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Rusbrock l'Admirable (œuvres choisies)

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QUELQUES DÉTAILS SUR LE RENDEZ-VOUS
TROISIÈME ACTION

Les deux premières actions produisent la troisième, qui est la vie intérieure exerçant la justice. Dieu, venant au rendez-vous avec ou sans intermédiaire, exige de nous deux choses : activité, jouissance. Ces deux forces, loin de se gêner, se confirment et se corroborent. Dans l’activité et dans la paix consiste la vie de l’homme intérieur ; il est tout entier dans l’une, et tout entier dans l’autre, indivisiblement. Tout entier en Dieu, il jouit de la paix profonde ; tout entier en lui-même, il produit toutes les actions de l’amour. Dieu lui ordonne de renouveler constamment ces deux mouvements de vie : et la justice l’engage à donner ce que Dieu demande. A chaque irradiation divine l’esprit répond par un mouvement plein d’activité et plein de jouissance. Et toutes ces vertus actives prennent dans ce mouvement une seconde naissance, et l’abîme de la paix prend dans le même mouvement une nouvelle profondeur. Par le même acte Dieu donne ses trésors et se donne lui-même ; par le même acte l’esprit fait oblation de toute sa vie extérieure et de toute sa substance. Par irradiation de Dieu pour la jouissance de l’homme, l’esprit fondu d’amour s’écoule dans le Seigneur, et le ravissement le transforme en joie. L’intelligence et la sagesse impriment sur lui leur touche active ; il est illuminé, embrasé. Mais il meurt de faim, il brûle de soif, car le pain des anges est devant lui. Il travaille, parce qu’il est en vue du repos. L’exilé contemple sa patrie. Il voit, au fort de la mêlée, la couronne du vainqueur. La consolation, la paix, la joie, la splendeur et l’abondance, toute splendeur, toute lumière dépourvue de nombre et de mesure ; tout cela est à la portée de ses regards. La béatitude lui est montrée sous des espèces spirituelles. Le doigt de Dieu, montrant le bonheur, entretient l’amour au milieu de l’activité humaine. Le juste, qui a fondé sa vie sur la paix et sur l’action, élève un monument éternel ; cependant, après cette vie, il sera ravi vers de plus hautes sublimités. Il s’approche de Dieu, armé d’un amour intime et d’une action continuelle. Il se plonge en Dieu, armé d’une jouissance sans remords et sans peur. Plongé en Dieu, il se donne à toutes les créatures, plein d’activité, de vertu, de justice et d’amour universel. Quiconque n’unit pas dans sa vie la paix et l’activité ne connaît pas la justice ; quiconque unit le repos et l’activité est en sûreté. Le juste est semblable à un miroir à deux faces, recevant deux sortes d’images. En haut, il reçoit Dieu et les dons de Dieu ; en bas, les images et les espèces des objets. Celui-là peut rentrer en lui-même et se livrer hardiment aux devoirs de la justice.

Mais l’homme, en cette vie, est bien loin d’être immuable. Il sort de lui-même sans nécessité, et se livre très souvent aux choses du dehors, appelé par les sens, et non conduit par la lumière. Il tombe ainsi dans le péché véniel. Or le péché véniel dans la vie d’un contemplateur, c’est une goutte d’eau froide dans une fournaise ardente.

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