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Hier et demain : $b pensées brèves

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CHAPITRE III
L’incompréhension entre races différentes.

L’incompréhension régit les rapports entre les êtres de race, d’éducation et de sexe différents, parce que les mêmes sensations et les mêmes mots éveillent chez eux des idées et des sentiments dissemblables.


La guerre a montré une fois de plus à quel point les peuples se connaissaient peu. L’Allemagne ignorait l’âme de la France et de l’Angleterre. Nous n’ignorions pas moins celle de l’Allemagne.


Les peuples ont appris par la lutte actuelle combien variait, suivant les races, le sens de certains mots abstraits : droit, liberté, justice, humanité, force et bien d’autres. Les philosophes le savaient déjà.


Un des plus frappants exemples d’incompréhension entre hommes de races différentes est fourni par ce fait que les socialistes allemands et français s’étaient rencontrés dans de nombreux congrès sans avoir jamais soupçonné leurs divergences d’idées, de sentiments et même de doctrines.


Possible dans le domaine des intérêts, l’internationalisme ne l’est pas dans celui des sentiments.


La persistance des haines de race tient à ce que les hommes de mentalités dissemblables réagissent de façons différentes sous des excitations semblables. Croyances, jugements, visions de la vie, tout chez eux diffère.


Si les idées des peuples étrangers ou des peuples morts sont souvent inaccessibles, c’est que nous ne pouvons les juger qu’à travers notre propre mentalité. Comment comprendre aujourd’hui, par exemple, un Romain divinisant les empereurs, les cités et même de simples abstractions comme la concorde ?


Les professeurs qui déclaraient autrefois le peuple allemand un admirable modèle le donnent aujourd’hui comme type de la barbarie. Ils auraient évité de telles variations d’opinion en étudiant ses doctrines philosophiques. Les conquêtes et les massacres des Germains sont, en effet, de simples applications des enseignements que propageaient depuis longtemps leurs livres.


L’âme d’un peuple nous est impénétrable quand elle s’écarte trop de la nôtre et surtout lorsque, n’étant pas encore stabilisée, elle varie sans cesse avec les circonstances. Les oscillations de l’âme russe nous restent pour cette raison incompréhensibles.


Pour se supporter, les êtres de mentalité différente doivent s’éviter. Dès qu’ils se fréquentent, leurs divergences psychologiques entrent en conflit.


Nous considérons volontiers comme privé de tout jugement l’homme qui n’a pas notre jugement.

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