L'avision de Christine
Piteuses paroles de la dame couronnee & recors de la sainte escripture.
O doulce amie et ma chiere nourrie/ et quant je sçay que dieux est juste ne dois je penser que a tous jours pas ne dissimulera la paye de sa droiture/ ne fait il grace quant la convercion qui trop retarde attent sa misericorde mais sicomme naturellement la mere amoureuse de sa porteure non obstant vices qu’elle y voye ne met en oubli l’amour maternelle redoubte par desserte veoir la ruyne de ses filz/ ainsi souspirant et lacrimeuse crainte et paour en freour me tient de soubdaine vengence. Helas n’ay je cause de penser la figure de ma ruyne en ce qu’il est escript ou .xv.e chapitre du livre des roys/ que comme dieu de loy divine repreuve ceste dicte vicieuse gueppe/ sicomme son contraire pour ycelle et a sa cause debouta saül roy que elle avoit aluché/ lors que il l’ot envoyé en bataille contre le roy de amalech si lui avoit deffendu que homme ne prensist a rençon mais tout meist a l’espee comme orribles pecheurs et de dieu reprouvez ne vouloit plus sa vie/ ne des despoulles retenist aucune chose/ mais comme saül mieulx amast obeyr a ceste desloyale sancsue qui lui commandoit le contraire que au commendement de dieu n’en fist riens Ains se volt engraissier des faulces pastures de dieu vees/ et espargna le dit reprouvé roy/ pour la quelle chose dieu appella samuel le prophete disant Je me repens d’avoir ordené sus mon peuple Saül roy Dont comme le dit prophete reprensist Saül d’ycelle forfaicture/ se volt excuser disant que les despoulles que faites avoit/ c’estoit en entencion de a dieu les sacriffier/ de la quel chose respondi le prophete/ mieulx vault obedience que sacrefice/ et pour tant que par croire l’amonicion de la rapineuse as desobei/ Tu seras debouté de ton royaume et adont le prophete le depposa et en oygny david a roy/ Ha chiere amie et dois je penser que dieu dorme ne voy je le temps que contre ses commandemens sont espargnees ses justices sur les mauvais de droit divin condampnez a punicion/ mais qu’ilz ayent pasture pour ficher en la quelle de la faulse adont tout est accoisie/ Mais voir est qu’ilz s’escusent d’aucune faulse couleur de bonté faisant leur malefice/ vois tu tout commandement de loy mis arriere pour elle paistre et nourrir sans nulle espargne/ Que diray je donques se je n’ay paour que dieu soit muable qui ne peut estre/ & s’il ne l’est pour quoy ne me touche ceste figure par semblable cas n’en voye les aprestes/ Car bien est fol cil qui mal fait & bien espoire/ ne sont les estranges aussi aptes a recevoir nouvelles proyes comme ilz souloient/ Et tout ainsi comme cellui qui se sent coulpable ne vid sans la runge de conscience/ le rent paoureux la paour de punicion ne de lui ne depart.
¶ Ancore a ce propos des malefices de ceste dampnee ne parla donques a moy jhesucrist en la parabole de la vigne sicomme il dist en l’euvangile des faulx coultiveurs lesquieulx comme ilz fussent de la maisgnie de ceste doulereuse par envie d’avoir l’eritage n’occirent il les loyaulx messages justement demandeurs des exfruis & comme ceste felonnie engrigiast semblablement/ ne espargnerent leurs glaives le droit heritier/ mais comme la sentence divine les despoulliast pour yceulx crimes de toute possession/ et en revetist estranges cultiveurs les miens cheus en la meismes fosse ne dois je doubter la meismes sentence/ Car comme le souverain maistre establi les eust coultiveurs de ma vigne pour bon compte en avoir/ n’ont ilz occis les messages demandeurs des exfruis/ c’est assavoir les causes de mon exaltacion/ et qui plus est/ le droit heritier c’est le loz de grace qui tous jours jusques a ore m’a possedee/ mais tout ainsi que la femme ançainte la quelle non obstant le desir de veoir le fruit de son ventre hors de soy a sauveté resongne la douleur du temps de l’enfantement/ pareillement non obstant la joye de l’esperance du bon reppareur avenir/ que dieu m’a promis/ je resongne le mal par ou couvient que je passe ains que je y aviengne.