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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1/2

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MATHÉMATIQUES.

Les Professeurs ès Mathématiques qui sont de l’Académie Royale des Sciences et qui ont des appartemens à l’Observatoire Royal, pour les Observations Astronomiques, sont Mrs Cassüni[1], de la Hire[2], Couplet[3], Sédillot[4] et Cusset[5].

[1] Jean Dominique, le premier et le plus célèbre de la dynastie des Cassini, né en 1625 à Nice, mort en 1712 à Paris. (V. son Eloge dans les Œuvres de Fontenelle, t. V, p. 322.) Ses principales découvertes en astronomie s’y trouvent analysées.

[2] Philippe de La Hire, de l’Académie des sciences, comme Cassini, et professeur de mathématiques et d’astronomie au collége de France. Il mourut en 1719 à soixante-dix-neuf ans. Fontenelle a fait aussi son éloge, t. VI, p. 1.

[3] Claude-Antoine Couplet, qui fut plutôt ingénieur-mécanicien qu’astronome. Aussi n’étoit-il logé à l’Observatoire que comme garde du cabinet des machines. Il mourut le 22 juillet 1722, à quatre-vingt-un an. (V. son éloge dans Fontenelle, t. VI, p. 159.)

[4] Il n’est guère connu que par la part qu’il prit, en 1718, au voyage du second des Cassini, pour la prolongation de la mesure du méridien jusqu’à Dunkerque.

[5] Lisez Casset. Il devint secrétaire de Bouchu, intendant du Dauphiné, mais ne cessa pas de s’occuper de science. On a de lui, dans les Mémoires de l’Académie de 1703, une lettre curieuse à La Hire sur la montagne soi-disant inaccessible du Dauphiné.

M. de la Hire est encore de l’Académie d’Architecture qui se tient au Palais Brion[6], où il fait des leçons publiques d’Architecture, par conséquent sur la Coupe des pierres. M. Rolle[7] qui est aussi de l’Académie Royale des Sciences, et qui est profond sur l’Algèbre, demeure rue

[6] V. plus haut ce que nous avons dit de cette dépendance du Palais-Royal, où siégea, en effet, l’Académie d’architecture avant d’être installée au Louvre.

[7] Il étoit d’Ambert en Auvergne. L’algèbre, comme on le dit ici, fut sa science préférée ; il n’eut pas à le regretter. Elle le mena droit à l’Académie des sciences, et la solution d’un problème posé par Ozanam lui valut une gratification de Colbert, que l’abbé Gallois, secrétaire des ministres, dont Rolle avoit accepté la collaboration, fit bientôt changer en pension durable. Il mourut en 1719, à soixante-sept ans. Fontenelle a écrit son éloge. (V. ses Œuvres, t. VI, p. 74.)

M. Sauveur[8], rue    et    rue    sont Professeurs Royaux au Collége de Cambray[9].

[8] Un des plus illustres savants de son temps, pour les mathématiques et la physique. Né en 1652 à La Flèche, il mourut, en 1716, à Paris. (V. son Eloge parmi ceux que Fontenelle a faits des membres de l’Académie des sciences, t. V, p. 466.)

[9] C’est le collége de France, souvent appelé comme il l’est ici, parce qu’il avoit été établi dans l’ancien collége de Cambray, qui lui-même avoit donné son nom à la place où il s’ouvroit. Sauveur professoit au collége de France depuis 1686.

Mrs Hébert, Professeur au Collége de Maitre Gervais, rue du Foin[10], et Varignon[11] au Collége Mazarini[12], sont encore d’une très particuliere distinction.

[10] Nous n’avons rien trouvé sur ce professeur. Peut-être au lieu d’Hébert faut-il voir là Hubert, qui professa ensuite à Caen, où il resta en relation avec Varignon. (V. Histoire de l’Académie des sciences, année 1719, p. 39.)

[11] Pierre Varignon, né à Caen en 1654, mort à Paris en 1722, grand ami de l’abbé de Saint-Pierre et de Fontenelle, auquel il légua tous ses papiers, et qui a fait son éloge, t. VI, p. 182.

[12] En même temps qu’on le nommoit, en 1688, de l’Académie des sciences, il étoit fait professeur de mathématiques au collége Mazarin, et il le resta toute sa vie. C’est après avoir fait sa classe, le 22 décembre 1722, qu’il mourut. Il avoit aussi une chaire au collége de France.

