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L'avision de Christine

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Encore dit de sa poissance.

Que te diroie de mes poissances n’en doubtes point que elles passent & precedent toutes les choses mondaines Et t’acertaine que par moy singulierement depuis le commencement du monde a esté est et sera gouverné tout l’univers et fondé sur moy es choses ouvrees par les hommes/ Et non obstant que grans sciences lois escriptes/ rigles de princes coustumes de terres soient en commun usage/ si te di je que precede toutes leurs poissances/ et plus puis que toutes ensemble/ et qu’il soit voir il appert par ce que non obstant ycestes coustumes ou establissemens souventes foiz/ fais errer meismes ceulx qui y sont les plus savans et les plus expers et entrer en tieulx argumens dont les conclusions sont faulces et dampnables sicomme ja est prouvé par ce qui est dit des anciens philosophes.

¶ Et pource que tu attribues en ton dit livre de la mutacion de fortune/ elle estre menarresse des antregiez des seignouries/ je te dis que de tous yces mouvemens suis le premier motif/ ne fu je celle qui tres le .ii.e aage fis a nambroth le jayant par presompcion ediffier la fort cité et tour de babiloine qui onques n’ot pareille comme ci apres sera dit/ si le fis errer tant qu’il dechut de l’atainte de sa pensee/ apres ce temps comme je fusse fort fichee ou cuer du roy de ninive par moy mettre a effaict/ ne vint il a chief de prendre la dicte fort cité de babiloine/ la quelle sa femme semiramis par moy et mon industrie moyennant son chevalereux courage fist ancores enforcir et brayer de bons fossez et bastides.

¶ Item apres ce lonc temps ne donnay je cuer a cirus de guerroyer astiagies son ayol qui a occire l’avoit commandé si me poursuivi tant que il avint a son entente de ce et de tout oryant qu’il conquesta/ et pour ce que la matiere en est belle ancore diray de sa conqueste/ Comme je donnasse cuer et hardement a Cirus de emprendre fortes choses ce meismes recite abacut en sa prophecie Il prist la dicte cité de babiloine la quelle prise fust tant merveillable que ainsi comme dit Orose & saint augustin a peine pout il lors estre creu que par vertu humaine fust conquestee ne qu’en ceste mortelle vie ediffiee et puis prise peut estre. Car si qu’il dit elle estoit en bel espace assise de toutes pars tres fort en sa disposicion façonnee en quarrure/ la haultece de ses murs estoit .l. coubdes/ et l’espesseur autant par .iiii. fois/ tous les murs estoient de pierre cuite enlaciez par cyment/ et avoit cent portes d’arain/ et environnoit .CCCC.lxxx. estades qui valent .li. milles C’est assavoir .xxv. lieues et demie françoises/ Car sicomme raconte orose Comme Cirus eust conquis auques tout orient & voulsist subjuguer babiloine la quelle lui restoit Comme a un des assaulx que il fist il perdist ou fleuve de euffrates qui cignoit la cité de ses chevaliers/ cellui que il amoit le plus/ le quel aussi surmontoit tous les autres en valeur et proece/ Il jura que cellui fleuve le quel avoit noyé si vaillant chevalier deviseroit en tant de parties que nulle part de lui ne seroit si grant que a une petite femme venist aux genoulx/ et ainsi fu car en .CCCC. & .lx. ruisseaulx par force d’ommes en l’espace des champs il devisa le fleuve/ si que le tres noble fleuve qui passoit par dedens la cité osté et subtrait de elle/ fu subjuguee/ et prise.

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