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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1/2

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LE
LIVRE COMMODE

CONTENANT
les Adresses de la Ville de Paris et le Trésor des Almanachs
POUR L’ANNÉE 1692.

AFFAIRES ECCLÉSIASTIQUES.

Monseigneur l’Archevêque de Paris donne Audience aux particuliers dans les appartemens de l’Archeveché, près Notre-Dame, le matin à onze heures quand il est à Paris. C’est au même lieu qu’on s’adresse à Monsieur de Morange pour impetrer les dispenses et autres grâces Ecclésiastiques qui emanent de mondit Seigneur.

Monsieur Ameline Grand Archidiacre, et M. de la Baude Archidiacre de Brie, demeurent au Cloître.

Messieurs les Abbez Daquin[1] et de Bourlemont Agens du Clergé, demeurent ; sçavoir, le premier au Jardin du Roi[2], et le deuxième ruë d’Enfer près les Chartreux.

[1] C’étoit le frère du médecin du roi, qui lui avoit donné, en avril 1688, l’abbaye de Saint-Laurent (Journal de Dangeau, t. II, p. 130).

[2] C’est comme frère du premier médecin que l’abbé Daquin y logeoit, la surintendance du Jardin royal étant encore, pour la plus grande part, dans les attributions du premier médecin du Roi.

Monsieur de Bouquenet Doien de Notre Dame, à qui l’on s’adresse pour les affaires du Chapitre, demeure dans le Cloître, et tient Chapitre les Lundis, Mercredis et les Vendredis.

M. Chéron Official de Paris, à qui l’on s’adresse pour obtenir permission de publier Monitoire[3], demeure ruë du petit Musc près l’Arsenal. On le trouve aussi bien souvent à la maison de Pincourt rue des Amandiers Fauxbourg saint Antoine[4].

[3] Ordonnances de l’autorité ecclésiastique, avec menace d’excommunication, ayant pour objet d’obliger ceux qui avoient connoissance d’un crime de déclarer ce qu’ils en pouvoient savoir.

[4] « Monsieur l’Official de Paris qui connoît des fonctions et actions bénéficiales, demeure rue du Petit-Musc et est souvent à Pincourt, où il a une maison de bon air. » Edit. 1691, p. 5.

Il tient son Audience en la premiere cour de l’Archeveché, le Mercredi, et le Samedi à midi, où l’on porte toutes les Causes concernant les fonctions Curiales et les Accessoires ; et par conséquent les questions matrimoniales, la Morale des Prêtres[5], etc.

[5] L’Official, en effet, connoissoit de toutes ces choses. C’est lui, par exemple, qui légitimoit par mariage les unions qui n’avoient pas jusque là été régulières. Celle du perruquier Lamour et d’Anne, sa perruquière, avoient longtemps été du nombre, ainsi que Boileau nous l’apprend au chant Ier du Lutrin :

… ce couple charmant
S’unit, dit-on, longtemps avant le sacrement,
Mais depuis trois moissons à leur saint assemblage
L’Official a joint le nom de mariage,

L’officialité de Paris, abolie par la Révolution, fut rétablie par Napoléon, pour qu’on y statuât sur son divorce.

M. Coignet Promoteur de cette jurisdiction, qui conclud pour la manutention des Canons et Discipline Ecclésiastique, est Curé de la Paroisse de S. Roch.

M. Robert Grand Pénitencier qui absout les cas reservez[6], confesse presque tous les matins et quelquefois l’apresdiné.

[6] Il auroit pu, si l’on en croit la chronique, garder pour lui-même beaucoup des pénitences qu’il distribuoit. Sa vie n’étoit pas des plus édifiantes. L’abbé Legendre, Mémoires, p. 59, se contente de dire qu’il avoit « des talents, autant pour le monde que pour sa profession. » Les chansons en disoient plus. V. le Recueil de Maurepas, t. XXV, p. 363. Il avoit une pension de mille francs « pour écrire l’histoire de ce que Louis XIV avoit fait en faveur de la religion. » Il n’en écrivit pas un mot. (Legendre, Mém., p. 99.) Ajoutons toutefois que Nicole, qui étoit de Chartres comme lui, le tenoit en grande estime. (Goujet, Vie de Nicole, 1re part., p. 16, et 2e part., p. 130, 144.)

M. Le Chantre de la même Eglise[7], à la nomination duquel sont tous les Maitres et toutes les Maitresses des petites Ecoles de Paris, et qui connoit des causes concernant cette profession[8], demeure aussi dans le Cloître, où il tient son Audience le Jeudi à trois heures de relevée.

[7] Ce chantre n’étoit pas moins que le célèbre Claude Joly, dont nous trouvons un si bel éloge dans le Valesiana, p. 39. Il avoit été, à Munster, le conseiller intime du duc de Longueville pour les négociations du traité. Après la Fronde, où il fut des plus hostiles à Mazarin, il devint official de l’Église de Paris, puis, ce que nous le voyons ici, grand chantre. Il ne mourut que le 19 janvier 1700, à quatre-vingt-treize ans, des suites d’une chute. V. le Mercure de France à cette date, p. 276.

[8] Il leur avoit consacré tout un livre en trois parties : Traité historique des Ecoles épiscopales par Claude Joly. Paris, Muguet, 1678, in-12. Il eut, à leur sujet, bien des contestations avec l’Université, et aussi avec les curés de Paris qui n’acceptoient pas que le droit des Ecoles de Grammaire appartînt seulement à MM. du Chapitre et au grand chantre, comme ceux-ci le prétendoient. On peut lire dans l’excellente édition, donnée par M. Cocheris, de l’Histoire du Diocèse de Paris, de l’abbé Lebeuf, t. I, p. 43-44, le détail des factums qui furent échangés entre les deux partis.