Les Professeurs qui enseignent chez eux et en Ville toutes les parties des Mathématiques, sont Mrs Ozanam, rue de Seine[13], Lieutault, rue des fossez Saint Germain, de Boissiere, rue des Boucheries Saint Germain, et de Blegny le jeune, près la Madelaine.

[13] Jacques Ozanam, né en 1640, dans le pays de Dombes, mort à Paris le 3 avril 1717. Il fut reçu à l’Académie des sciences en 1701. Ses Récréations mathématiques et physiques, dont la 1re édition est de 1699, in-8o, sont un des premiers ouvrages de physique amusante que l’on ait publiés. Fontenelle, t. V, p. 557, a écrit l’éloge d’Ozanam.

Entre les fameux Ouvriers pour les Instrumens Mathématiques, sont Mrs le Bas, aux Galleries du Louvre[14], Chapotot[15] et Buterfield[16], sur le Quay de l’Horloge[17].

[14] Jean Lebas, qui avoit succédé à son père Philippe Lebas, mort en 1677. Le logement que celui-ci avoit occupé depuis le 26 janvier 1670, « avec les autres artisans de réputation dans la galerie du Louvre, destinée à cet effet », ainsi qu’il étoit dit dans son brevet, avoit été conservé à son fils. Un ouvrier du même métier, nommé Ferrier, y avoit devancé Philippe Lebas. (Registres du Secrétariat, pour 1670, ms. de la Bibl. Nat. Suppl. fr., no 2771.)

[15] Ozanam a parlé de lui dans ses Récréations mathématiques… 1696, in-8, t. II, p. 277 : « Le sieur Chapotot, dit-il, ingénieur du Roi, et fabricateur des instruments de mathématiques à Paris, dont l’habitude est de renchérir sur les plus belles inventions. »

[16] C’étoit un mécanicien allemand, — Lister dit anglais, — qui s’étoit établi à Paris depuis quinze ou vingt ans, et que plusieurs mémoires : Niveau d’une nouvelle construction, 1677, in-12 ; Adomètre nouveau, 1681, in-12, etc., avoient déjà fait avantageusement connoître. Il y mourut en 1724. On lui doit de grands quarts de cercle qui ont beaucoup contribué à sa célébrité. Ses boussoles-cadrans, qu’il faisoit d’ordinaire en argent, s’appeloient, de son nom, des Butterfield.

[17] Ce quai n’a pas changé d’industries, comme on voit ; et déjà sous Louis XIV — Chapotot, d’après notre avant-dernière note, en est la preuve — les fabricants d’instruments de mathématiques y prenoient le titre « d’ingénieur. » — Quelques années après la publication de ce Livre commode, un fabricant, nommé Lefèvre, s’y distinguoit à côté de Chapotot et de Butterfield. L’abbé Bordelon, dans ses Diversités curieuses, 1699, in-12, t. II, p. 57, a parlé de lui, à propos d’un « cadran équinoxial, universel, qui s’oriente, dit-il, sans aiguille aimantée, pour voir l’heure au soleil, et tracer les lignes horaires sur toutes sortes de plans… Ce cadran, ajoute-t-il, nouvellement inventé, est fait par le sieur Le Fèvre, très-habile pour les instruments de mathématiques. Il demeure à Paris, aux deux globes, sur le quay de l’Horloge, dit des Morfondus. »

On trouve des Cartes de Geographie très curieuses chez M. Samson[18], aux Galleries du Louvre, et chez Mademoiselle du Val[19], sur le Quay de l’Horloge.

[18] Adrien Sanson, fils de Nicolas, mort en 1667, géographe du Roi, comme lui. Il ayoit eu un frère aîné, tué le 27 août 1648, dans l’une des premières émeutes de la Fronde. Adrien Sanson mourut le 16 mai 1703.

[19] Son père P. Du Val étoit « géographe ordinaire du Roi. » Elle vendoit ses livres, entre autres un Traité de géographie, revu et augmenté, quand Du Val fut mort, par le P. Placide, augustin déchaussé, qui étoit aussi « géographe du Roi. » Ce Traité devint la base du volume classique, connu sous le titre de Géographie de Crozat, qu’il devoit à la fille du riche financier Crozat, pour laquelle on en avoit accepté la dédicace, avec permission de mettre son portrait au frontispice. Nous possédons un des rares exemplaires où il se trouve. L’édition est de 1704, in-12. La boutique de Mlle Du Val n’étoit plus alors au quai de l’Horloge. On lit, en effet, sur le titre : « Chez Mademoiselle Du Val, fille de l’auteur, rue Saint-Jacques, au Dauphin d’or, vis-à-vis la rue de la Parcheminerie. »

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