L'Aiglon: Drame en six actes, en vers
SCÈNE III
TOUTES SORTES DE MASQUES, GENTZ, L’ATTACHÉ FRANÇAIS, FANNY ELSSLER, etc. puis TIBURCE et THÉRÈSE DE LORGET.
UN GROUPE DE MASQUES, poursuivant, à travers les colonnades, un masque à grand nez qui se sauve.
UN CROCODILE, les arrêtant pour leur montrer quelque chose au-dehors.
(Toute la bande se précipite vers le côté où l’Ours est signalé.)
GENTZ, qui s’est assis sur le banc, entouré de plusieurs jolies femmes, et en regardant passer d’autres.
UNE COLOMBINE.
GENTZ, pour lui faire plaisir.
LA COLOMBINE.
GENTZ, riant.
L’ATTACHÉ FRANÇAIS, traversant la scène à la poursuite de Fanny Elssler.
FANNY, fuyant.
L’ATTACHÉ, sursautant.
FANNY.
(Elle disparaît. L’attaché aussi.)
LA COLOMBINE, assise près de Gentz.
UNE CLÉOPÂTRE.
GENTZ.
(Tiburce est entré avec Thérèse. Il est en Capitan Spezzafer. Thérèse porte une souple tunique d’un bleu glacé d’argent, sur laquelle retombent des lys d’eau et de longues herbes luisantes : elle est en source.)
TIBURCE.
THÉRÈSE.
(Montrant une femme masquée qui passe dans le fond, accompagnée d’un homme en domino.)
TIBURCE, d’un ton agressif.
THÉRÈSE, hautaine.
TIBURCE.
(Menaçant.)
THÉRÈSE.
TIBURCE, galamment ironique.
THÉRÈSE.
TIBURCE, avec un petit salut sec.
(Il s’éloigne. Thérèse le suit des yeux, puis, haussant les épaules, se joint à un groupe qui passe.)
UN OURS, entrant avec une Chinoise à son bras.
LA CHINOISE.
L’OURS, tendrement.
LA CHINOISE, lui donnant un coup d’éventail sur la patte.
(A ce moment passe une énorme personne déguisée en petite bergère Louis XV.)
TOUTES LES FEMMES, qui sont autour de Gentz.
GENTZ, avec effroi.
LE POLICHINELLE, traversant la scène en courant et saisissant la grosse bergère par la taille.
LA GROSSE BERGÈRE, se débattant.
LE POLICHINELLE, mystérieusement.
(Il l’embrasse et se sauve. On entend sa voix, plus loin, dans les arbres, qui demande à une autre :)
(Gentz et son groupe suivent le Polichinelle, très intéressés. Depuis un instant, le duc est entré avec Prokesch. Prokesch est en habit et domino. Le duc s’enveloppe d’un grand manteau violet. Quand le manteau s’ouvre, on le voit en uniforme blanc. Tenue de bal : bas de soie blanche et escarpins. Il tient à la main son masque dont il s’évente nerveusement. Il s’appuie sur Prokesch qui le regarde avec inquiétude. Il a la figure défaite, le geste découragé, un pli mauvais à la lèvre. On sent que l’Aiglon traîne des ailes meurtries.)