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Hier et demain : $b pensées brèves

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CHAPITRE VII
La cohésion sociale et la solidarité.

Les armes ne suffisent pas à constituer la puissance d’un peuple. Elle réside surtout dans la cohésion mentale créée par l’acquisition de sentiments communs, d’intérêts communs, de croyances communes. Tant que ces éléments ne sont pas stabilisés par l’hérédité, l’existence d’une nation reste éphémère et à la merci de tous les hasards.


Même invisible, l’influence de l’ordre social pèse d’un poids énorme sur notre vie journalière. Elle oriente nos pensées et nos actes beaucoup plus que tous les raisonnements.


Une société se maintient par l’équilibre des intérêts de ses membres. Quand cet équilibre est rompu, les appétits et les haines, contenus grâce aux freins sociaux lentement édifiés, se déchaînent librement. Le pouvoir change alors sans cesse de mains et l’anarchie dure jusqu’au jour où une autorité forte, apte à rétablir l’ordre, est universellement réclamée.


A défaut de communauté ethnique, la foi en un même idéal religieux, politique ou social, peut créer chez un peuple l’identité de pensées et de conduite nécessaire au maintien de son existence.


L’union des partis politiques est indispensable à un pays pour lutter contre ses ennemis. Si les dissensions qui nous avaient conduits au bord de l’abîme renaissaient après la guerre, la France se verrait menacée d’une irrémédiable décadence.


Il ne serait pas inutile de rappeler par une inscription gravée dans l’enceinte des parlements que les peuples n’ayant pas su, comme jadis les Grecs et plus tard les Polonais, renoncer à leurs luttes intestines, finirent par la servitude et perdirent jusqu’au droit d’avoir une histoire.


Un parti politique tenant à être utile s’attacherait à prouver aux foules que la fusion des classes doit remplacer leurs rivalités. Vainement tentée pendant longtemps, cette fusion deviendra peut-être possible avec la démonstration pratique des bienfaits de l’association.


Aux rapports impersonnels et froids des diverses classes sociales, la vie des tranchées aura substitué des relations cordiales et une discipline sans raideur. Quand les hommes se connaissent, ils constatent vite qu’ils s’égalisent sur beaucoup de points et que les différences d’origine livresque sont sans importance.


Les émotions collectives résultant d’une guerre prolongée rapprochent les hommes qui les ont ressenties en commun. Elles créent entre eux une solidarité susceptible de survivre à la disparition de ces émotions.


Les peuples dont la solidarité n’aura pas été définitivement fixée par la guerre verront sûrement succéder aux luttes militaires les batailles socialistes, les batailles économiques et bien d’autres encore.


La solidarité fondée sur l’intérêt possède une base solide, celle appuyée sur la fraternité ou la charité fut toujours fragile. C’est aux groupements d’intérêts similaires que l’Allemagne doit beaucoup de ses progrès économiques.


Les transformations sociales utiles ne dériveront pas des théories socialistes actuelles, mais d’une solidarité sans dogme qui se préoccupera surtout d’améliorer l’existence de chacun par une éducation mieux adaptée aux besoins nouveaux et par des formes diverses d’association.


Si le mot solidarité arrivait à remplacer celui de socialisme un grand progrès serait réalisé, car la puissance des mots est généralement supérieure à celle des doctrines.


Inutile de prêcher aux hommes qu’ils sont frères, chacun sachant bien que ce n’est pas vrai. Plus inutile encore de les exhorter à des luttes de classes. Elles sont créatrices de ruines réciproques. Il faut simplement leur prouver qu’ils ont intérêt à s’aider en associant leurs efforts.

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