L'avision de Christine
Comment l’ombre araisonna christine.
Adont comme je fusse ententive a regarder ceste merveille/ l’ombreuse creature s’en donna de garde et en telle maniere m’araisonna fille d’escole qui ça t’amaine et moy a elle/ dame aventure mais voz merveilles m’ont cy arrestee/ Et se je peusse moult voulsisse plus vous cognoistre/ Et elle a moy comment ne me cognois tu doncques/ dame je n’en ay pas recort/ et elle a moy O bien voy que ignorence tolt aux humains la cognoissance des objects de leurs oeuvres mais pour emplir ton desir Ottroy que tu me cognoisses pour ce par vehementes enseignes te seray magnifestee.
¶ Saches que tres que adam fu formez je fu cree/ Et suis fille de ignorence desir de savoir m’engendra Le premier homme & sa femme par mon exort decevable fis en la pomme mordre/ et apres ce que dieu l’ot pour ce meffait condampné a avoir sa vie en sa sueur/ je lui fis querre et encercher les proprietez des herbes et des plantes et lui appris la maniere des terres cultiver et les natures des choses crees lui fis esprouver tant qu’il les attaigni/ ensuivant apres je gouvernay les humains/ & leur fis prendre loy/ la quelle fu premiere celle de nature/ Et tres ces premiers aages furent aucuns soubtilz hommes aux quieulx tant fis encerchier qu’ilz trouverent philosophie et par consequant toutes les sciences & ars par moy furent premierement investiguees et la voye trouvee d’y attaindre/ ne nom de philosophe oncques trouvé n’eust esté se je ne fusse/ Sicomme plus a plain cy apres te declaireray/ Et non obstant que philosophie avec ses filles fust avant que moy/ et que fille de dieu soit/ si fus je faite aussitost que creé fu entendement humain/ et lui et moy ouvrismes la voye aux hommes de cler engin a la trouver a entendement premier et moy seconde/ si suis chamberiere d’elle en ce mortel monde/ car en paradis n’enfer n’ay je demeure/ ma duree sera jusques au derrain jour & lors finera. je rapporte les messages des hommes de cler entendement a philosophie et a ceulx qui apliquer s’i veulent je les fois par le moyen de diligent estude se ne leur tolt deffaute d’engin attaindre par investigacion a elle/ Et pource non obstant que par tout le monde soye me vois tu principalement en ses escoles hanter es quelles par l’occasion de moy avec le labour d’estude apprennent les clercs toutes sciences & sans moy apprises ne pourroient estre Et non obstant que de dieu viengne la grace d’en hault je suis celle qui la mes a oeuvre ou cuer de la personne & sanz moy riens ne proufiteroit Et te dis plus fort que se je n’estoie avec foy esperance et charité point ne seroit es humains.