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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1/2

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FINANCES ROYALES.

Chef du Conseil Royal des Finances.

M. De Beauvilliers, ruë Sainte Avoye[1].

[1] Paul, comte de Saint Aignan, puis duc de Beauvilliers, gouverneur du duc de Bourgogne. Il étoit chef du Conseil des finances, depuis 1685, et le roi l’avoit fait ministre d’état en 1691. Il habitoit rue Sainte-Avoie, englobée aujourd’hui, comme on sait, dans la rue Vieille-du-Temple, l’Hôtel d’Avaux, qui prit à cause de lui le nom d’Hôtel Saint Aignan, inscrit encore au-dessus de la haute porte, seule partie qui en soit restée à peu près intacte.

Contrôleur Général des Finances.

M. de Ponchartrain[2], au bout de la ruë Vivienne devant les Filles Saint Thomas[3].

[2] Louis Phelippeaux de Pontchartrain fut dix ans, de 1689 à 1699, contrôleur général des finances. Il fut ensuite chancelier de 1699 à 1704. M. de Maurepas, ministre sous Louis XVI, étoit son petit-fils.

[3] L’année précédente, il logeoit dans un tout autre quartier : « M. de Pontchartrain a son hôtel à Paris, près les Carmes dechaussez du faubourg Saint-Germain. » Edit. de 1691, p. 5.

Intendans des Finances.

M. De Breteuil, ruë du grand Chantier[4].

[4] François le Tonnelier de Breteuil, d’abord conseiller au Parlement, puis intendant en Picardie et en Flandre, et enfin, en janvier 1684, intendant des finances et conseiller d’État.

M. Le Pelletier, ruë Couture Sainte Catherine[5].

[5] Michel Le Pelletier de Souzy, qui, après avoir été conseiller au Parlement, et successivement intendant de Franche-Comté et de Flandre, s’étoit trouvé en passe de devenir contrôleur général à la place de son frère. C’est celui-ci qui lui fit préférer Pontchartrain, « par un motif rare de conscience », dit Saint-Simon dans une note sur Dangeau, mais par pure jalousie, suivant nous. — Son hôtel de la rue Culture est occupé aujourd’hui par la pension Jauffret.

M. De Caumartin, ruë Sainte Avoye[6].

[6] L. Lefèvre de Caumartin, marquis de Saint-Ange, fut intendant des finances de 1690 à 1715, après avoir été conseiller au Parlement et maître des requêtes. M. de Caumartin, prévôt des marchands de 1778 à 1784, qui donna son nom à l’une des rues de la Chaussée-d’Antin, étoit son petit-fils.

M. Du Buisson, ruë Simon le Franc[7].

[7] Beau-frère de Sonning, qui, beaucoup plus connu que lui, — nous en parlerons plus loin, — avoit aidé à sa fortune.

M. De Chamillart, à la Place Roiale[8].

[8] « Rue des Bernardins. » Edit. 1691, p. 6. — C’est Michel de Chamillard, qui, après avoir été maître des requêtes, intendant à Rouen, puis, en 1690, intendant des finances, eut une fortune si haute, lorsque de cette dernière charge, étant passé, en 1699, à celle de contrôleur général, qu’il garda jusqu’en 1707, il finit par devenir alors ministre de la guerre.

M. Darmenonville, vieille ruë du Temple[9].

[9] Il devint plus tard directeur des finances. Il avoit de très-grands biens, entre autres Rambouillet, qu’il échangea avec le roi, pour qu’il y mît un haras, et la Muette qu’il vendit à Mme de Berry, fille du Régent. La direction des finances, dont il étoit titulaire, ayant été supprimée, il eut une pension de douze mille livres, et en attendant qu’on le fît secrétaire d’Etat des affaires étrangères, la charge, créée exprès pour lui, de capitaine du bois de Boulogne. Il y fit bâtir le pavillon, qui s’appelle encore à cause de lui « pavillon d’Armenonville. »

Gardes du Trésor Royal.

