L'avision de Christine
Des punicions des vices.
Que j’aye paour de la punicion qui tant rent enfermés mes plus prochains par les exemples que de l’ire de dieu je treuve encore pour trop mendre cas que ceulx que courir voy commis par mes pourprises Sicomme il est escript ou second livre des roys ou derrenier chapitre/ que comme le roy david une foiz ferus du vent dessus dit eslevast son cuer en l’enfleure de ambicion de savoir quel puissance il avoit et de combien de gens d’armes finer pourroit/ & pource savoir fit son peuple nombrer pour la cause de ceste elevacion seulement dieu fu contre lui tant courroucié qu’il lui manda par le prophete gad/ que il choisist de .iii. punicions l’une ou .vii. ans par tout son royaume aroit famine/ ou .iii. mois il seroit en fuite pour paour de ses ennemis ou .iii. jours pestilence de mortalité aroit en son peuple/ Dont apres qu’il ot choisi la tierce punission/ une tele mortalité sourdy qu’en son royaume mourut .lx. & .x. Mille hommes. O doulce amie/ or regardes comme grant punicion pour chose qui au regart de noz grans enfleures sembleroit bien petite boce.
¶ De ceste enfleure ancore et de la punicion de dieu envoyee comme il ne la puist au lonc aler souffrir/ Est escript ou .iiii.e chapitre de danyel que comme nabugodonosor une foiz alast et venist par mi sa sale & son grant palais de babiloyne/ se gloriffiant et disent ne n’est ce pas cy babiloine la grant/ la quelle pour ma maison royal j’ay ediffiee et la poissance de ma force et la gloire de ma beauté. Adont disant ces paroles vint une voix du ciel/ qui lui dist nabugodonosor escoute/ ton royaume de toy est trespassé et bouté hors seras de la compaignie des hommes & avec les sauvages bestes sera ta demeure/ & feing avec les beufs tu mengeras ne fu pas mençongiere la promesse/ car gaires apres ne tarda que executee ne fust en sa personne qui deboutez fu de la compaignie humaine et ramené en fourme de beste paissant aux champs a la pluye et au vent.
¶ A quoy querons nous autres prophecies/ ne nous sont cestes souffisantes/ ne savons nous que dieu est inmuable comme dit ay/ et que tel est ores comme lors estoit/ ne sont les escriptures toutes plaines des veritez de ses punicions/ et de tant comme plus il les retarde de tant plus grant paour avoir devons/ Tout ainsi comme de l’archer de tant comme plus il retarde a frapper tandis que fort il tire la corde/ de tant fiert il plus grant coup quant il assene/ que t’en diroie plus/ d’exemples infinis en sont qui nel croira si lise/ assez souffise ceste narracion sus la dicte enfleure de mal affaire.