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Hier et demain : $b pensées brèves

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CHAPITRE VII
Les explications et les causes.

Il n’y a guère de causes simples en histoire. Chacune est entourée d’un cortège d’éléments invisibles plus actifs que les causes visibles immédiates.


Une des caractéristiques de mentalité primitive est d’attribuer des causes simples aux phénomènes.


L’interprétation simpliste des causes a toujours faussé l’histoire. De grands événements comme la guerre mondiale ont rarement pour origine la volonté d’un seul homme. Les sources en sont profondes, lointaines et variées. La décision d’un souverain ne peut agir qu’après leur lente accumulation.


Aux esprits supérieurs seuls apparaît l’extrême complexité des causes, la difficulté de les relier aux effets observés et l’impossibilité d’expliquer les origines réelles du phénomène le plus simple, la chute d’une pierre par exemple.


Dans la genèse des phénomènes historiques les causes s’additionnent en progression arithmétique et leurs effets en progression géométrique. Des causes infimes peuvent donc, à certains moments, engendrer des effets considérables.


Examinée au point de vue de la raison pure, la guerre mondiale apparaît à sa naissance et durant son évolution comme un chaos d’invraisemblances. Elle contribuera à montrer aux théoriciens qui en doutaient encore le faible rôle joué par la raison sur les actions des peuples.


On ne saisit bien les origines de la guerre imposée par l’Allemagne qu’en lisant les dissertations de ses philosophes, de ses historiens et de ses économistes depuis un demi-siècle. Leurs conclusions sont nettement résumées dans cette déclaration récente d’un professeur germain : « L’Allemand a conscience de ses droits et de ses devoirs et il entend prendre la direction du monde. »


Le rôle du philosophe ne consiste pas à rechercher la valeur rationnelle des mobiles faisant mouvoir les hommes, mais l’influence que ces mobiles exercent.


Dans leurs interprétations le savant et l’ignorant débutent par des hypothèses. Mais alors que l’hypothèse est aux yeux du savant une simple supposition tenue pour provisoire jusqu’à sa vérification, elle constitue une certitude pour l’ignorant.


L’hypothèse admise sans contrôle retarde longtemps la découverte de la vérité.

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