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Les Colons du Rivage, ou Industrie et Probité: Ouvrage destiné a servir de lecture courante dans les écoles primaires

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7. — Germain répare sa maison. — Bons conseils aux voisins.

Avec le secours de Sophie, je parvins à faire quelques épargnes. Aussitôt les gens me conseillèrent d'acheter du terrain. Quand même je ne payerais pas tout comptant, je pourrais achever de m'acquitter plus tard.

— Non, leur dis-je, les hypothèques me font peur. On est sûr d'avoir à payer la rente, on ne l'est pas de tirer le produit. D'ailleurs, il faut toujours aller au plus pressé ; notre maison a besoin de réparations urgentes ; je veux aussi la couvrir de tuiles. Il ne faudrait qu'un malheur dans le village, et nos maisons, couvertes de bardeaux, flamberaient comme des allumettes.

Je mis aussitôt la main à l'œuvre. J'eus lieu de m'en féliciter : dès l'année suivante, la maison d'un voisin prit feu pendant la nuit ; elle fut consumée tout entière, et les étincelles communiquèrent l'incendie aux trois maisons voisines. La mienne fut seule préservée.

Ce malheur réduisit plusieurs familles à l'indigence : il fallut venir à leur secours. Je pris chez moi un jeune garçon en apprentissage ; d'autres firent ce qu'ils purent, chacun selon sa position.

— Voilà qui est bien, dis-je à mes voisins ; nous réparons de notre mieux les maux passés ; mais, cette fois, me croirez-vous et couvrirez-vous de tuiles ou d'ardoises vos maisons? Il y a d'autres pierres, dans nos montagnes, qui se détachent par feuilles : vous pouvez vous en servir, si vous trouvez l'ardoise trop chère.

J'eus la satisfaction de voir mes conseils écoutés ; mais j'obtins un autre succès, qui me fit encore un grand plaisir. Je décidai la commune à se pourvoir d'une pompe à incendie. Ce fut une grosse dépense ; aussi, quand nous eûmes acheté cet instrument de salut, je veillai à ce qu'on le maintînt toujours en bon état et prêt à servir. Nous avions près de nous l'exemple d'un village où l'on possédait deux pompes à incendie, qui, à quatre reprises différentes, s'étaient trouvées sans usage, parce qu'on les avait négligées. Une fois que la dépense est faite, n'est-ce pas une folie de la rendre inutile par défaut de soins?

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