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L'avision de Christine

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Le plaisir que christine prenoit a l’estude.

Or fu l’estat de mon vivre tresmué en autre disposicion/ mais non pas pour tant changié en mieulx ma malle fortune ains comme dolente du bien et solas de ma vie speculative et solitaire persevera sa malivolence non a ma personne seulement mais en despit de moy a de mes plus prochains la quelle chose je attribue au procés de mes adversitez. Et te diray comment par me tolir mes bons amis comme tous jours elle soit repunante a ma prosperité ne les a souffers longuement vivre. Il est voir que comme la voix courust ja et meismes entre les princes/ de l’ordre et maniere de mon vivre c’est a savoir a l’estude/ pour ce que revellé leur estoit non obstant celer le voulsisse leur fis present comme de nouvelle chose quelque petis et foibles que ilz soient de mes volumes de plusieurs matieres lesquieulx de leur grace comme princes benignes et tres humains les virent voulentiers & receurent a joye/ et plus comme je tiens pour la chose non usagee que femme escripse comme pieça ne avenist/ que pour digneté qui y soit/ et ainsi furent en peu de heure ventillez et portez mes dis livres en plusieurs pars et pays divers.

¶ Environ ce temps comme la fille du roy de france fust mariee au roy richart d’angleterre vint par de ça a celle cause/ un noble conte dit de salsbery/ et comme ycellui gracieux chevalier amast dictiez & lui meismes fust gracieux dicteur/ apres ce qu’il ot veu des miens dictiez tant me fist prier par plusieurs grans que je consenti tout le feisse je envis que l’ainsné de mes filz assez abille et bien chantant enfans de l’aage de .xiii. ans alast avec lui ou pays d’engleterre pour estre avec un sien filz auques de l’aage/ du quel dit conte comme il se portast tant bien & grandement de mon dit enfant et plus promettoit pour le temps avenir aux quelles choses croy que il n’eust failli/ comme il en eust la poissance/ vrayement les promesses que faites m’en avoit ne furent trouvees mençongieres/ mais ce bien ne volt pas celle souffrir longuement qui mains autres maulx m’a fais c’est a savoir male fortune qui non pas lonc temps apres procura la dure pestillence ou dit pays de angleterre contre le dit Roy Richart comme chacun scet/ pour la quelle cause apres pour sa grant loyauté vers son dit droit seigneur fu decollez a grant tort le dessus dit tresbon conte/ or fu failli le eur mondain du commencement de mon dit filz assez enfant en temps de grant pestilence hors de son pays/ par raison dot estre esbahi/ mais que avint il le roy henry qui ancore est qui s’atribua la couronne/ vit des dictiez et livres que je avoie ja plusieurs envoyez comme desireuse de lui faire plaisir au dit conte/ si lui vint a cognoiscence tout ce que il en estoit/ adont tres joyeusement prist mon enfant vers lui/ et tint chierement & en tres bon estat/ & de fait par .ii. de ses hayraulx notables hommes venus par de ça lencastre et faucon roys d’armes me manda moult a certes priant et promettant du bien largement que par de la je alasse/ et comme de ce je ne fusse en riens temptee considerant les choses comme elles estoient/ dissimulay tant que mon filz peusse avoir disant grant mercis/ & que bien a son command estoie/ et a brief parler tant fis a grant peine/ et de mes livres me cousta que congié ot mon dit filz de me venir querir par de ça pour mener la qui ancore n’i vois/ & ainsi reffusay l’eschoite de ycelle fortune pour moy et pour lui pour ce que je ne puis croire que fin de desloyal viengne a bon terme/ Or fus joyeuse de veoir cil que je amoie comme mort le m’eust seul filz laissié & .iii. ans sans lui oz esté/ mais crue fu la charge de ma deppense non a moy aysiee/ Car je doubtay que le grant estat ou quel estoit par de la lui donnast vouloir de retourner comme enfant es quieulx consideracion n’est grande voulentiers se tiennent a ce que aux yeulx et a leur aise meilleur leur semble/ Si lui quis maistre grant et poissant qui de sa grace le retint/ mais comme la petite faculté du jeune enfant pou apparant en la multitude des grans de sa court tous jours a ma charge couvint que son estat fust soustenu sanz de son service tyrer aucun fruit/ & ainsi me desherita fortune d’un de mes bons amis et d’une de mes esperances/ mais ancore de puis pis me fit.

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