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Hier et demain : $b pensées brèves

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CHAPITRE VI
Les interprétations de l’histoire.

L’histoire comporte des témoignages, des principes et des méthodes. Il faut se défier des témoignages, douter des principes et n’accepter que les méthodes.


La notion de pourcentage devrait être à la base des observations psychologiques et sociales. Les faits isolés ne prouvent rien, seul leur degré de fréquence relative est important à connaître.


L’histoire de la guerre, telle que les Allemands l’écrivent, montre avec quelle facilité les auteurs déforment les faits quand ils contredisent leurs convictions ou leurs principes.


En attribuant aux intérêts économiques un rôle prépondérant, les théoriciens de la conception matérialiste de l’histoire oublient que ces intérêts se trouvent facilement balayés par des forces psychologiques dont les plus puissantes seront toujours les impulsions mystiques.


Une vision exacte mais fragmentaire d’un événement conduit à des interprétations inexactes dès qu’on l’applique à une autre partie du même événement.


C’est parce qu’elle se compose surtout de visions fragmentaires généralisées que l’histoire reste si incertaine.


Ce que contient souvent de plus sûr un livre d’histoire n’est pas le récit des événements, mais la mentalité de l’écrivain qui les raconte.


Les générations qui forgent l’histoire d’une époque ne surent jamais l’écrire. Les vivants n’ont un peu d’impartialité que pour les morts.


Les historiens voient généralement les événements passés à travers les idées du temps où ils vivent. C’est pourquoi les hommes et les doctrines populaires à une époque semblent exécrables à une autre. Le pape Alexandre VI et César Borgia furent sympathiques à leurs contemporains. Machiavel ne devint antipathique qu’après sa mort. La Saint-Barthélemy provoqua un tel enthousiasme dans divers pays que plusieurs médailles furent frappées pour la commémorer. Le pape fit reproduire sur les murs du Vatican, où on les voit encore, les détails du massacre.


Les textes, les médailles, les monuments permettent de reconstituer le squelette du passé, mais qui ne sait pas déterminer les sentiments et les idées dont ils dérivent ignore tout de l’histoire.


Création du passé, le présent est générateur d’avenir. Étudier les changements révolus permet souvent de pressentir les événements futurs. Demain est la floraison d’aujourd’hui et d’hier.


Un fait historique n’apprend rien, séparé de sa genèse.

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