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L'avision de Christine

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Respont philosophie a cristine.

Quant ainsi je oz toutes mes raisons finees je me teus quoye/ adont la excellent deesse parla ainsi que se semblant feist de sousrire/ tout ainsi que fait un sage quant les raisons du simple lui sont presentes/ mais non pourtant mon ignorence ne me toli l’aisance de sa digne parolle/ qui ainsi me dist Certes amie a tes parolles cognoiz comment folle faveur te deçoit es jugemens de ton meismes estat/ O creature avuglee qui attribues a male fortune les dons de dieu et son propre galice dont il t’abeuvre/ Et pour quoy te plains tu par ingratitude des biens que as receus/ et certes moult est perverti l’estommac qui propice viande reçoit/ & la convertist dalmagiablement a sa nourriture/ Et ou est doncques le sens de ton entendement qui ne cognoist ce qui lui est prouffitable/ et que tu es deceue te prouveray par pratique de groz exemple tout ainsi comme l’expert medecin qui considere la faculté de la nature & compleccion de son pacient & selon sa force ou foiblece lui donne purgatoire et medicine/ ainsi useray en toy de regime tenue et legier pour la foiblece de l’estomac de ton entendement a qui choses pesantes et ponderans teles ou semblables que jadis donnay a mon amé boece sicomme en son livre as trouvé seroyent fortes a digerer et convertir a la sustentacion de ta neccessité/ Et pource comme exemples ruraulx soient aux simples cause de plus legierement comprendre les fourmes des choses par celle voye sus fondement de sainte escripture la plus seure/ te ramenray se je puis a vraye cognoiscence de ton tort. Belle amie par ce que comprendre puis en ton fait moult te plains et tiens mal contempt de fortune que tu dis estre et avoir esté ja lonc temps ennemie de ta prosperité/ & que tres lors que en france conduisi tes parens & toy avec eulx ourdi le las de tribulacion ou conduire te vouloit/ Et puis les autres aventures tu dis estre venues a ton grant grief aux quelles choses non a toutes particulierement/ Car n’en est besoing/ mais assez servira pour chacune ma general responce te monstreray ta vehemente folie & la descongnoissance qui te deçoit en ceste partie/ et te destourne d’aviser le vray de ton fait/ avises un pou en toy meismes les grans persecucions & mortieulx inconveniens qui ont puis esté & ancore sont comme il ne puisse estre en paix/ ou pays dont tu es nee/ et penses a certes se dieu te fist point grant grace non obstant que t’en plaignes de oster toy et les tiens de entre les flames de ceulx qui se bruslent/ cuides tu par ta foy que eschappee en fusses jusques au jour d’uy sans ta part avoir du mal/ ou sur toy/ ou le veant avoir a de tes amis Car meismes par de ça as tu plouré de tes charnelz qui s’en sont sentus/ mais apres je me ry de ta niceté qui attribues a la poissance de fortune la mort et trespas de creature humaine/ sicomme tu dis du roy Charles & de tes autres amis/ et ce qui est ou secret de dieu escript qui toutes choses dispose & gouverne a son bon plaisir/ C’est a savoir la fin et terme de vie humaine/ Il semble que vueilles appliquer a aventure/ quant tu dis que fortune t’en despoullia Tout ainsi comme se autre chose ne eust afaire fors soy occuper pour tes nuisances/ Et scez tu la cause qui te meut a tieulx ymaginacions/ c’est la trop grant faveur et tendreur que as a toy meismes & a l’aise de tes plaisirs qui te fait tout ce qui avient contre ce que vouldroyes attribuer au propos de ce que tu ymagines/ Car quant est de la mort du roy et aussi des autres dieu les avoit ordenez a ce terme pour le meilleur comme toutes choses ainsi le face/ & se le mieulx fust les laisser fait le eust Et des jugemens de dieu quoy que ilz vous semblent merveilleux n’est pas en vous deu discuter en hardies parolles/ car comme il soit tout sapient/ scet bien que il fait.

¶ Et des autres adversitez dont tu te plains resembles l’enfant trop mignot qui se deult du petit coup de la verge que son pere lui donne/ et ne scet cognoistre le bien que il lui fait/ ainsi certes te plains sanz cause Car ne scez adroit que sont tribulacions/ & en ce monstres que tu es femme tendre fresle et pou souffrant qui de pou se scent/ Et ce te prouveray je par raison cy apres.

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