M. De Frémont, ruë Neuve Saint Augustin[10].

[10] Avant d’être, à partir de 1689, garde du Trésor royal, il avoit été dans les finances, et s’y étoit souvent empêtré, notamment en 1682, où l’on avoit dû nommer deux commissaires pour l’examen de ses affaires, et mettre garnison chez lui. Il ne s’en étoit tiré que moyennant quatre millions. (V. aux Mss. de la Biblioth. Nat., Lettres hist. et anecdot., 10 et 17 avril et 8 may 1682.) Le maréchal de Lorges, que sa fille Geneviève avoit épousé en 1676, l’avoit beaucoup aidé dans ce mauvais pas. Saint-Simon épousa l’une des filles nées de ce mariage, quoique le grand-père fût, comme ancien traitant, de la classe des gens que son orgueil de duc avoit le plus en mépris. — L’hôtel de la rue Neuve-Saint-Augustin, où nous voyons ici Frémont, devint, après lui, la propriété de son gendre, M. de Lorges. Il fut acheté ensuite par la princesse de Conti. C’est sur son emplacement que fut percée en 1777 la rue à laquelle le prévôt des marchands, M. de La Michodière, a laissé son nom.

M. Brunet, ruë des Francs Bourgeois[11].

[11] Brunet de Chailly, frère de Brunet de Rancy, et de Brunet de Montferrand, auquel il succéda comme président des Comptes, après avoir vendu à la fin de mai 1696, sa charge de garde du Trésor, moyennant un million à M. de Turmenies. Il y a dans les poésies de P. Du Cerceau, t. I, p. 38-41, de jolis vers à sa femme.

Fermiers Généraux des Domaines, cinq Grosses Fermes, et Domaine d’Occident comme cautions de M. Pierre Domergue preneur[12].

[12] Ce Pierre Domergue était le prête-nom, l’homme de paille de Berthelot, qui, en mars 1687, avoit pris pour trente-six millions le bail des Gabelles et des Cinq grosses fermes. Ce bail succédoit à celui de Jean Fauconnet, dont on sait le nom par La Bruyère, qui appelle « les Fauconnet » ceux qui, comme Berthelot et consorts pour Domergue, lui servoient de caution. Ces prête-noms, seuls contractants officiels, avec la responsabilité de la prise de corps, étoient de pauvres diables, qu’on payoit de leurs risques par une pension de deux ou trois mille livres. Monteil avoit vu une de leurs quittances d’appointements.

M. Brunet, ruë des Francs-Bourgeois[13].

[13] Un des frères de Brunet de Chailly, dont il a été parlé dans l’avant-dernière note.

M. Pelissier, ruë du Boulloy[14].

[14] Avant celui-ci, dans l’Edit. précédente, p. 6, se trouve : « Colin, rue Saint-Martin. »

M. de Reaupalu, ruë Vivienne.

Mrs Arnaud, et de Blaine[15], ruë Neuve saint Augustin.

[15] Melchior de Blair, et non de Blaine, étoit un simple intéressé aux fermes qui avoit, comme tel, eu des missions en 1689 et 1691, dans la Picardie et la Bretagne. En 1716 il fut mis à la taxe par la Chambre de justice pour 240,000 livres.

M. Remond, ruë de la Verrerie[16].

[16] Remond de la Renouillère. Il fut taxé, en 1716, à 437,000 livres.

Mrs de Furgis[17] Hocquart, et Doüilli, ruë des fossez Montmartre.

[17] « Turgis. » Edit. 1691, p. 6. C’est le vrai nom. Sa femme, Marie de Maupeou, étoit cousine de Mme de Pontchartrain.

Mrs Granval[18], de Lagni[19] et Corneri[20], ruë de Richelieu.

[18] Charles de Poirel de Grandval. En outre de son intérêt dans les fermes, il avoit une charge de munitionnaire de la marine.

[19] J.-B. de Lagny. Il fut directeur général du commerce en 1694.

[20] « De Cormery. » Edit. 1691, p. 6. C’est le nom véritable. Louis Bauyn de Cormery devint fermier général à Lyon en 1694.

Mrs Hotman[21], et l’Huillier, ruë Sainte Anne.

[21] Il avoit été en 1689 directeur des fermes à Rouen, et c’est lui qui, en 1682, avoit dû avec un autre commissaire faire cet examen des affaires de Frémont, dont il a été parlé plus haut.

