L'Aiglon: Drame en six actes, en vers
SCÈNE IV
Les Mêmes, SEDLINSKY, des Policiers.
FLAMBEAU, se retournant et apercevant des policiers qui sont arrivés en courant.
(En un clin d’œil, la petite bande est cernée.)
LA COMTESSE, avec désespoir.
SEDLINSKY, s’avançant vers elle.
LA COMTESSE, au duc, avec rage.
SEDLINSKY, qui s’est retourné vers celui qu’apostrophe la comtesse, aperçoit le duc. Il recule en s’écriant :
(Se retournant vers la Comtesse.)
(Se retournant vers le duc.)
FLAMBEAU.
SEDLINSKY, souriant et commençant à comprendre.
FLAMBEAU.
SEDLINSKY.
(Après avoir, d’un coup d’œil rapide, noté tous ceux qui sont là.)
(Prokesch s’éloigne après un regard d’adieu au duc.)
FLAMBEAU, avec un soupir.
SEDLINSKY, à deux policiers, leur désignant l’attaché français.
(A l’attaché.)
LE DUC, s’avançant vivement.
L’ATTACHÉ.
LE DUC, lui serrant la main avant qu’on ne l’emmène.
(A Sedlinsky, avec mépris.)
SEDLINSKY, à deux autres agents, en leur montrant la Comtesse.
(Deux hommes s’avancent et vont empoigner brutalement la Comtesse.)
LE DUC, d’une voix qui les fait reculer.
LA COMTESSE, tressaillant à cette voix impérieuse.
(Elle se jette dans ses bras en pleurant.)
(Elle sort, suivie de deux policiers.)
SEDLINSKY, affectant de ne pas regarder le reste des conspirateurs.
(Les conspirateurs chuchotent entre eux.)
L’UN D’EUX.
UN AUTRE, hochant la tête avec gravité.
UN TROISIÈME.
(Leur nombre diminue immédiatement. Le reste sort avec une lenteur plus décente. D’Otrante a pris le bras de Marmont. Ils causent avec de grands gestes nobles. On entend :
… Se réserver… Plus tard… Le moment opportun…
Et il n’y a plus personne.)
FLAMBEAU, à Sedlinsky.
LE DUC.
FLAMBEAU.
(Après une seconde d’hésitation, il va suivre les autres.)
Mais SEDLINSKY, à qui un des policiers vient de parler bas, crie :
(On barre le chemin à Flambeau. Dix pistolets se braquent sur lui. Sedlinsky au policier qui lui a parlé :)
LE POLICIER.
(Il tire de sa poche un papier qu’il passe à Sedlinsky en disant.)
SEDLINSKY, parcourant des yeux le signalement, à la lueur d’une lanterne sourde que tient le policier.
(Il lit.)
FLAMBEAU, goguenard.
SEDLINSKY, feignant de lire à la suite.
FLAMBEAU, bondissant.
SEDLINSKY, souriant.
FLAMBEAU, voyant qu’il s’est trahi.
LE DUC, à Sedlinsky.
SEDLINSKY.
LE DUC.
SEDLINSKY.
LE DUC.
FLAMBEAU.
SEDLINSKY, qui vient de consulter de nouveau le signalement.
(A un policier, lui désignant la boutonnière de Flambeau.)
FLAMBEAU.
(D’un géranium prestement cueilli, il refleurit le revers de son pardessus.)
SEDLINSKY.
(On arrache à Flambeau le manteau qu’il avait emporté du bal, et il apparaît dans son uniforme de grenadier. Sedlinsky sursaute.)
FLAMBEAU, souriant.
LE DUC, avec angoisse.
FLAMBEAU, froidement.
LE DUC.
FLAMBEAU.
LE DUC, poussant un cri.
FLAMBEAU.
(Et sa main, doucement, gagne sa poche.)
LE DUC, courant à Sedlinsky, suppliant.
SEDLINSKY.
FLAMBEAU.
(Sans qu’on s’en aperçoive, il a tiré et ouvert son couteau. Il a l’air de se croiser tranquillement les bras ; sa main droite, où brille la lame, disparaît sous son coude gauche, on voit les bras se resserrer sur la poitrine, pour appuyer. Et il reste debout, très pâle, les bras croisés.)
SEDLINSKY.
(On pousse Flambeau pour qu’il marche.)
LE DUC.
UN POLICIER, grossièrement.
FLAMBEAU, envoyant d’un revers de main le chapeau du policier à vingt pas.
(Dans le geste qu’il fait, il découvre sa poitrine : elle est tachée de rouge, à gauche.)
LE DUC.
FLAMBEAU.
(Il tombe.)
LE DUC, s’élançant devant lui et arrêtant Sedlinsky et les policiers qui vont pour le relever.
FLAMBEAU, d’une voix étouffée.
SEDLINSKY, désignant à ses hommes le vieux paysan qui s’est approché de Flambeau avec émotion.
(On sépare les deux vieux soldats et on entraîne l’Autrichien.)
LE DUC.
(Il regarde Flambeau.)
SEDLINSKY, bas à un policier.
LE POLICIER, bas.
SEDLINSKY.
(Haut, avec une affectation de douceur.)
LE DUC, violemment.
SEDLINSKY, reculant, et d’un ton de condoléances.
LE DUC, le balayant du geste.
SEDLINSKY, voulant se redresser.
LE DUC, montrant la plaine de Wagram.
(Sedlinsky et ses hommes s’éloignent.)