Les manieurs d'argent à Rome jusqu'à l'Empire
CHAPITRE III.
SUITE CHRONOLOGIQUE DES ÉVÉNEMENTS DE L’HISTOIRE ROMAINE
CONCERNANT LES PUBLICAINS ET LES BANQUIERS. — HISTOIRE
EXTERNE. — ARRANGEMENTS DU FORUM ; ÉDIFICATION DES
BASILIQUES.
C’est le sort commun de presque toutes les institutions très puissantes, d’attirer sur ceux qui en sont les agents, tour à tour, ou même simultanément, les injures les plus violentes et les plus basses flatteries.
Tel fut, en effet, le sort des publicains et des banquiers, que l’on appelait la force de la patrie, la fleur des chevaliers ; que l’on comparait, d’autre part, à la même époque, à des bêtes féroces, et à l’égard desquels, il faut bien le reconnaître d’ailleurs, les récriminations furent bien plus souvent justifiées que les adulations ou les éloges.
Les publicains furent constamment mêlés, par la nature même de leurs actes, aux plus grandes affaires de l’État ; il ne faut donc pas s’étonner que les faits rapportés par l’histoire sur leur compte, soient assez nombreux. Il n’en fut pas de même des banquiers, qui restèrent presque toujours agents ou intermédiaires des intérêts privés.
Nous allons constater, l’histoire en mains, que les publicains, à raison de leurs privilèges, acquirent, en droit et en fait, une telle puissance dans l’État, qu’ils finiront par en devenir les maîtres, jusqu’au moment où les généraux, restant à la tête de leurs armées après la victoire, en vinrent à se disputer le pouvoir, dans Rome même.
Les banquiers suivirent les publicains dans leur fortune politique, parce qu’ils appartenaient à la même classe et se mouvaient, pour ainsi dire, dans leur orbite. Nous les verrons fonctionner, en se développant, sur le terrain de leurs opérations, au Forum et dans les basiliques.