Messieurs Jousse et Moussinot au Parvis. M. Marais ruë Cocatrice, et M. Chevalier ruë saint Pierre aux bœufs, sont les quatre Marguillers Laics de l’Eglise de Paris.

Les Procureurs de l’Officialité et les Notaires Apostoliques chez qui on peut passer tous actes recevables en Cour de Rome, sont tous établis ruë Neuve, Cloître et Parvis Notre Dame.

Les douze Banquiers Expeditionnaires en Cour de Rome, par l’entremise desquels on obtient toutes les Bulles et Expéditions du saint Siége, à peine de nullité et d’amende[9], sont :

[9] Ils étoient conseillers du roi, et faisoient leurs expéditions par courriers, non-seulement pour la Cour de Rome, mais pour les légations. Ils eurent leur chapitre spécial dans l’Almanach royal, dès la première année, 1699. Leur création datoit du mois de mars 1673.

Messieurs

Du Bourgt, ruë Bailleul.

De la Nouë, ruë de la Harpe.

Le Pelletier, ruë saint Severin[10].

[10] Jacques Le Pelletier. En 1702, il étoit doyen des banquiers expéditionnaires, et s’étoit rapproché de Notre-Dame ; il logeoit rue Saint-Christophe. (Alman. royal, 1702, p. 75.)

Daquinet, Parvis Notre Dame.

Noyer, ruë de la Licorne.

Ruelle, ruë des Prouvaires.

Le Roy, ruë Bardubec.

Chubuté, ruë des Prêtres saint Germn l’Auxerrois[11].

[11] Son nom, défiguré ici, était Chubéré (Jean-Pierre). Alman. royal, 1702, p. 75.

Le Zineau, ruë des Massons[12].

[12] Laurent Lezineau. (Id.)

Antoine, ruë saint Christophle.

Beaudet de Beaumont, ruë saint André.

Le Maine, ruë Hautefeuille[13].

[13] Au lieu de douze banquiers-expéditionnaires, il devroit y en avoir vingt ici. Un édit du mois de septembre de l’année précédente, 1691, avoit, en effet, rétabli définitivement les huit offices héréditaires créés au mois de décembre 1689, et supprimés le mois suivant.

On trouve des instructions très importantes sur l’obtention et sur le dénombrement des Benefices de France, dans les livres que M. Le Pelletier a composés, et qu’il vend chez luy[14], et encore dans quelques autres que Michallet a imprimés, ruë saint Jacques à l’Image saint Paul.

[14] « M. Pelletier, banquier expéditionnaire en cour de Rome, qui demeure rue et devant Saint Séverin, est auteur de deux livres très instructifs sur l’obtention et le dénombrement des bénéfices. » Edit. 1691, p. 5.

Le Sieur François Muguet[15] seul Imprimeur de l’Archeveché pour les Mandemens, Monitoires, Jubilez, Catéchismes, etc., demeure rue de la Harpe.

[15] Nous avons vu plus haut que c’est lui qui avoit publié en 1673 le Traité de Claude Joly sur les écoles épiscopales.

Les Brefs à l’usage de Rome, se vendent chez la Veuve Coignard, rue Saint Jacques[16].

[16] « Chez Jean-Baptiste Coignard, rue Saint-Jacques, à la Bible d’or. » Edit. 1691, p. 4. « Le bref de Paris se vend chez la veuve Cramoisy, même rue, aux Cigognes. » Ibid. — La Bible d’or devint, au siècle suivant, l’enseigne des Didot, et les Cigognes celle des Barbou, puis des Delalain.

Les usages Romains, à scavoir Breviaires, Diurnaux, Missels, Rituels, Processionnels, Antiphonètes, Graduels etc. se trouvent chez presque tous les Libraires de la rue S. Jacques, et particulièrement chez la Veuve Coignard, et chez les Sieurs de La Caille[17], Josse et Hérissant.

[17] Jean de la Caille. Sa boutique étoit rue Saint-Jacques, à l’enseigne de la Prudence. C’est à lui qu’on doit l’excellent ouvrage, devenu rare aujourd’hui, Histoire de l’Imprimerie et de la Librairie, 1689, in-4o. V. ce qu’en dit Chevillier, l’Origine de l’Imprimerie de Paris, 1694, in-4o, p. 58.

Les Livres de l’Office Divin à l’usage du Diocèse de Paris, se vendent chez les sieurs Josse et Léonard, ruë Saint Jacques[18].

[18] « Les heures et autres livres de piété généralement compris sous le titre d’usages, se vendent chez différents libraires rue Neuve Notre-Dame, Quay de Gesvre et Pont au Change. » Edit. 1691, p. 4.

M. Mariochaud Avocat en Parlement et Bailly de la Justice Nostre-Dame, demeure dans le Cloître.

M. Chevalier qui est Procureur Fiscal de cette Justice, demeure ruë saint Pierre aux bœufs.

M. Savin qui en est Greffier, demeure derrière Saint Denis de la Chartre.

M. Des Combes Greffier de l’Officialité, demeure rue de la Draperie.

M. Taupinard Bailly de la Temporalité[19] et qui tient son Audiance le Lundy et le Jeudy à midy, demeure rue Galande.

[19] C’est ce qu’on appeloit aussi Bailliage de la duché-pairie de l’Archevêché de Paris. On y connoissoit des appellations de sentences rendues en matière civile par les officiers de justice sur les domaines de l’archevêché. Un bailli, un procureur fiscal et un greffier étoient attachés à cette juridiction.

M. Le Comte son Greffier, demeure rue des Noyers.

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