M. Ricoult, vieille ruë du Temple.

M. de Saint Amant, ruë Vieilles Audriettes.

M. Berthelot l’ainé à l’Arsenal[22].

[22] C’est lui, comme il a été dit dans une note précédente, qui étoit le véritable preneur de ce bail des fermes, sous le nom de Domergue. Il y avoit eu l’agrément complet du roi, et plus même : « depuis ce traité fait, écrit Dangeau, le 7 mars 1687, le roi a donné à Berthelot, la valeur de plus de 500,000 livres, et a dit qu’il le choisissoit comme l’homme d’affaires le plus capable de faire les recouvrements sans tourmenter les peuples. » Il avoit été fermier général en Flandre sous Colbert, puis munitionnaire des guerres, ce qui lui avoit valu le logement que nous lui voyons ici à l’Arsenal et, par suite, le surnom de « Berthelot des poudres. » Sa fille épousa le baron de Beauvais, fils de cette Beauvais la borgnesse qui passoit pour avoir déniaisé Louis XIV, et dont l’hôtel fait, comme disoit Brienne, avec des pierres du Louvre, existe encore rue Saint-Antoine, no 64.

M. Berthelot de Belley[23], ruë Plastrière.

[23] Frère du précédent, mêlé à ses affaires, mais moins riche.

M. le Jariel, ruë Verderet.

M. Brunet de Vauge, vieille ruë du Temple[24].

[24] De cette famille des Brunet que nous connaissons déjà, et qui formoit dans le quartier du Temple une vraie tribu de financiers.

M. Baugier[25], ruë Sainte-Croix de la Bretonnerie.

[25] Edme Baugier, qui avoit été longtemps intéressé dans les fermes en Bourgogne.

M. Valier[26], ruë Beaubourg.

[26] Guillaume Vallier, qui, avant d’être fermier général, avoit été greffier du Conseil privé et contrôleur du parlement de Metz.

M. le Juge, ruë du grand Chantier[27].

[27] Sa maison, bâtie par de Cotte, étoit des plus belles, avec ses bas-reliefs de Coysevox, son magnifique jardin, etc. V. G. Brice, édit. 1701, t. I, p. 266.

M. Germain, ruë des Victoires[28].

[28] Jean Germain fut secrétaire du roi en même temps que fermier général, après avoir été dans les fermes à La Rochelle.

M. de Courchant, cloître Saint Mederic[29].

[29] C’est lui, suivant les Clés, que La Bruyère dénonce dans le chapitre des Biens de fortune, § 16, comme s’étant démesurément engraissé « dans le huitième denier : quelle monstrueuse fortune, dit-il, en moins de six années ! »

M. le Tellier, ruë Neuve Saint Eustache[30].

[30] P. Le Tellier, qui, en 1687, n’étoit que sous-fermier en Champagne.

M. le Normand, ruë de Torigni[31].

[31] Il étoit secrétaire du Roi, et avoit été d’abord fermier général en Flandre. Son fils, le Normand de Tournehem, fut aussi fermier général, puis, en 1745, directeur-ordonnateur des bâtiments. Il eut pour neveu et héritier le Normand d’Etioles, mari de Mme de Pompadour.

M. Boulanger, ruë Neuve des Bons Enfans[32].

[32] Charles Boulanger, qui avoit été, en 1689, receveur général en Flandre.

M. Hénault, ruë du Boulloy[33].

[33] Jean-Remi Henault, père du président si célèbre, selon Voltaire, par ses soupers et sa Chronologie. Il avoit, suivant son fils (Mémoires, p. 4), toute la confiance de Pontchartrain. Il n’eut pas moins celle de Chamillard, qui lui abandonna le détail des Fermes, et l’auroit fait, pour peu qu’il y eût consenti, secrétaire d’Etat de la Guerre. Ce que le président n’ajoute pas, c’est que sous la Régence, son père avoit des comptes à rendre. La taxe alloit le frapper quand il la devança, en faisant la part du feu. Il avoua 2,500,000 francs de biens, plus 500,000 donnés à son fils et pareille somme à sa fille, Mme de Jonsac. En abandonnant un million, au lieu de 1,250,000 livres qu’on vouloit d’abord, il fut tenu quitte, avec le profit de passer pour fort habile, grâce à ses propositions faites d’avance. (Journ. de Dangeau, 6 octobre et 5 décembre 1716.)

Fermiers Généraux des Aydes et Domaines de France et Droits y joints, comme cautions de M. Christophle Charrier[34] preneur.

