← Retour

Hier et demain : $b pensées brèves

16px
100%

CHAPITRE II
La volonté et l’effort.

La bataille de la Marne, qui sauva Paris de la destruction et représente le plus important événement de notre vie nationale, est un mémorable exemple du rôle dominateur de la volonté des hommes sur les prétendues fatalités de l’histoire.


Une des plus fécondes découvertes de la psychologie moderne est d’avoir montré que notre activité consciente constitue la manifestation superficielle d’une activité inconsciente beaucoup plus importante.


La volonté peut être consciente ou inconsciente. Dans la volonté inconsciente la décision arrive toute formée dans le champ de la conscience. La volonté consciente est au contraire précédée d’une délibération et par conséquent d’une évaluation des motifs.


La décision volontaire la plus réfléchie contient presque toujours une part de volonté inconsciente ayant contribué sinon à la faire naître, du moins à la fortifier. Quand le président des États-Unis déclara la guerre à l’Allemagne il est probable que dans la balance des motifs où se pèsent nos décisions vinrent inconsciemment agir des facteurs tels que l’utilité d’une armée en cas de conflit avec le Mexique ou le Japon, l’importance prépondérante du rôle à prendre pour les États-Unis dans les affaires du monde, etc. De ce bloc de motifs la décision belliqueuse finit par jaillir.


S’il existe parfois une grande divergence entre les actes d’un homme et ses propos, c’est que la volonté inconsciente peut différer nettement de la volonté consciente créée par des influences superficielles. On le vit au début de la guerre quand pacifistes et socialistes agirent d’une façon si opposée à leurs doctrines.


La volonté inconsciente créée par les aïeux, puis fortifiée par l’éducation et les influences du milieu, dirige les actes. La volonté consciente dirige surtout les discours.


La place de l’homme dans la vie est marquée non par ce qu’il sait, mais par ce qu’il veut et ce qu’il peut.


Les événements dominent les volontés faibles. Ils sont dominés par les volontés fortes.


Pour progresser, il ne suffit pas de vouloir agir, il faut d’abord savoir dans quel sens agir.


La clairvoyance est plus rare encore que la volonté.


La guerre a réveillé en France les vieilles énergies. Notre situation économique dans le monde dépendra de la continuité de nos efforts pendant la paix.


L’homme d’action est un constructeur ou un destructeur suivant la direction de ses efforts.


Le progrès naît de la continuité de l’effort ; la décadence, du repos.


Le seul moyen d’obtenir la continuité de l’effort est de transformer cet effort en habitude par une éducation convenable. Ce n’est pas à l’instruction livresque qu’un tel résultat peut être demandé.


L’effort continu est un véritable créateur de miracles. Grâce à lui, un pays aussi peu militariste que l’Angleterre créa une armée de 4 millions de combattants et transforma toutes ses conditions d’existence.


Dans les guerres modernes où les grandes manœuvres sont rares, l’intelligence organise la préparation, mais la continuité d’effort des combattants est une condition principale de succès.


L’évolution prochaine du monde conduira les peuples à compter un peu sur leurs alliances, mais beaucoup plus sur leurs propres efforts. Ayant expérimentalement appris la faible valeur du droit sans force, ils devront acquérir la puissance nécessaire pour ne jamais devenir des vaincus.


L’inaction morne de certains hommes rebelles à tout effort ne diffère pas sensiblement du repos de la tombe. Ces morts vivants n’ont de la vie que l’apparence.

Chargement de la publicité...