l’agilité est leur servante. La sagesse ordonne tout, suivant la lumière et la justice. Mais l’amour jette les grâces à pleines mains, et sa sublime pitié tombe sur toute misère, et les pauvres et les indigents du royaume de l’esprit reçoivent les dons de la magnificence, et le royaume rentre dans la possession glorieuse de l’unité. Bienheureux les miséricordieux, parce qu’ils obtiendront miséricorde.

La miséricorde et le don de conseil sont unis. Ceux qui le possèdent font l’aumône à toutes les créatures, et, après avoir répandu la miséricorde sur toute douleur et toute souffrance, ils poursuivent la miséricorde elle-même dans le sein de Dieu ; ils la poursuivent dans l’unité, jusqu’à ce que les forces leur manquent pour s’enfoncer plus avant.

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