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L'avision de Christine

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Encore de ce.

De ce que tu m’as dit/ que cheus en paroles de ce de quoy tu estoies ignocent dont tu te troubloies O chiere amie quelle gracieuse punicion dieu qui t’aime & n’est mie doubte que mainte fois l’as courroucié par divers pechiez Il te volt donner par te corriger en ce que tu n’estoies mie coulpable pour les pechiez muciez par aventure en conscience ou par effait en quelque maniere que commis avoies/ et ainsi mainte foiz le fait a creature Car en la chose dont n’est mie en coulpe la pugnist d’autres divers pechiez mais c’est grant purgacion pour cellui qui est persecutez de son innocence/ et les flaiolz des mauvais sont les instrumens de sa gloire/ Et de cessi dit saint gerome es morales ou .xx.e livre le tout poissant dist il seuffre en ce monde que les mauvais griefvent les bons/ a ce que par la forsennerie des reprouvez soit purgee de la vie des esleus/ Et n’est point a cuider que jamais dieu souffrist que les mauvais ainsi cruellement tourmentassent les non coulpables ou les bons se il ne veoit combien il leur prouffite/ Car quant les mauvais forcennent sur les non courpables Adont sont luisans les ignocens & purgiez & la perversité des mauvais plus redonde sur la perdicion de eulx O dieux et de entre vous qui passer voulez de delices en delices c’est a savoir des ayses de ce monde que vous desirez aux biens celestiaulx la quelle chose ne se peut faire.

¶ Escoutez que dit saint gregoire en une omelie quant je considere dist il job couché sus un fumier comme mesel/ Saint jehan baptiste mourant de fain en un desert/ saint pierre estendu en crois/ saint jaques decolé de herode/ Je pense comment dieu tourmentera a son jugement durement ceulx que il repreuve/ quant ycy presentement il afflict si durement ceulx que il aime et appreuve.

¶ Et entre vous mondains qui pensez en voz petites tribulacions que dieu vous ait oubliez Et que fortune vous persecute/ Pensez vous que il soit plus tenus a vous que a ses autres bons amis a qui tant laissa souffrir.

¶ Mais de ycelle souffrance escoutez que dit saint bernard en un sermon/ mes freres dist il nous sommes en ce monde ainsi comme en un champ de bataille/ Et pour ce qui ycy playez de tribulacion n’apperra ne recevra en l’autre la victoire de la couronne glorieuse/ O belle amie que cellui est sage & vray/ Bon mainnager ou celle/ qui toutes choses scet bien traire a son prouffit & bien en user soit de prosperité ou d’aversité/ mais comme les delices mondains soient plus fors a en user au prouffit de l’ame que les tribulacions nostresire pour bien de creature communement les envoie a ses mieulx amez/ Car nient plus ne lui cousteroit a envoyer prosperité que aversité/ mais soyez certaine que lui qui scet vostre fragilité le fait pour le meilleur de cil a qui l’envoye/ Car non obstant que vous en murmuriez par impacience souventes fois si estes vous plus actes en la voye de tribulacion a aler ou ciel que ceulx qui sont nourris es grans delices/ et que il soit vray se mescroire ne voulez comme heretiques les saintes escriptures & les sains docteurs moult en avez de preuves/ Car se tu me dis que fortes sont a passer les tribulacions de ce monde & que elles dueillent griement.

¶ Helas escoute a ce propos que dit crisostome sus l’euvangile saint mathieu/ se aucun dist il repute la voye de ceste vie laborieuse pour les afflictions qui y sont il accuse sa parece/ Car se aux maronniers les floz de la mer & les tempestes et les gelees de l’iver aux laboureurs/ et les playes orribles navreures aux chevaliers/ Semblent estre legeres a porter pour l’esperance du gaing/ ou de l’onneur temporelle que ilz en attendent par plus forte raison nous doivent sembler aysiees les tribulacions de ce monde pour les quelles nous est promis paradis en loyer.

¶ Ha dieux & avec tout ce pensez vous point entre vous pecheurs que ayés desservi par maintes diffames ancore trop plus grant punicion que souffisant n’est de pugnir l’aversité que vous avez/ Et quant dieu selon sa misericorde amodere et adoulcist vers vous sa justice pour un pou au regart de voz maulx vous donner a souffrir/ n’estes vous bien tenus a lui/ Et a ce propos dit pierre de ravenne en une epistre/ dieu dist il te pugnist en ce monde a ce que la peine temporelle rachate tes ardeures de la mort pardurable/ Car ainsi que les pierres ne sont mises en edefice se premierement ne sont taillees & au martel acquerries ne le grain n’est point mis ou grenier tant que au fleau soit batu/ aussi ne peus tu estre logié en l’edefice de paradis ne mis ou guernier des esleus se tu n’es esprouvé par tribulacion.

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