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Hier et demain : $b pensées brèves

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CHAPITRE VII
L’art de persuader et l’art de commander.

L’âme du chef faisant celle du soldat, une troupe qui perd le chef sachant la commander perd en même temps sa cohésion et prend bientôt l’inconsistance d’une foule.


Les galons facilitent le commandement, mais ne créent pas l’art de commander.


Les grades n’établissent qu’une hiérarchie factice souvent illusoire en temps de guerre. La valeur morale seule peut créer l’obéissance, le respect et le dévouement chez les subalternes.


L’art de commander n’est complet que s’il a pour soutien l’art de persuader.


Les traités de rhétorique donnent des règles pour composer des discours, ils ne sauraient enseigner l’art de persuader.


Dans les harangues destinées à persuader une collectivité on peut invoquer des raisons, mais il faut d’abord faire vibrer des sentiments.


La raison convainc quelquefois pour un instant, elle ne fait pas agir. Les grands meneurs d’hommes y ont rarement recours.


Le maniement des lois psychologiques conduisant les foules est indispensable pour inculquer à une collectivité l’esprit de corps.


On accroît énormément la valeur d’une troupe en créant chez elle l’esprit de corps. Grâce à lui certains régiments acquirent pendant la guerre une réputation telle qu’on avait toujours recours à eux dans les circonstances où il fallait des hommes ne fléchissant jamais.


Dans une troupe possédant l’esprit de corps, la gloire et l’émulation sont collectives. Ces sentiments s’étendent par contagion mentale aux unités nouvelles introduites dans cette troupe, à la condition que les hommes incorporés ne soient pas trop nombreux.


La confiance du soldat dans ses chefs est un des plus importants éléments de sa valeur.


Au chef dont l’âme est en communication intime avec celle de ses hommes la parole est inutile : un geste, un regard suffisent.


Entretenir la bonne humeur et la gaieté chez des soldats que la mort menace à chaque minute est un art qu’aucun chef ne doit ignorer.


Certains mots accroissent les énergies et rendent le soldat invincible. Il faut être déjà un grand chef pour les penser et les dire.


On agit facilement sur les hommes isolés en faisant appel à leurs intérêts, c’est-à-dire à leur égoïsme. Les multitudes n’étant pas égoïstes, il faut, pour les séduire, utiliser d’autres mobiles.


L’affirmation, la répétition, le prestige et la contagion constituent les grands facteurs de la persuasion, mais leurs effets dépendent de celui qui les emploie.


Pour persuader il faut, suivant les cas, s’adresser aux influences affectives, mystiques ou collectives qui mènent les hommes, et fort peu à leur intelligence.


La controverse est rarement un moyen de persuasion. Contredire une opinion ne fait souvent que la fortifier. Les idées d’un adversaire se modifient en l’amenant à se convaincre lui-même par une série de suggestions et de réflexions qui germent lentement ensuite dans l’inconscient. Les femmes connaissant d’instinct ce procédé persuadent facilement.


Un orateur change aisément l’opinion de ses auditeurs, mais son influence étant éphémère, il agit peu sur leur conduite.


Les votes d’une assemblée immédiatement après un discours ou le lendemain de ce discours sont souvent fort différents.


En subjuguant les cœurs on domine facilement les volontés.

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