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L'avision de Christine

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Conclusion des choses susdites & ancore de ce.

N’avons nous mie assez prouvé qu’en richeces et honneurs mondains n’est pas felicité/ donques nous couvient tendre a la trouver/ mais comme en ce monde ne peut estre trouvee/ ancore treant a nostre propos dire nous en couvient/ si appert assez estre vray ce que dit boece/ Les choses n’ont pas honneur selons elles/ mais selons l’extimacion & opinion des gens qui le donnent et rostent comme il leur plaist/ Et donques puis que injustement se pevent tieulz honneurs donner je conclus que elles sont villes O donques vaine gloire/ ce dist il respandue en multitude de gens/ tu n’es autre chose fors enfleure d’oreilles/ Car on voit souvent louer par faulse oppinion de peuple ceulx qui n’ont mie en eulx le bien que on y dit/ Et ce ne peut estre sanz leur grant honte quant ilz sentent que ce leur fault dont ilz sont louez/ Et se il est ainsi que preudomme doye estre loué pour sa vertu/ que lui chaut quant il ne quiert pas la faveur du peuple/ mais la bonté de sa conscience/ Et se on tient belle chose avoir renommee/ aussi doit on tenir a laide qui ne l’a.

¶ Que diray je dist il des delices du corps quant on les quiert il donnent grant traveil/ quant on les a ilz tournent a ennuy/ quant on les a eues ilz engendrent enfermetez & tele est la paye de ceulx qui leur fin y mettent// Or est donques ainsi/ ce dist il que richeces honneurs/ royaumes/ seigneuries forces beautez et poissances ne donnent pas de felicité/ Car riens digne n’est de estre appellé felix comme dit est devant se il n’est perpetuel/ et comme teles choses ne le soient n’est pas cellui felix qui les a/ mais voy cy que il dit apres/ veulz tu savoir dist il la vraye felicité qui repaist l’ame et donne souffisance/ Or tourne ta force d’autre part/ si verras celle qui donne poissance gloire renommee & delit tout ensemble/ & ce est dieu autre chose ne l’est Sicomme ou dit livre de boece je prouvay par sa bouche/ et les fleurs de ycellui je ay cueillies et appliquees ycy a ton propos pour faire d’une sorte un gracieux chappel avec les dis des sains docteurs pour ton livre/ a la fin comme victorieux couronner/ Or viengnent les roses de la sainte escripture avec noz violettes et frappons ancore contre les arrogans du monde.

¶ Tu ce dit saint augustin qui tant aimes le monde pour quel loyer guerriez vous/ n’est ce pas vostre plus grant esperance que vous puissiés estre amis du monde. helas et quel bien est cestui au quel on ne peut venir fors par grans inconveniens. homme homme laissez perir toutes ces vanitez/ et te convertis a la seule inquisicion qui a gloire et n’a fin/ & qui est ce/ ce est seul dieu.

¶ Helas ce dist il ancore en une epistre/ ce monde ci plus est perilleux quant il se monstre souef/ que quant il se monstre moleste/ & plus a eschever quant plus attrait a soy amer.

¶ De ce meismes ancore dit sur l’epistre saint jehan le monde dist il est plain de tribulacions et voy cy comment chacun l’aime/ que seroit ce se il estoit paisible/ s’il estoit bel comment t’y appuyeras tu quant si lait & tant conturbez si fort l’embraces/ Et quant des espines ne peus retraire ta main/ bien cueilleroies des fleurs se elles y estoient.

¶ A ce propos dit saint gregoire en une omelie/ veez cy dist il le monde qui est en soy tout seq/ Et toutevoyes ancore flourist il en noz cuers par tout mort/ par tout plain de plour/ et par tout en desolacion/ nous sommes de tous costez ferus/ nous sommes de tous lez remplis de amertume/ Et toutevoyes de nostre avugle charnelle pensee et concupiscence nous aimons ces amertumes nous les suivons fuyant nous nous espinons a lui trebuchant/ et pourtant que il trebuche nous ne nous povons tenir avec lui sanz tresbucher.

¶ Mais dit saint bernard en un sermon/ A qui jhesucrist prent a sembler doulx/ c’est neccessité que lui semble le monde amer.

¶ Encore dist il sur quantiques/ ce monde est tout plain d’espines ilz sont en terre ilz sont en ta char/ & converser entre ces espines & n’y estre point blecié c’est de vertu divine et non pas de nostre fragilité.

¶ Mais de ce dit saint gregoire es morales ou .xxiii.e a ses esleuez qui vont a lui/ nostre seigneur a fait le chemin aspre a celle fin que tant ne leur plaise le repos de ceste vie en fourme de la doulceur du chemin que ilz ne se delitent plus a cheminer longuement que a tost venir au terme de leur repos/ & que tant ne leur plaise la voye que ilz en oublient leur propre pays/ C’est le ciel. Mais voy cy que il dit apres les cuers de esleus dist il qui attendent les joyes de paradis prennent cuer et force es adversitez Car de tant que croist plus la bataille de tant attendent ilz plus glorieuse victoire/ les desirs des esleus si prouffitent tant que ilz sont ainsi affermez es tribulacions comme le feu ardant que le vent rabat la flame/ et toutevoye le fait plus croistre et combien que il semble que estaindre le doye il le enforcist.

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