L'avision de Christine
Encore des oppinions.
Pittagoras disoit les esperes qui sont menez ou ciel estre dix. Combien que tant seulement .ix. en soient apparans/ c’est a savoir .vii. comprises par les mouvemens des planettes/ l’uitieve par le mouvement des estoilles/ et la .ix.e par le mouvement journal qui est le premier mouvement/ mais pittagoras adjousta la .x.e antixthonan c’est a dire menee au contraire des mouvemens/ et par consequant sonnent contrairement/ Car comme il mist & aussi le mirent plusieurs autres que des mouvemens des esperes du ciel se facent armonies Car comme ilz considerassent que naturellement noz pensees lesquelles ilz metoient de nature celeste se resjouissent de sons qui sont par mesure ordenez/ considerans aussi que tous sons sont de mouvemens causés/ Car sanz mouvement nul son ne seroit fait voyans ou ciel esperes et cercles de diverses grandeurs preporcionnees les unes vers les autres ce leur sembloit par moult nobles mesures et meues aussi de mouvemens couvenables a elles ymaginans par ces choses ou ciel estre grans melodies/ lassus ilz affermoient estre parfaicte musique/ et celle de ça bas estre dirivee de celle de lassus Et aussi selon ceste leur ordenance le mouvement journel qui va d’orient en occident au contraire des autres seroit en l’espere .x.e & la .ix.e seroit celle la quelle si mouvroit toutes les esperes basses au contraire du premier mouvement.
¶ Pittagoras et ceulx de sa secte par lui instruis mettent les principes des choses encheans es causes dessus dictez/ si mettent nombres ainsi que matere et princippe des choses et les passions des nombres ainsi comme les passions ou les abis des choses/ si que nous entendions par passions accidens/ legierement passibles et par abis accidens permanens/ sicomme ilz mettoient que la passion d’aucun nombre selon la quelle il est dit pareillement per estoit princippe de justice pour l’equalité de sa division Car tout nombre qui equalement se devise par egales moitiez sicomme .viii. se devise en .ii. quatre & quatre/ en deux deux/ et .ii. unitez et plusieurs autres par semblable maniere/ yceulx ilz disoient princippes de justice/ Et par semblable maniere les autres accidens des choses ilz assimuloient aux accidens des nombres & mettoient les principes des nombres per et non per/ pour ce qu’icelles sont leurs premieres differences mais le nombre per ilz metoient estre le principe d’infinité Et le nombre non per estre princippe aux choses lesquelles sont fenies/ Sicomme plus plainement il appert declairié sus le .iii.e de phisiques/ c’est assavoir que le nombre per semble estre couvenable a division.
¶ Pour ce infinité par especial se semble ensuivre a la division des choses continuees/ Et le nombre non per si a le per soubz lui/ & ancore unité la quelle est cause de indivision/ Et aussi prenoient ilz que les nombres non pers adjoustez par ordre l’un a l’autre retiennent la figure des quarrez nombres mais les pers varient leurs figures/ Sicomme .iii. adjoustez avec un qui est le principe des nombres/ causent ce nombre .iiii. le premier de tous nombres quarrez/ car .ii. fois .ii. sont .iiii. Et de rechief cinq qui apres .iiii. est le premier nomper adjousté avec .iiii. fait .ix. qui est second quarré/ car .iii. fois .iii. sont .ix. Et ancore adjousté .vii. a .ix. font .xvi. qui est le tiers quarré car .iiii. foiz .iiii. sont .xvi. Et apres adjousté .ix. a .xvi. font .xxv. qui est le quart quarré/ Et ainsi de tous autres. Mais se le nombre de .ii. qui est le premier nombre per est adjousté a un il constitue nombre triangulier/ c’est assavoir .iii. Et se a lui estoit adjousté .iiii. qui est le second per il constitue .vii. qui n’a tele figure/ Et ainsi les nombres pers adjoustez aux quarrez ne gardent point une meismes figure/ Et pour ceste raison leur attribuoient infinité/ et aux nompers finité/ Et pour ce que finité si signifie fourme a qui compette l’active vertu/ Et infinité en depart la matiere a qui compette passibilité/ pour ce les nombres pers ilz disoient femmelles et les masculins nompers/ Et de ses .ii. diversitez per et nomper feni et non feni non pas seulement ilz constituoient nombre mais aussi unité/ Car unité disoient ilz est per et nomper en vertu/ pour ce que toutes differences de nombres en vertu couviennent a unité/ Car tout se retournent en elle & elle en nesune/ Car combien que unité de fait ne soit pas aucun nombre. Toute foiz disoient ilz en vertu elle est un chacun nombre/ Et pource la mettoient ilz constituee de per et de nomper/ Et tous nombres constituez de elle Et mettoient le ciel et toute chose sensible estre faictes de nombres/ Et ytele estoient l’ordre des princippes qu’ilz mettoient.