Rusbrock l'Admirable (œuvres choisies)
L’ADMIRATION
La richesse incompréhensible, la sublimité, la communication libérale et coulante que Dieu a et que Dieu fait ravissent le contemplateur dans le lieu de l’admiration. L’admirateur va surtout vers les courants d’en haut, ces effluves qui tombent de Dieu. Il réfléchit profondément sur l’incompréhensibilité de l’Essence divine ; jouissance commune de Dieu et des saints, et sur l’opération immense des personnes divines agissant dans la grâce, dans la gloire, dans la nature et au-dessus, en tout lieu et en tout temps, dans les saints et dans tous les hommes, au ciel et sur la terre, dans tous les êtres raisonnables ou irraisonnables, dans l’esprit et dans la matière, suivant le besoin, la capacité et la dignité de chaque créature. Il contemple le ciel, la terre, le soleil, la lune, les éléments, toutes créatures, les mouvements du ciel, le patrimoine commun des vivants.
Tout cela se donne, Dieu se donne, les anges se donnent. L’âme raisonnable appartient à tout le corps, à tous les membres du corps. Elle est là, partout tout entière. Elle ne peut être divisée que par hypothèses. Les puissances supérieures et les puissances intérieures de l’homme, si prodigieusement distantes, si la raison les regarde, constituent pourtant le même homme dans l’unité duquel sont unis l’âme et le corps. Dieu est dans tous et dans chacun. Tout par lui, tout en lui, tout de lui, le ciel, la terre et toute la nature. Pendant que la réflexion intérieure et profonde se promène sur l’excellence de la nature divine, sur les éblouissants trésors de Dieu, et sur sa magnificence, l’admiration grandit dans le contemplateur, et il arrive à la stupeur, à cause de la sublimité et de la fidélité immense. Avec la foi et l’espérance, émerge du fond de l’homme la joie singulière. Or cette joie pénètre et embrasse, avec toutes les puissances de l’âme, l’unité même de l’Esprit.