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Hier et demain : $b pensées brèves

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CHAPITRE VI
Les formes du courage.

La résistance au sentiment naturel de crainte produite par le danger constitue le courage. Si le danger, tout en restant menaçant, cesse d’être immédiat, le courage nécessite de la persévérance.


Le courage militaire a beaucoup évolué dans le cours de l’histoire. Des héros antiques aux barons féodaux, nul guerrier n’osait affronter d’inoffensifs javelots et d’incertaines flèches sans la protection d’une pesante armure. La tempête de fer à laquelle le soldat moderne s’expose sans protection les eût fait reculer d’horreur.


Jadis un moment d’héroïsme suffisait pour assurer l’immortalité. Conquérir aujourd’hui une ligne de tranchées exige une continuité du courage inconnue aux guerriers d’Homère. Achille est célèbre depuis trois mille ans pour des exploits qui, de nos jours, ne lui vaudraient pas la croix de guerre.


Les guerres modernes ont substitué au courage intermittent et irréfléchi le courage continu et prudent. Beaucoup plus utile que le premier, il est plus difficile à créer.


L’héroïsme silencieux des luttes souterraines d’aujourd’hui et celui de l’aviateur perdu dans l’immensité sont bien supérieurs aux héroïsmes éclatants mais momentanés des anciennes batailles.


Le courage discontinu n’est transformé par l’habitude en courage continu que si les dangers répétés sont semblables. Tel qui se montre héroïque à l’assaut sera effrayé par un engin ignoré.


Le courage devant un danger imprévu exige une volonté forte nécessitant une dépense nerveuse qui ne saurait se prolonger et ne peut être réparée que par un long repos.


Savoir transformer en habitude un danger, une fatigue, un ennui, c’est les rendre facilement acceptables.


L’attention n’étant pas divisible peut être dérivée. On détourne utilement les préoccupations du soldat par des exercices variés et continus.


Chaque groupe militaire finit par posséder une bravoure collective. Elle demande toujours un certain temps pour se former.


Un homme courageux, sorti de son groupe et placé dans un autre où il est inconnu, perd parfois beaucoup de sa bravoure.


Une même collectivité militaire peut osciller de la peur à l’héroïsme, suivant le chef qui la commande.


Convaincre une troupe de sa supériorité, c’est lui insuffler un héroïsme continu, générateur de succès.


Une des infériorités psychologiques de la défensive est de déprimer le courage, alors que l’offensive le stimule.


La tranchée a prouvé que la valeur se mesure à la ténacité, l’endurance, l’initiative, le courage, la volonté, le jugement, qualités que n’enseignent pas les livres et qui dépendent uniquement du caractère.


L’héroïsme n’a pas de caste.

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