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Hier et demain : $b pensées brèves

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CHAPITRE II
Éléments psychologiques des batailles.

L’histoire des peuples se compose surtout du récit de leurs batailles. Les périodes de paix furent des accidents éphémères.


Les guerres utilisent des armes matérielles, mais leurs vrais moteurs sont des forces psychologiques. Chaque canon, chaque baïonnette, est enveloppé d’une atmosphère de forces invisibles dirigeant les sentiments et les actions des combattants.


Napoléon disait à Sainte-Hélène que la destinée d’un pays dépend parfois d’un seul jour. L’Histoire justifie cette assertion, mais montre aussi qu’il faut généralement beaucoup d’années pour préparer ce seul jour.


Pas d’armée puissante sans un idéal pour guide. Amour de Rome chez ses légionnaires, appât du butin chez les reîtres du Moyen Age et les Germains de toutes les époques, amour de la gloire chez les soldats de Napoléon, religion du devoir chez les volontaires anglais, amour de la patrie chez les Français actuels.


Les mobiles d’action des armées ont varié à travers les âges. L’espoir du butin et la peur du châtiment, seuls facteurs psychologiques utilisés par les anciens chefs, n’ont d’influence aujourd’hui que chez des races dont la civilisation n’a pas effacé encore les primitifs instincts.


Les actions collectives, dont le rôle social était déjà si grand, tendent à prendre une influence prépondérante dans les batailles modernes. Celle de la Marne est une bataille collective.


La force d’une armée tient surtout à ce que l’homme en foule perd son égoïsme individuel pour acquérir un égoïsme collectif.


Toute-puissante dans la vie sociale, la contagion mentale représente également une des bases les plus sûres de la conduite du soldat. Elle est la véritable créatrice de la cohésion et de la solidité d’une armée.


La force de résistance d’un peuple grandit immensément quand il a pour ennemi un dévastateur sans pitié, menaçant les faibles d’une servitude sans espoir.


Ne reconnaître dans une guerre ni lois, ni traités, est assurément un avantage momentané pour l’envahisseur, mais il crée chez les vaincus une accumulation de haines à laquelle ne peut résister aucun vainqueur.


L’expérience semble prouver que dans les guerres modernes de tranchées les armées s’usent lentement par le fait seul de la défensive. L’usure complète constituerait la défaite.


Une défaite n’est rien si le vaincu ne désespère pas. On a justement fait remarquer qu’aucun peuple ne subit plus de défaites que les Romains. Appuyés cependant sur la constance de leur volonté, ils finissaient toujours par triompher.


La guerre est surtout une lutte de volontés.


Dans les batailles prolongées et indécises, où l’équivalence des forces crée l’équivalence des lassitudes, le succès appartient forcément à celui qui sait prolonger la lutte quelques instants de plus que son adversaire.


La guerre a révélé que prévoir et oser étaient les qualités qui manquaient le plus aux généraux médiocres.

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