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L'Aiglon: Drame en six actes, en vers

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SCÈNE VI

LE DUC, UN LAQUAIS, puis FANNY ELSSLER et L’ATTACHÉ FRANÇAIS.

LE DUC, tendant au laquais le mot qu’il vient d’écrire.

Au château, pour mes gens. Je ne rentrerai pas.
Je vais au pavillon. Vite quelqu’un là-bas.
Voilà. Rapporte-moi que la chose est comprise.

LE LAQUAIS, s’inclinant.

C’est tout ?

LE DUC.

C’est tout.— Demain matin, la jument grise.

(Le laquais sort. Fanny Elssler, toujours masquée, repasse en courant, se retournant pour regarder si elle est poursuivie. Elle s’arrête en apercevant le duc, dont le manteau violet laisse voir l’uniforme blanc.)

FANNY ELSSLER, s’approchant du duc, et récitant mystérieusement.

… Son uniforme sous un manteau…

LE DUC, sursaute, et achevant la phrase du billet reçu par Prokesch.

… violet.

(Ironiquement.)

Il était d’une femme, ô Prokesch, le billet !

FANNY, montrant au duc l’attaché français qui vient d’apparaître.

Le temps de dépister ce masque qui m’obsède,
Et je reviens !

LE DUC, souriant.

J’attends…

(Fanny fuit à travers les ruines, essayant de perdre l’attaché.— Le duc se promène de long en large, et avec une sorte de rage.)

C’est mon destin !— Je cède !—
Aimons !

(La musique est de plus en plus énervante. Des couples passent au fond, cherchant l’ombre.)

Ayons au cœur un furieux avril !
Aimons…

(Il montre un couple très tendre qui se dirige vers le banc.)

comme ceux-là !… comme tous !…

(Mais, soudain, il tressaille et se jette derrière un oranger, qui le cache ; car le couple parle, se croyant seul ; et dans ce couple qu’il a désigné d’un geste méprisant, il reconnaît Marie-Louise et son chambellan Bombelles.)

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