Les Colons du Rivage, ou Industrie et Probité: Ouvrage destiné a servir de lecture courante dans les écoles primaires
13. — Nouveaux habitants.
Dès la première année, un heureux hasard permit de recevoir sous cet abri une nouvelle famille errante et sans asile. Un essaim d'abeilles vint s'abattre sur un buisson du Rivage, et semblait demander l'hospitalité. Quoique sans expérience, Charles, en affrontant quelques piqûres, le secoua courageusement, et le reçut dans une boîte qui se trouva sous sa main, et dont il avait fait une ruche en ôtant le couvercle. Une entaille dans le bord servit d'entrée. Il sauva ainsi un bien perdu, dont il ne put, malgré ses recherches, découvrir le maître. C'est que les essaims s'envolent quelquefois à des distances considérables, et celui-ci pouvait d'ailleurs appartenir à des abeilles sauvages. Quoi qu'il en soit, l'essaim voyageur s'accommoda fort bien de la domesticité sous le toit de nos amis. Charmés de ce premier succès, ils voyaient déjà, en espérance, tout le devant de la cabane garni d'une rangée de ruches. « J'en saurai faire de paille, disait Charles ; je les munirai de capuchons, que nous enlèverons dans la saison, pour nous payer de nos avances et de nos soins. Nous prendrons ainsi notre part du miel, sans tuer les abeilles. » Ces espérances se réalisèrent peu à peu ; la première ruche fut la mère de plusieurs autres ; la cabane était protégée du ciel, et la colonie des abeilles y prospéra comme celle de la veuve : ce fut encore une précieuse ressource.