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Hier et demain : $b pensées brèves

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CHAPITRE V
Les Opinions individuelles et la conduite.

Au point de vue intellectuel, la valeur de l’homme dépend d’abord de son jugement, puis du nombre et de la précision de ses informations. Au point de vue de la conduite, elle dépend de son caractère.


La véritable personnalité d’un individu ou d’un peuple réside moins dans son intelligence que dans son caractère.


L’homme intelligent sans caractère reste toujours un mené et ne devient jamais un meneur. Il est rarement le maître de sa conduite.


Les opinions que l’on professe exercent généralement une influence assez faible sur la conduite que l’on pratique.


Beaucoup d’hommes ont raison d’affirmer l’invariabilité de leurs opinions, mais tort de s’en vanter. C’est montrer qu’ils n’ont rien appris depuis le jour où elles se sont formées. Une preuve aussi évidente d’ignorance ou d’imbécillité ne s’affiche pas.


Rares sont les esprits capables d’édifier leurs opinions sur des réflexions personnelles. La race, le groupe social, le milieu, la profession, le journal suffisent le plus souvent à orienter les idées et alimenter les discours.


Penser collectivement est la règle générale. Penser individuellement l’exception.


La valeur attribuée à une opinion ne dépend pas généralement de sa justesse, mais du prestige possédé par celui qui l’énonce.


La plupart des êtres restent enveloppés d’un réseau d’opinions, de préjugés et d’erreurs qui leur voile les réalités. Ils traversent la vie sans y percevoir autre chose que les visions de leurs rêves ou les récits de leurs livres.


Dans les grands cataclysmes sociaux, l’âme individuelle est tellement dominée par l’âme collective que les esprits les plus éminents perdent leurs facultés critiques et deviennent incapables de percevoir clairement aucune évidence.


Chez les individus, et surtout chez les peuples, les blessures d’intérêt s’oublient assez facilement. Celles d’amour propre ne se pardonnent pas.


Le remords, sentiment individuel, est ignoré des collectivités. Les pires crimes d’une nation trouvent chez elle autant de défenseurs que ses vertus.


S’ignorer vaut mieux parfois que se connaître.


La véritable connaissance de soi-même rendrait généralement fort modeste.


On rencontre beaucoup d’hommes parlant de liberté, mais on en voit très peu dont la vie n’ait pas été principalement consacrée à se forger des chaînes.


Nos vertus resteraient parfois bien incertaines si, à défaut de l’espoir d’une récompense, elles n’avaient la vanité pour soutien.


L’homme est le vrai créateur de sa destinée. Il reste une épave dans la vie quand il n’en est pas convaincu.


Les volontés précaires se traduisent par des discours, les volontés fortes par des actes.


Tâcher de modifier sa vie intérieure est plus utile au bonheur que d’user ses forces à poursuivre la transformation de sa vie extérieure.

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