[34] « Charriere. » Edit. de 1691, p. 7. C’est le vrai nom. Le bail des aides et domaines, fait en même temps que celui de Domergue, dont nous avons parlé plus haut, ayoit été adjugé moyennant vingt-sept millions : pour les aides, vingt-et-un ; pour les domaines, six.

M. Logeois, ruë de l’Université[35] à Saint-Germain des Prez.

[35] « Rue Jacob. » Ibid. — Il étoit fils du receveur des consignations du Châtelet, ce qui ne l’empêcha pas de se faire appeler M. d’Imbercourt, quand il eut acheté la seigneurie de ce nom. Sa fille, mariée d’abord au riche traitant La Popelinière, épousa en secondes noces le maréchal de Tourville, à qui elle apporta, en outre de ce que lui avoit laissé son premier mari, 200,000 livres que lui donna son père. (Journ. de Dangeau, 15 janvier 1690.) Laugeois, suivant les Clés, seroit le Chrysippe de La Bruyère.

M. Dapougni, ruë Bar-dubec[36].

[36] Un des traitants les plus riches et les plus intraitables. C’est lui, suivant Richelet (Recueil de Lettres, t. I, p. 410, note), qui harcela le plus vivement Patru pour quelques dettes, et qui l’eût fait mettre au Châtelet, si Boileau ne l’eût tiré de peine.

M. Robert, ruë Neuve Saint Eustache[37].

[37] Il avoit commencé par être payeur des gages du Châtelet. Il parvint par l’intendant d’Armenonville, dont Gilbert, son neveu, fils du riche drapier, à l’enseigne des Rats, étoit le beau-frère.

M. Delpeche, ruë Saint Martin[38].

[38] Encore un traitant parti de fort bas, s’il falloit, d’après les Clés de La Bruyère, voir en lui le type de ce caractère : « Sosie, de la livrée a passé par une petite recette à une sous ferme… »

M. Romans, ruë Sainte Croix de la Bretonnerie.

M. Thomé, ruë des fossez Mommartre[39].

[39] Thomé de Lesse, comme l’appellent les auteurs des Clés de La Bruyère qui veulent voir en lui le type du Caractère : « un homme d’un petit génie peut vouloir s’avancer, il néglige tout, il ne pense du matin au soir, il ne rêve la nuit qu’à une seule chose qui est de s’avancer… »

Mrs Mainon[40] et le Maistre, ruë Beaubourg.

[40] Il étoit alors nouveau dans les affaires. Il s’y poussa davantage lorsqu’il eut épousé la veuve de Despech que nous trouverons plus loin.

M. de Mouchi, ruë Jacob[41].

[41] Vincent Maynon. Il resta, jusqu’en 1717, fermier général des aides, d’où alors il demanda « à être osté », à la seule condition qu’on lui rembourseroit sa charge. Ce qui fut fait. Il vouloit plus, la ferme des Tabacs, dont l’an d’après il offrit 2,200,000 livres. Law eut la préférence. (Journ. de Dangeau, 24 avril 1717 ; 31 août 1718.)

M. Blein, ruë de Cléry.

M. Dumas, ruë Beaubourg.

M. de la Porte, ruë de Braque.

Receveurs Généraux des Finances.

Paris. M. Carel, place Royale.

  —   M. Sonning, ruë des petits Champs[42].

[42] Beau-frère de l’intendant des finances Dubuisson, dont il a été parlé plus haut. Il n’étoit pas encore, rue des Petits-Champs, parvenu à l’énorme fortune dont il étala le luxe dans l’hôtel que Dulin lui bâtit un peu plus tard rue de Richelieu, près de l’endroit où avoit été la porte, c’est-à-dire à la hauteur de la rue Feydeau actuelle. Sa vie, de même qu’à Neuilly, où il avoit une autre belle maison, y fut des plus galantes, comme on peut le voir par ce qui est dit de la diversité de ses bonnes fortunes dans les Partisans démasqués, 1707, in-12, p. 189. Il y recevoit aussi beaucoup de gens d’esprit : Chaulieu, J.-B. Rousseau, l’abbé Courtin, etc. A tous ces titres, il avoit droit au curieux chapitre que M. G. Desnoiresterres lui a consacré dans ses Cours galantes, t. III, p. 269. Si l’on connoît un peu sa vie, on ignore complètement quel étoit son vrai nom, tant l’orthographe en varie suivant les livres. Dans les uns, il est écrit Sonning, comme ici ; dans les autres, tels que les Partisans démasqués, il est orthographié Sonnen ; ailleurs, c’est Sonnin ou Sonningen. Ce dernier nom, qui feroit supposer une origine allemande, nous paroît devoir être le vrai. Il étoit, en 1716, devenu caissier général des fermes. Il fut mis à la taxe pour 600,000 livres.

