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Hier et demain : $b pensées brèves

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CHAPITRE III
Le conflit entre les conceptions chimériques et les nécessités économiques.

Bien que souvent invisibles, les nécessités économiques sont les grandes régulatrices du monde moderne.


L’État avec son inexpérience, sa rigidité, son irresponsabilité et l’indifférence de ses employés, ne saurait intervenir dans les rouages compliqués du commerce sans les fausser entièrement.


Les théories politiques illusoires exercent parfois plus de ravages que les canons. Les conceptions socialistes sur le pacifisme, la lutte des classes, la destruction du capital furent les causes principales d’erreurs militaires et économiques sous le poids desquelles la France faillit succomber.


Oublieux de la puissance des lois économiques qui mènent le monde, la plupart des hommes politiques restent persuadés que les formules et les décrets issus de leurs craintes ou de leurs désirs peuvent changer le cours des choses.


Une des expériences les plus démonstratives du danger de violer les lois économiques est fournie par les résultats des taxations pendant la guerre. Elles contribuèrent à la disette de charbon et de divers aliments.


L’activité possible d’un peuple dépend de toute une série de facteurs indépendants de ses désirs : production de son sol, chiffre de sa population, aptitudes de sa race surtout.


Un pays qui, sous prétexte de se suffire à lui-même, refuserait d’acheter au dehors les matières premières : coton, soie, houille, etc., nécessaires à diverses industries, déterminerait la mort de ces industries et des commerces qui s’y rattachent.


Certaines exportations d’articles de luxe peuvent être facilitées par des sympathies internationales. Celles des matières premières indispensables, telles que la houille ou le coton, dépendent de nécessités impérieuses supérieures à tous les sentiments.


Prétendre cesser les relations commerciales avec un peuple qui peut seul obtenir économiquement certains produits indispensables constitue une illusion dangereuse. Le boycottage des personnes est utile, celui des marchandises fabriquées souvent nécessaire, celui des matières premières impossible.


Supprimer le risque et la concurrence dans les entreprises industrielles, comme le rêvent encore les socialistes latins, serait tarir tous les progrès de la civilisation.


L’exploitation de nos richesses industrielles et agricoles après la guerre exigera un développement immense du crédit nécessitant une décentralisation financière d’où résultera la renaissance des anciennes banques provinciales que les grandes sociétés firent disparaître. Seules ces banques régionales peuvent apprécier la valeur des industries locales et par conséquent le crédit qu’elles méritent.


La diversité des conseils donnés par les théoriciens sur le sens de nos futurs efforts montre qu’ils tiennent plus de compte de leurs désirs que des possibilités économiques.


En poursuivant l’édification de sociétés imaginaires filles de la raison pure, les théoriciens préparent la décadence des nations où ils vivent.


L’établissement d’une ligue pour la paix semble facile parce que, malgré tous les enseignements de l’histoire, on suppose les alliances capables de survivre à des intérêts économiques contradictoires.


L’affirmation des diplomates allemands que les petits États doivent disparaître au profit des grands dérive d’une conception jadis exacte mais inapplicable à l’évolution économique actuelle du monde. Une fédération de petits États gardant leur indépendance est aujourd’hui possible alors que leur annexion ne saurait être maintenue que par une oppression militaire fort coûteuse.


Avec l’évolution des idées résultant de l’observation des faits, la domination de territoires étrangers, but principal de la guerre actuelle, apparaîtra bientôt comme une opération ruineuse dans le présent et sans profit pour l’avenir.


Développer la production et supprimer tous les obstacles dont les socialistes cherchèrent à l’entraver, devrait être le but essentiel de notre future politique.


Le premier ministre de la Grande-Bretagne disait au Parlement que l’avenir des peuples dépendra du parti qu’ils sauront tirer des enseignements de la guerre. Le monde est entré, en effet, dans une phase de civilisation où l’action des chimères serait aussi funeste que celle des plus destructives invasions.

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