← Retour

L'avision de Christine

16px
100%

Blasme philosophie christine de ce que elle se plaint.

De ce que ton mari en jone aage mort te toli dont tu te plains je te dy que dieu ne te fist nul tort quant son serf pour mettre en plus hault degré volt ravoir/ et lui plut que tu demourasses en la vallee de tribulacion pour esprouver ta pacience et pour toy affiner en vertu/ Sicomme dit saint augustin sur le .lx.e pseaulme que en une meisme fournase la paelle art & l’or se purge/ la paelle tourne toute en cendre/ & l’or de toute escume et ordure se nettoye/ Et que est a entendre la fournase doulce amie scez tu/ c’est le monde ou tu es/ la paelle/ Ce sont les mau prouffitans/ l’or/ ce sont les justes/ le feu/ c’est tribulacion/ l’orfevre/ c’est dieu/ Ce que l’orfevre a voulu faire de toy/ il te doit plaire/ ou il te veult mettre tu le dois vouloir/ tu as commandement de endurer il a l’office de purger/ et combien que la paele arde en ce feu/ c’est la douleur que tu sens/ toutevoye se tu es sage tu t’y purges comme l’or.

¶ Et ancore avec tout ce que le mieulx ait esté pour toy/ et au prouffit de ton sens le te monstreray Il n’est ou monde plus grant bien et toy meismes pas ne le me nyeras/ que cellui qui vient de l’entendement/ & qui le parfait en savoir/ la quelle chose fait estude qui apprent science/ et experience de moult de choses/ Ces .ii. causes font la personne estre sage se faute de l’entendement ne lui tolt a ton propos il n’est mie doubte que se ton mary te eust duré jusques a ore/ l’estude tant comme tu as ne eusses frequenté Car occupacion de maisnage ne le t’eust souffert au quel bien d’estude tu te mis comme a la chose plus esleue selon ton jugement apres la vie qui est de tous poins pour les parfais c’est la contemplative/ la quelle est vraye sapience/ le quel bien d’estude je sçay que confesseras que pour tous les biens de fortune ne vouldroies quelque pou que y ayes fait ne t’i estre occuppee & que la delectacion qui tant t’en agree ne eusses Dont ne te dois tu pas tenir pour meseuree/ quant tu as entre les autres biens une des choses du monde qui plus te delite et te plaist a avoir/ C’est a savoir le doulx goust de science. Item se riche et garnie & sans tribulacion fusses demouree/ en delices te fusses nourrie/ lesquelles choses conduisent creature a plusieurs inconveniens/ Si n’eusses mie l’experience de congnoistre le monde/ et cause de tant le haÿr/ la quelle chose dieu veult/ Et par consequant ne fusses si savant/ car saches de vray que les riches que chascun agree non mie pour eulx/ mais pour le leur/ n’ont si grant cause de congnoistre les fallaces du monde ne lesquieulx sont leurs vrays amis comme ont ceulx qui les espreuvent et qui passent par adversitez Car il leur semble pour ce que le monde leur rit que il ne soit autre paradis et que il soit vray/ toy meismes as ouy mainte foiz dire a de yceulx riches/ qu’ilz vouldroient que dieu gardast son paradis et a tous jours les laissast en ce monde/ Or regarde a quel prejudice tournent les delices quant ilz ramainent la voulenté qui doit suivre raison a tele bestialité que elle ne use ne que une beste mue ne mais aux pastures basses/ & ne se lieve ne regarde a son propre lieu naturel qui est le ciel dont l’ame fourmee a l’image de dieu est venue et doit tendre a aler Et que il soit vray que les espreuves de tribulacion te soient prouffitables je me rapporte a toy que se dieu te ramenoit a un pou plus d’aise de prosperité que pour riens ne vouldroyes que tribulacion ne eusses essayee/ Or conclus en toy meismes et prens garde/ puis que ainsi est que a l’entendement & au bien de ton corps sont valables/ se a l’ame/ se bien en as usé plus sont proufitables/ Car dit saint augustin sur l’euvangile saint jehan/ Les tribulacions que dieu veult que tu ayes a souffrir en ce monde/ ce n’est pas peine de dampnacion/ ains est le flayel de correccion Et vous enfans de dieu estes appellez a l’eritage pardurable/ Et si ne daignez estre flayelez.

Chargement de la publicité...