Lion. M. du Pile, ruë de Cléry[43].

[43] Jacques-André Du Pille avoit été receveur des finances à Lyon, avant de l’être à Paris, puis munitionnaire de l’armée et de la marine.

  —   M. Prondre, au petit Hôtel de la Vrillière[44].

[44] Paulin Prondre, d’abord receveur des finances et « traitant » à Lyon, suivant Dangeau, qui le nomme Prond. Ayant fait une belle fortune, il voulut, au commencement de la Régence, marier sa fille, à laquelle il donnoit 200,000 écus de dot, avec le chevalier de Roye, mais ce mariage manqua pour un autre qui sembloit plus beau, et qui manqua de même. Mlle Marg.-Pauline Prondre alloit épouser le marquis de Rochefort, lorsqu’en septembre 1716, la charge de son père, ses maisons, ses terres furent saisies par la Chambre de justice. Il fut taxé finalement à 1,900,000 livres. (Journal de Dangeau, 6 et 29 déc. 1715 ; 9 sept. et 27 nov. 1716.) Sa fille, dès l’année suivante, n’en épousoit pas moins le comte de Clermont Tonnerre. V. dans le Journal de Verdun, sept. 1756, p. 240, un article sur elle, à l’époque de sa mort. — Prondre avoit commencé par être garçon de boutique à Lyon. (Correspond. des contrôleurs généraux, t. I, p. 279.)

Rouen. M. Aubry, rue des deux portes, quartier S. Sauveur[45].

[45] Il étoit mort au commencement des terribles exécutions de la Chambre de justice, mais sa succession restoit. Elle figure au 8e rôle pour 887,000 livres de taxe.

  —   M. Poulletier, rue Sainte Anne[46].

[46] Il acheta plus tard, pour 800,000 livres, une charge d’intendant des finances, qu’il voulut se faire rembourser, quand ces charges furent supprimées en 1716 ; on lui fit dire qu’il ne seroit pas mis à la taxe, et qu’il se tînt pour satisfait. C’est ce qu’il fit. (Journ. de Dangeau, 11 nov. 1716.)

Soissons. M. Lallemant, porte Montmartre[47].

[47] Lallemant de Betz, qui fut, lui, mis à la taxe. On lui fit rendre 480,000 livres.

  —   M. Hubert, rue Sainte Avoye.

Orléans. M. Bachelier, rue de la Corderie, près le Temple.

  —   M. Desespoisses, près les Enfans Rouges[48].

[48] Charles Vireux des Espoisses. Tout ce que nous savons de lui, c’est qu’il fut mis à la taxe en 1716, pour 380,000 livres.

Tours. M. de la Tour Rollot, rue de Richelieu.

  —   M. de Valiere, rue Saint Antoine.

Bourges. M. Héliot, ruë du Mail.

  —   M. Jannay, ruë des Bernardins[49].

[49] Jean-Etienne Janet. Il étoit mort, en 1716, quand les financiers durent rendre gorge. On s’en prit à sa veuve, qui paya une taxe de 43,000 livres.

Bordeaux. M. du Jardin Beaussart ; ruë de Richelieu.

  —   M. Crozat, place des Victoires[50].

[50] Antoine Crozat qui devint, suivant le Journal de l’avocat Barbier (février 1723), « le plus riche particulier de France. » Il avoit commencé par être caissier de Penautier, que nous trouverons plus loin, puis traitant à Montpellier, et receveur général des finances à Bordeaux, comme nous le voyons ici. Il étoit déjà fort riche, et s’étoit fait, à prix d’argent, marquis Du Châtel, lorsqu’en 1707 il maria sa fille, qui n’avoit guère que douze ans, au comte d’Evreux. (Journ. de Dangeau, 23 fév. 1707.) La taxe à laquelle il fut mis, en 1716, ne fut pas moins de 6,600,000 livres. Ses trois fils, qui firent grande figure, furent Crozat, marquis Du Châtel, le président de Tugny et le baron de Thiers, un des grands amateurs de son temps.

