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L'avision de Christine

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Ancore de ce mesmes.

Dont entre yceulx .vii. sages thales tant seulement specula la nature des choses/ et ses disputacions et les raisons qu’il fist il envoya par lettres en diverses contrees la quelle chose nul des autres ne fist pour ce fu il entr’eulx appellé prince de leur philosophie Les raisons qui murent Chales a dire ce qu’il disoit estoit qu’il veoit le nourrissement de toutes choses estre moisteur/ et par .iii. signes prouvoit son propos le premier est ce qui est dit c’est assavoir que toutes choses vivans par moisteur sont nourries/ mais ce disoit il comme ce soit une semblable chose de quoy les choses sont & a quoy elles viennent/ Et ainsi humeur semble estre le principe des essences des choses/ le second signe est que comme l’essence de toutes choses vivans tres grandement soit conservee et gardee par sa propre et naturelle chaleur/ Toutefoiz la chaleur semble faite et nourrie de humeur Car humeur est aussi comme nourrissement et matiere a chaleur/ il appert et s’ensuit que humeur soit principe des choses.

¶ Le tiers signe comme la vie de tous les animaulx soit gardee en humeur/ car par le deffault de naturelle humeur chacun animal meurt/ et par la conservacion d’elle chacun animal vit/ par quoy comme vivre soit estre aux choses qui ont vie comme il fu dit devant il appert qu’il s’ensuive que humeur soit principe des essences des choses/ & ces .ii. signes deppendent l’un de l’autre Aussi il prent signe par la generacion des choses/ Car ce dit il comme toutes generacions par especial des choses qui ont vie/ lesquelles sont tres nobles et parfaictes sur toutes autres choses soient faites de semences/ lesquelles semences ont escailles sont de nature moiste sicomme chacun scet/ il appert ce dist il humeur estre princippe des generacions des choses Cestui Chales estoit induit a ceste oppinion par l’auctorité des anciens/ car comme aucuns poetes theologisans/ eussent esté ancore plus anciens de lui Et yceulx eussent tele oppinion de nature/ c’est assavoir que l’eaue fust principe des choses/ yceulx peut estre pour l’ancienneté d’eulx thales si ensuivi.

¶ Si est cy a savoir que comme les premiers en grece renommez de sciences fussent appellez poetes theologisans/ ainsi diz poetes Car de ce qu’ilz disoient ilz formoient dictiez & parloient faintement/ theologisans aussi qu’ilz parloient des dieux et des choses divines/ les premiers et les plus principaulx renommez d’iceulx furent .iii. c’est assavoir orpheus et son disciple museus/ et linius de thebes qui fu maistre de hercules/ Et ces .iii. furent ou temps des juges qui regnoient ou peuple de israel environ. .v.c .xxvii. ans/ avant que chales fust/ environ .xliii. ans avant que theseus le roy d’athenes ravist helayne la fille au roy de thebes environ .lxxxviii. ans ains que troye fust destruite/ Et de tous yceulx .iii. orpheus fu le plus sollempnel/ Et cestui fu cellui dont les poetes parlent qu’il ala en enfer querir erudice sa femme la quelle le serpent avoit pointe en fuyant par le pré quant euristus le frere orpheus la vouloit violer la quelle fable a bon entendement moral peut estre entendue Sicomme fulgence ou livre des natures des dieux tres clerement l’expose/ De cestui orpheus aussi parle boece ou .iii.e de sa consolacion a la fin et ovide en methamorphoseos ou .x.e/ Cestui orpheus aussi a parler proprement sanz nulle ficcion si que boece recite en sa musique estoit tres bon cithariste C’est a dire tant melodieusement faisoit sons en la harpe/ que par les proporcions des acors tant a point ordenez il garissoit de plusieurs maladies/ et les tristes faisoit estre joyeus.

¶ Ces .iii. poetes dis par maniere de fictions & de paroles transumptives parlans des choses de nature disoient que occean c’est a dire la mer ou l’abeisme ou a tres grant inundacion d’eaues/ Et thetis qu’ilz disoient la deesse de humeur sont parens de generacion/ Et par ce dist il comme par singuliere similitude ilz donnoient entendre que eaue fust le principe de la generacion des choses/ Encore ceste sentence par autre fabuleuse narracion ilz couvroient disant que le sacrement et le serment des dieux estoit par l’eaue qu’il appellent stix/ La quelle est un fleuve d’enfer/ Et par ce que ilz disoient les dieux faire leurs sacremens & leurs sermens de l’eaue pour ce que sacrement se fait tous jours par ce qui est plus digne/ Car le parfaict precede l’imparfaict de nature et de temps ilz se donnoient a entendre que l’eaue fust plus honorable et plus digne des dieux/ Et dont comme il appere qu’ilz cuidassent l’eaue premiere et plus ancienne des dieux/ lesquieulx dieux peut estre ilz entendoient estre les corps du ciel ou autres corps sensibles/ Car ancore des choses sepparees n’avoient cognoissance/ Il dit que nulle plus ancienne oppinion de ceste n’a esté es choses de nature/ La quelle soit cogneue/ meismement ancore ceste oppinion a esté nagaires d’aucuns renouvellee/ non pas qu’ilz deissent l’eaue plus noble ne si noble que dieu comme yceulx premiers firent/ mais sans ficcion aucune ilz la disoient & affermoient estre premiere & aussi la derreniere des choses de ce monde/ car meismes ilz la mettent premiere que le ciel/ Car la premiere espere/ c’est assavoir une que ilz ymaginent comprendre La .ix.e ilz la mettent estre eaue Sicomme plus plainement frere rogier bacon le recite en son livre du ciel ou .xii.e chapitre/ Et peut estre a ce ilz se mouvoient cuidans les vieulx poetes accorder avecques eulx/ ou peut estre pour les diz des philosophes nommans en plusieurs lieux les eaues sur le ciel/ Toutefoiz tant yceulx philosophes que aussi les poetes en tant comme a bon sens se puissent ramener au moins le plus des choses en enveloppement et soubz ombre parlerent non les nouveaulx mais yceulx anciens en tant que des sciences les portes vous ouvrirent vous les devez excuser amer et supporter.

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