L'avision de Christine
La fin de l’oroison de l’ombre.
Que dis tu souffist il t’ay je assez compté du fait de mes poissances desquelles ne pourroyes en ta vie comme autre foiz t’ay dit tous les exemples ouyr tant en y a et si divers sont/ Scez tu ancore qui je suis/ Et moy a elle dame congnoistre vous cuidasse/ mais les raisons contradictoires que me narrez/ vaciler me font en vostre cognoissance/ car se bien l’ay entendu/ tres au premier me dites que la ou verité est attainte/ ne povez arrester/ et toutevoye bien sçay et suis certaine que en maint cas m’avez pure verité ycy endroit clariffiee. Si ne sçay entendre comment ce peut estre que chose doubteuse tesmoing puisse estre de verité pure Et elle a moy fille envers le sens de ton entendement & escoutez et nottez/ Car je te promet que quoy que autrefoiz en divers cas te fusse menterresse en cestui cy t’ay je dit voir/ se bien l’entens & ne m’i contredis/ S’il te recorde de ce qu’ay dit/ c’est assavoir que cause suis moyennant estude & entendement de faire attaindre les choses vrayes/ mais bien est vray que aussitost que attaintes sont je me depars en cellui cas ne plus n’y arreste Et qu’il soit voir ainsi l’as esprouvé/ car non obstant que ces choses t’aye dictes non pas moy les t’ay certefiees mes les ses par le moyen d’estude qui raporté l’a a ton entendement/ le quel par raison est certain que ainsi soit/ pource en ces cas de toy me partiray et en lieu te remaindra certaineté/ Et par plus groz exemple ne te souvient il de moy et de ma cognoissance par les divers cas que je t’ay fait mettre en termes & faire plusieurs lectures.
¶ Ne fus je celle qui mist le debat entre les clercs disciples de maistre jehan de meun comme il s’i appellent/ Et toy sur la compillacion du rommant de la rose du quel entre vous contradictoirement escripsistes l’un a l’autre chacune partie soustenant ses raisons/ sicomme il appert par le livret qui en fu fait.