Poitiers. M. de la Ravoye, ruë d’Anjou au Marais[51].

[51] Il étoit encore, à la fin de l’année précédente, receveur général de la Rochelle. Sa fille, dont la dot fut de 410,000 livres, argent comptant, épousa, au mois de janvier 1712, le marquis Du Plessis Châtillon.

  —   M. Chambelin, ruë Sainte Anne[52].

[52] Sa veuve, mise à la taxe en 1716, dut rendre 180,000 livres.

Moulins. M. Raymond, ruë des Blancs-Manteaux[53].

[53] Il avait échangé pour celle de Poitiers la recette générale de Moulins, qu’il avait déjà en 1684.

  —   M. de la Croix, ruë Saint Antoine.

Riom. M. de Romanet, ruë Sainte Croix de la Bretonnerie[54].

[54] Claude de Romanet, beau-frère de Racine, et mari de l’une des filles de Vitart, ancien ami du poëte. Il ne se contenta pas, comme son père, André de Romanet, d’être trésorier de France en quelque généralité, il se lança dans les plus grosses affaires, où il gagna une fortune qui le dénonça à la Chambre de justice de nov. 1716. On peut évaluer ce qu’il possédoit par le chiffre de la taxe à laquelle on l’imposa : elle fut de 4,453,000 livres. Il la subit sans sourciller et sans faire attendre. Dangeau annonce le 24 novembre qu’il est condamné à la payer, et, deux jours après, il ajoute qu’elle est payée déjà. Il mourut l’année suivante. Son fils épousa Mlle d’Estrade. (Journ. de Dangeau, 24 et 26 nov. 1716 ; 11 déc. 1717.)

  —   M. Despech, ruë Saint Martin[55].

[55] Paul Despech. Il était mort en 1716, mais la taxe eut des reprises sur sa veuve, qui, nous l’avons dit, avoit épousé Mouchi. Elle dut restituer au trésor 150,000 livres.

Caën. M. Groüin, ruë d’Orléans, au Marais[56].

[56] Pierre Gruyn ou Grouïn. Il étoit depuis longtemps dans les affaires, où il avoit commencé comme receveur des fortifications. Il devint garde du Trésor royal, et ne fut pas dans cette charge d’une aménité rare. Son aventure avec Jean Bart, qui avoit dû venir le trouver dans ses bureaux de la rue du Grand-Chantier, où il logeoit alors, et qu’il reçut avec une brutalité qui, d’ailleurs, lui fut bien rendue, court tous les ana. Une autre du même genre est moins connue, c’est la scène que lui fit un officier de gendarmerie, qui alla jusqu’à le maltraiter chez lui. Grouïn se contenta de le faire mettre à la Conciergerie. (Journ. de Dangeau, 10 et 17 avril 1698.) Son vrai nom étoit Desbordes-Grouïn, et il venoit de fort bas : « jadis garçon de cabaret, dit Guy Patin, fils du maître de la Pomme de pin, il est aujourd’hui grand partisan, et même un des gabelles. » Plus il fut haut, plus on se souvint d’où il venoit. Sa nomination de garde du Trésor fut accueillie par cette chanson :

Garde du trésor de la France,
Gruyn quelle est ton insolence !
Connais-tu la Pomme de pin ?
C’est là que l’épouse peu fière
D’un maudit frelateur de vin
Te donna jadis la lumière.

  —   M. Chaillon, ruë des blancs Manteaux.

Allençon. M. Haette, ruë de la Tixeranderie.

  —   M. de la Marliere, Cloître Saint Mederic.

Metz. M. Chevalier, ruë Neuve Saint Eustache.

  —   M. Goujon, ruë Neuve des petits champs[57].

[57] C’est, croyons-nous, le même qui fut intendant de Rouen à la place de Ronjault en 1715.

Picardie. M. Boutin, Cloître Saint Honoré[58].

[58] René Boutin qui n’étoit, quatre ans auparavant, qu’un simple intéressé dans la ferme du Tabac.

  —   M…

Montauban. M. Berthelot de Schelles[59], ruë Platrière.

[59] Lisez Berthelot de Séchelles. Après avoir été receveur à Montauban, il venoit d’être munitionnaire en Italie.

  —   M. du Jardin, ruë de Richelieu.

Limoges. M. Sandrieu, à l’Hôtel de Lavrillière[60].

