L'avision de Christine
Le reconfort de philosophie aleguant la sainte escripture.
Mais pource que tu n’as pas ancore la mer de ton pelerinage toute passee te tendray de promesse verité sus l’enseignement de ton vivre.
¶ Tu qui felicité desires se parvenir y veulx viens a moy je te ouvreray la voye/ la quelle non obstant que toute soit plaine de tribulacions/ aler n’y peus par autre chemin et pour ce que entre les autres peines dures a souffrir semble entre vous mondains que injure et persecucion sanz cause receue de voz prochains soit a porter paciemment la plus fort chose fonderay l’entree de nostre oroison sur ce que dit a ce propos saint gregoire sur ezechiel/ tous les biens dist il que nous faisons sont nulz se paciemment nous ne endurons les maulx que recevons de noz prochains Et de ce nous donna exemple Jhesucrist qui plus souffry de son meismes peuple que autre homme ne pourroit souffrir.
¶ Mais bien dit voir grisostome/ quant sur l’epistre saint paul aux ebrieux il dist/ il n’est riens qui si grant confusion au persecuteur qui autrui persecute face que de endurer paciemment & forment ses injures/ et ne lui en rendre vengence en fait ne en parolle.
¶ De ce parla hue de saint victor ou .iii.e livre de l’ame/ grant vertu dist il est a cellui qui est blecié se il espargne cellui a qui il pourroit nuire Car c’est la plus noble victoire que homme puist avoir que de espargner par vertu cellui a qui grever pourroit.
¶ Et que les mauvais soient communement persecuteurs des bons/ ne fus pas repunante a ce que devant est dit/ quant je dis a mon amé boece que ceulx de nostre prophession desirent a estre haÿs des mauvais/ Car comme toute chose hee son contraire ne seront pas leurs hayneulx participans de leurs mauvaistiez.
¶ O gens mortieulx ce dit boece pour quoy la hors querez la beneurté qui assise dedens vous est ignorence vous deçoit/ car la pure vraye beneurté est avoir de soy meismes la seigneurie Car homme n’a si chere chose comme soy meismes Et ce ne lui peut fortune tolir/ Et affin que tu saches que es choses de fortune ne peut avoir felicité je te dy que felicité et beneurté sont les souverains biens de nature Et ce est raison et entendement & bien souverain ne peut estre perdus/ Et ces meismes paroles que je te dis pareillement dis a mon amé boece// Donques entre vous usez des dons de dieu et laissez aler ceulx de fortune/ et apprenez a seignourir vous meismes & adont ne vous seront tant grevez a porter les tribulacions pour l’amour de cellui pour qui le ferés.
¶ Car dit a ce propos saint gregoire ou .v.e de morales se la pensee de l’omme est adreciee en dieu par forte entencion/ quanqu’i est amer en ceste vie lui semble doulx/ & tout quanque afflict il repute repos.
¶ Ancore dit le benoit gregoire sur ezechiel dieu avec ses dons nous mesle ses fleaulx/ a ce que tout quanque mondainnement nous delictoit nous semble amer/ et affin que en noz courages un feu se alume de charitable pacience qui nous excite tous jours au desir du ciel. Et ainsi nous morde delitablement/ nous tourmente souefvement/ et qui nous contriste joyeusement Ha dist il ou premier de morales/ le benoit job quant dieu souffroit que il fust de l’ennemi frappez/ autant de voix de pacience comme il rendoit en ses tourmens autant de dars il regitoit contre son adversaire/ Et assez plus grans coups lui donnoit que il ne soustenoit.
¶ Et en ce dist il lui meismes est discernee la pensee juste de la pensee injuste Car la juste en tous estas et en toutes adversitez confesse la louange du tout poissant/ & l’injuste ne fait que murmurer.
¶ Et de ce dit saint ambroise sus le pseaume de Beati inmaculati/ En ce as tu le grant merite de pacience se toy existant subget aux tribulacions tu loes les jugemens de dieu/ se tu grevé de maladie tu rens graces/ et en quelque estat que tu soies plus afflict & tant plus prouffites.
¶ Que te diroye de la noble vertu de pacience se toy existant subget aux tribulacions/ tu loes les jugemens de dieu/ se tu grevez de maladie/ tu rens graces & en quelque estat que tu soyes plus afflict et tant plus prouffites.
¶ Que te diroye de la noble vertu de pacience/ c’est celle en toute somme qui est la maistre portiere de paradis/ et sanz qui les autres vertus ne tiennent lieu Et ce conferme Cassiodore sur le psaultier/ pacience dist il est la vertu qui vaint toutes choses non mie en combatant mais en souffrant non pas en murmurant mais en rendant graces C’est la vertu qui nettoie toute l’ordure de volupté & qui a dieu rent les ames cleres.