L'Aiglon: Drame en six actes, en vers
SCÈNE VIII
Les Mêmes, LE DUC.
LE DUC.
MARIE-LOUISE.
LE DUC, descendant. Il est en costume de cheval, la cravache à la main, très élégant, la fleur à la boutonnière, et ne sourit jamais.
(Se tournant vers Thérèse.)
THÉRÈSE, hésite une seconde à répéter le vers ; puis, regardant le duc avec une émotion profonde.
MARIE-LOUISE, sèchement, se levant.
L’ARCHIDUCHESSE, aux enfants, leur montrant le duc.
(Les enfants se rapprochent du duc qui s’est assis, l’entourent. Une petite fille et un petit garçon grimpent sur ses genoux.)
SCARAMPI, bas, avec colère, à Thérèse.
THÉRÈSE.
UNE DAME, regardant le duc.
UNE AUTRE, de même.
SCARAMPI, à Thérèse.
THÉRÈSE.
(Scarampi s’éloigne en haussant les épaules.)
GENTZ, qui a entendu, hochant la tête.
THÉRÈSE, à part, regardant mélancoliquement le duc.
L’ARCHIDUCHESSE, au duc, se penchant au dossier de son fauteuil.
(Elle lui tend la main.)
LE DUC, lui baisant la main.
GENTZ, à Thérèse, qui ne quitte pas le prince des yeux.
(Les enfants, autour du duc, admirent l’élégance de leur grand cousin, jouent avec sa chaîne, ses breloques, contemplent sa haute cravate.)
LA PETITE FILLE, qui est sur ses genoux, éblouie.
LE DUC, saluant.
THÉRÈSE, à part, avec un petit sourire douloureux.
UN PETIT GARÇON, qui a pris la cravache du prince et en fouette l’air.
LE DUC, gravement.
THÉRÈSE, à part, de même.
UN AUTRE PETIT GARÇON, touchant les gants que le duc vient de retirer et de jeter sur une table.
LE DUC.
LA PETITE FILLE, le doigt sur l’étoffe de son gilet.
LE DUC.
THÉRÈSE, prise d’une envie de pleurer.
L’ARCHIDUCHESSE, caressant du bout des doigts la rose qui fleurit la redingote du prince.
LE DUC, se levant, avec une frivolité amère et forcée.
(A ce moment, Thérèse éclate en sanglots.)
DES DAMES, autour d’elle.
THÉRÈSE.
MARIE-LOUISE, qui s’est approchée, avec un attendrissement bruyant.
THÉRÈSE.
MARIE-LOUISE, l’embrassant.
LE DUC, qui a fait quelques pas, sans avoir l’air de remarquer ces larmes, s’arrête, poussant du pied quelque chose sur le tapis.
(Il se penche et la ramasse.)
METTERNICH, s’avançant avec embarras.
LE DUC, cherche un instant des yeux et voyant l’attaché français.
(L’attaché lui montre son chapeau. Le duc aperçoit la cocarde tricolore.)
(A Metternich.)
METTERNICH.
LE DUC.
METTERNICH.
LE DUC, flegmatiquement.
METTERNICH.
LE DUC.
(Il a pris le chapeau de l’attaché, et, sur le feutre noir, rapproche les deux cocardes ; il les compare, en artiste, éloignant le chapeau, la tête penchée…)
(Il montre la tricolore.)
(Il jette la blanche, et passe nonchalamment.— Sa mère le prend sous le bras et le mène devant les boîtes de papillons que le docteur, rentré depuis un instant, vient d’étaler sur la grande table.)
LE DUC.
MARIE-LOUISE, cherchant à l’intéresser.
LE DUC.
LE DOCTEUR.
LE DUC.
LE DOCTEUR, souriant.
LE DUC.
LE DOCTEUR.
LE DUC.
LE DOCTEUR.
LE DUC.
(Il s’éloigne.)
LE DOCTEUR, désespéré, à Marie-Louise.
MARIE-LOUISE, à Scarampi.
SCARAMPI, mystérieusement.
GENTZ, qui s’est approché du duc, lui présentant une bonbonnière.
LE DUC, prenant un bonbon et le goûtant.
GENTZ.
LE DUC.
GENTZ.
LE DUC, avec hauteur.
GENTZ.
LE DUC, tranquillement, prenant un raisin.
GENTZ, reculant.
LE DUC.
GENTZ.
LE DUC.
GENTZ, stupéfait.
LE DUC.
GENTZ, pâlissant.
LE DUC.
(Il s’éloigne.— Metternich rejoint Gentz.)
METTERNICH, à Gentz, en souriant.
GENTZ.
METTERNICH.
GENTZ.
METTERNICH.
GENTZ.
LE DUC est arrivé devant Thérèse qui, assise, dans un coin, devant un guéridon, feuillette un livre. Il la regarde un instant puis à mi-voix :
THÉRÈSE, qui ne l’a pas vu venir, tressaillant, et se levant toute troublée.
LE DUC.
THÉRÈSE, interdite.
LE DUC.
(Il s’éloigne rapidement, et se trouve devant Metternich qui vient de prendre son chapeau et ses gants pour sortir.)
METTERNICH, saluant le duc.
(Le duc répond par une inclinaison de tête. Metternich sort, emmenant l’attaché.)
LE DUC, à Marie-Louise et à Dietrichstein qui regardent des papiers sur la table.
DIETRICHSTEIN.
MARIE-LOUISE, choquée.
LE DUC.
DIETRICHSTEIN, soulignant de l’ongle une faute.
LE DUC.
DIETRICHSTEIN.
LE DUC.
MARIE-LOUISE, interrompant Thalberg qui pianote.
LE DUC.
LORD COWLEY, s’avançant vers le duc.
DIETRICHSTEIN, bas au duc.
LE DUC.
DIETRICHSTEIN, bas au duc.
LORD COWLEY.
LE DUC.
LORD COWLEY, interloqué.
LE DUC.
(Il salue, et passe.)
GENTZ, vivement à l’ambassadeur d’Angleterre, tandis que le duc s’éloigne.
L’AMBASSADEUR.
GENTZ.
DES VOIX, au fond.
L’ARCHIDUCHESSE, à Marie-Louise.
MARIE-LOUISE.
CRIS.
L’ARCHIDUCHESSE, au duc.
MARIE-LOUISE.
(Avec pitié.)
LE DUC, sombre.
MARIE-LOUISE.
(Brouhaha.— Saluts.— Toute la compagnie sort dans un tumulte de voix.)
MONTENEGRO, déjà sur le perron.
(Sa voix se perd.)
CRIS, au dehors.
GENTZ, sur le balcon, criant.
(Éclats de rires.— Grelots des voitures qui s’éloignent.)
THÉRÈSE, à Tiburce, qui prend congé.
TIBURCE, l’embrassant au front.
(Il s’incline devant Marie-Louise, et sort avec Bombelles.)
MARIE-LOUISE, aux dames d’honneur, leur confiant Thérèse.
(Thérèse sort, emmenée par les dames.— Le duc s’est assis, remuant distraitement des livres sur une table.— Marie-Louise fait signe en souriant à Scarampi, qui est restée, puis s’avance vers le duc.)