[60] J.-B. Sandrier, et non Sandrieu, qui de la recette de Montauban passa à celle de Limoges, fut secrétaire du Roi.

  —   M. Deschauffour, ruë des Bons Enfans[61].

[61] Il avoit été directeur des franchises au Mans, et mena si grand train dans toutes ses charges qu’il mourut misérable. L’un de ses fils, qui avoit été lieutenant dans le régiment de Tessé, eut une fin plus triste encore. Convaincu de se livrer au vice infâme, et pour ainsi dire d’en tenir maison, il fut brûlé vif en Grêve le 24 mai 1726. Comme on crioit son arrêt par les rues, sans oublier le nom du crime, les filles de Madame la Princesse demandèrent à leur mère ce qu’étoit ce crime-là. Elle leur répondit : c’est une espèce de fausse monnoie.

Bourg-en-Bresse. M. Jauranché, ruë Haute Fueille.

Receveurs du don gratuit des Etats.

Flandres. M. Brunet de Revey, ruë des Francs bourgeois.

  —   M. Berthelot de Belloy, ruë Plâtrière.

Franche-Conté. M. du Rey, ruë du Roi de Sicile.

Bourgogne. M. Chartraire, ruë Saint Antoine.

Languedoc. M. Penautier, ruë[62].

[62] Si son adresse n’est pas donnée, c’est qu’il n’en avoit pas à Paris. Il étoit toujours en Languedoc, où il mourut à la fin de juillet 1711. Saint-Simon écrivit alors en marge de la copie qu’il avoit du Journal de Dangeau, cette note qui résume bien sa vie : « Penautier étoit devenu de caissier un très-riche financier, trésorier du clergé et des Etats de Languedoc ; homme de beaucoup d’esprit, bien fait, galant, magnifique et obligeant. Il fut mêlé dans les affaires de la Brinvilliers et des poisons, et mis en prison avec grand danger. » Nous avons vu que Crozat commença par être son caissier.

Trésoriers des Parties Casuelles.

M. Damon, ruë de Cléry.

M. Bertin, ruë Neuve Saint Augustin[63].

[63] Il avoit encore cette charge en 1702, mais plus tard, sa fortune monta. Le Régent, dès son arrivée au pouvoir, le fit un de ses plus intimes conseillers en matière de finance. En 1697, il quitta la rue Neuve-Saint-Augustin pour la rue Saint-Honoré, où il avoit acheté, pour l’embellir encore, le bel hôtel du doyen des conseillers d’Etat, Henri Pussort, dont il sera parlé plus loin. V. G. Brice, Description de Paris, 3e édit., 1701, in-12, p. 125-126.

Trésorier du Marc d’or.

M. Chupin[64], ruë Saint Honoré.

[64] Il étoit mort en 1716 ; sa veuve fut mise à la taxe, mais pour une faible somme : 22,500 livres. Son fils, qui se fit appeler Chuppin de Gouzampré, fut reçu premier président de la Cour des monnoies, le 15 août 1727.

Trésorier du Sceau.

M. Bechet, place des Victoires[65].

[65] Il devint plus tard greffier en chef du Parlement, et mourut à 83 ans, le 24 juillet 1717 : « il avoit toujours été fort estimé », dit Dangeau à cette date. Il étoit fils d’une sœur aînée de Boileau, qui, par ironie pour les grands airs qu’il se donnoit, l’appelle souvent dans ses lettres « mon illustre neveu. » Il logea de longues années chez lui, cour du Palais. Voltaire, dont le père, M. Arouet, après avoir été notaire, devint, comme « receveur des épices », le collègue de Dongois, s’est aussi moqué dans son Epître à Boileau des ridicules de ce neveu, chez qui on l’avoit souvent mené étant enfant :

Chez ton neveu Dongois je passai mon enfance,
Bon bourgeois, qui se crut un homme d’importance.

Receveur des Amandes du Parlement.

M. Dongois, Cour du Palais[66].

[66] Dans l’Almanach royal de 1702, p. 42, où nous le trouvons à la même adresse, on ajoute : « chez lequel on retire les lettres, quand elles sont scellées. »

Receveur des Amandes du Châtelet.

M. de l’Autel, ruë Jean Robert[67].

[67] Simon de l’Autel, qui vivoit encore en 1716, et ne fut mis à la taxe que pour 6,400 livres.

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