Les manieurs d'argent à Rome jusqu'à l'Empire
LES
MANIEURS D’ARGENT
A ROME
JUSQU’A L’EMPIRE
ÉTUDE HISTORIQUE
Les Romains ne nous ont laissé aucun livre, ni même aucune dissertation, sur les publicains ou les manieurs d’argent. Tout ce qui se rattache à cette classe de citoyens, qui joua un rôle si important pendant plus de trois siècles, doit être recueilli dans les paroles que les historiens, les poètes, les orateurs ou les juristes ont consacrées, fréquemment, sans doute, mais presque toujours incidemment, aux financiers, aux travaux publics, et à la perception de l’impôt. C’est donc un tableau qu’il faut reconstituer dans son ensemble, avec des documents très épars, mais heureusement assez nombreux, dans les écrits antérieurs à l’empire. Ceux qui sont d’une date ultérieure sont presque muets, parfois inexacts, et c’est probablement pour cela, que les publicains n’ont pas été placés par les historiens et surtout par les juristes, au rang que leur mériterait l’influence qu’ils ont exercée autour d’eux, jusqu’à Auguste.
Les publicains sont les manieurs d’argent, les spéculateurs qui, avec les banquiers et les magistrats concussionnaires, enrichis dans les provinces soumises, ont été longtemps les véritables maîtres de l’univers.
Pour mettre au jour leur œuvre politique et financière, expliquer leur action sociale, la comprendre sans s’en étonner, il faut caractériser le milieu dans lequel ils ont vécu, déterminer les traditions, les doctrines, les lois et les mœurs ploutocratiques, avec l’appui desquelles ils ont déployé leurs excès et leur puissance. C’est ce que nous allons essayer d’abord ; nous arriverons ensuite, directement, aux publicains et aux banquiers eux-mêmes.
Ils se développèrent vers l’époque des guerres puniques, sur un sol qui semblait progressivement se préparer pour eux. Ils apparurent, et l’ivraie ne tarda pas à absorber le bon grain.