Hier et demain : $b pensées brèves
CHAPITRE III
L’âme nationale et l’idée de Patrie.
L’âme d’une race régit sa destinée. Il faut des générations pour la créer, et parfois peu d’années pour la perdre.
L’âme collective d’une foule diffère beaucoup de l’âme collective d’une race. La première est transitoire, la seconde permanente.
Les grandes nations modernes sont des agrégats de races diverses, dont l’âme a été unifiée par un long passé de vie commune, d’intérêts, de croyances et de sentiments identiques.
En raison de leur structure psychologique dissemblable, les races sont diversement impressionnées par les mêmes sujets. Sentant et agissant de façons différentes, elles ne sont pas accessibles aux mêmes évidences et ne sauraient dès lors se comprendre.
C’est la supériorité de son âme ancestrale qui distingue le civilisé du barbare. L’éducation ne saurait donc les égaliser.
La race est la pierre angulaire sur laquelle repose l’équilibre des nations. Elle représente ce qu’il y a de plus stable dans la vie d’un peuple. Des croisements répétés pouvant la dissocier, l’influence des étrangers est fort dangereuse. De tels croisements détruisirent jadis la grandeur de Rome. Elle perdit sa puissance en perdant son âme.
Les traditions nationales représentent un des principaux éléments fixateurs de l’âme des peuples. Sans elles, chaque génération devrait recommencer à chercher péniblement des guides pour orienter sa conduite.
L’évanouissement de l’âme individuelle transitoire dans l’âme permanente de la race, sous l’influence d’un grand péril national, fortifie considérablement l’unité mentale d’un peuple.
Quand l’intérêt de la race se substitue entièrement chez un peuple à l’instinct de la conservation individuelle, la résistance de ce peuple à ses agresseurs devient infinie. On peut le détruire, on ne le soumet pas.
Le patriotisme est la plus puissante manifestation de l’âme d’une race. Il représente un instinct de conservation collectif qui, en cas de péril national, se substitue immédiatement à l’instinct de conservation individuelle.
La patrie reste une abstraction un peu vague pendant la paix. Sa puissance apparaît seulement quand elle est menacée. Dégagée alors du voile mystique qui l’enveloppait, elle devient une réalité assez forte pour transformer la conduite d’un peuple.
La patrie n’est pas constituée seulement par le sol où nous vivons, mais aussi par les ombres des aïeux qui continuent à vivre en nous et contribuent à élaborer notre destinée.
Défendre la patrie, c’est pour un peuple défendre à la fois son passé, son présent et son avenir.
Le patriotisme acquiert toute sa valeur en devenant mystique. Qui ne serait patriote que par raison le serait fort peu.
Un peuple chez lequel s’affaiblit l’idée mystique de patrie disparaît de l’histoire sans même avoir le temps de parcourir toutes les étapes de la décadence.
Les guerres sont les plus sûrs agents de consolidation d’une âme nationale.
Les États-Unis avaient atteint le faîte de la puissance industrielle et commerciale, mais leur âme nationale n’était pas encore très stable. La guerre l’aura définitivement fixée.
Les conspirations allemandes en Amérique ont prouvé la difficulté pour un peuple d’absorber des éléments étrangers. Si les vivants peuvent fondre leur langue, leurs mœurs et leurs intérêts, les morts qui les guident restent rebelles à cette fusion. On ne change pas de race en changeant de latitude.
L’âme des races a des frontières qui ne se franchissent pas.
La patrie ne se défend bien qu’avec des qualités ancestrales. Il suffisait à l’Angleterre d’une organisation habile pour créer en deux ans une armée bien équipée, mais pour infuser à cette armée les qualités de ténacité et de vaillance capables de transformer des volontaires indécis en vétérans intrépides, il fallait l’influence de la race. Les régiments et les canons se créent en quelques mois. Des siècles sont nécessaires pour forger le cœur des hommes qui les manient.
La guerre révèle à un peuple ses faiblesses, mais aussi ses vertus.
La guerre transformerait certains peuples au point de changer le futur déroulement de leur histoire s’ils pouvaient conserver pendant la paix une faible partie des qualités manifestées pendant la guerre.
Les guerres provoquées par des haines de races peuvent se reculer, mais ne s’évitent pas.