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L'avision de Christine

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Instruit philosophie a despriser les biens mondains.

Et de ce que entre vous tant amez les assemblemens des richeces/ & tant vous traveillez pour ycelles m’en tairay je dont non feray Car combien que par aventure petit penetreront mes parolles es courages obstinez/ non pourtant viennent avant les notables au propos de leur vitupere/ lesquieulx le dit boece nostre amé recite en son livre de reconfort/ et les approuvons par l’escripture sainte en la maniere encommenciee/ et avisez quelle introite d’ycelles/ veulx tu dist il assembler peccune il couvient que tu la soubtrayes a qui que soit veulx tu avoir dignetez tu seras ou desdaing des envieux/ veulx tu surmonter les autres/ tu seras en peril de hayneux/ se tu montes en poissance/ la paour de decheoir ne te laira point/ veulx tu renommee avoir il te couvendra moult souffrir veulx tu delices/ tous ceulx te despriseront qui serf te verront a tes aises/ Et pour ce peus notter que ces voies ne font pas l’omme riche C’est a savoir assouvy.

¶ Escoute ancore ces propres parolles/ certes dist il les richeces n’estaignent pas l’avarice que l’en ne peut saouler/ ne la poissance ne fait estre seur cellui qui de lians est enchaennez/ Et quant povoir vient aux mauvais il ne les fait pas bons mais descueuvre et monstre leur mauvaistie dont veu ce que vous avez joye de mettre voz cures a choses qui autre sont que vous ne les nommez & que l’en peut assez reprendre pour ce que elles ne sont ne vrayes poissances ne vrayes dignitez/ Je puis conclurre de toute fortune que il n’y a chose qui a desirer face ne qui naturellement soit bonne quant tous jours elle ne se joint pas aux bons & que a ceulx a qui elle se joint elle n’est pas bonne.

¶ Et assez s’acorde a ceste sentence aristote quant ou livre de bonne et de male fortune dit que la ou est le plus grant engin et entendement n’est mie tous jours la meilleur fortune/ Et souvent avient que la ou fortune est plus propice n’est mie le plus grant entendement.

¶ Et ce est contre les arrogans qui presument d’eulx/ Et cuident que quant fortune leur est propice que ce soit pour leur grant savoir ou value/ mais comme l’experience du contraire nous soit magnifeste veons le plus des bons et de cler engin mal fortunez es biens mondains/ Et pource est voir le proverbe des lombars qui dit/ a fol aventureux n’a lieu sens/ mais dit boece que plus prouffite la male fortune que la bonne Car la bonne fait semblant de beneurté/ Et ainsi elle ment comme en ses biens n’ait beneurté/ Et la mauvaise est vraye en ce que elle monstre par soy changier que elle n’a point d’estat seur/ La bonne donques deçoipt & la mauvaise fait sage par l’usage de tribulacion/ Et certes Comme il dit les richesces ont donné nom a maint mauvais & sanz vertu/ Et pour ce cuident yceulx que il ne soit autre bien ne plus digne chose que avoir tresors pierres precieuses et grans seignouries/ O viles dignetez et poissances du monde que entre vous exaussiez jusques au ciel et ne savez qu’est povoir & vraye digneté/ & se mauvais vous a/ onques grant elevacion d’eaues ou de flames plus ne dalmagierent.

¶ Helas homme/ et se tu regardes ton corps/ tu ne trouveras pas plus foible chose/ Car le mors de un chien ou une mouche/ se elle entre dedens toy t’occist aucune foiz/ et de quoy peus tu qui tant te orgueillis avoir povoir sus autre/ ce n’est ou corps & es choses de fortune/ mais a force le cuer qui est franc & fort par le conduit de raison n’est mie en toy de mouvoir.

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