Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1/2
PREMIERES INSTRUCTIONS
DE LA JEUNESSE[1].
[1] Cette partie forme, dans l’édit. de 1691, le chapitre XXXVIII : Des maîtres ès arts, et autres tenant pensionnaires, pour les Leçons et pour les Répétitions du Latin, du Grec, de la Philosophie, et des Mathématiques. Il commence par ces quelques lignes qui ne se retrouvent pas ici : « Entre ces maîtres, les uns sont principalement appliquez à répéter les enfants qui vont au collége, qui ne sont chez eux pour la plupart qu’à demi pension. »
Il y a dans chacun des quartiers de la Ville et Fauxbourg de Paris un Maître et une Maîtresse de petites Ecoles instituez par M. le Chantre de Paris, pour apprendre aux enfans de l’un et de l’autre sexe, le Cathecisme, et les Prieres chretiennes, la lecture des Livres latins et françois, et les principes de la Grammaire[2], de l’Ecriture et de l’Aritmetique[3].
[2] Fleury, Traité des Etudes, 1687, in-12, ch. 22, vouloit que l’on commençât par la grammaire.
[3] V. ce que nous avons dit de ces écoles dans une note du chap. 1er : Affaires ecclésiastiques.
Outre ces Maîtres, il y a encore une Communauté de Maîtres Expers et Jurez Ecrivains, qui enseignent aux jeunes gens qui ont déjà passé par les petites Ecoles, la perfection de l’Ecriture, de l’Ortographe et de l’Aritmetique[4]. Il n’y a aucun de ces Maîtres qui n’ecrivent par excellence tous les differens caracteres d’Ecritures. On les distingue des Maîtres des petites Ecoles par leurs enseignes où il y a le titre d’Expert ou de Jurez Ecrivain[5].
[4] Fleury, au chap. 20-23 du Traité que nous venons de citer, vouloit qu’on apprît aux enfants, non-seulement l’arithmétique, mais le commerce, la banque, le change, la manière de tenir leurs comptes, de fournir et recevoir quittances, faire des contrats et des transactions.
[5] Nicolas Lesgret, né à Reims, étoit le maître à écrire des pages de la grande Ecurie. Il prenoit le titre de « maître écrivain juré. » Etat de France, 1692, t. I, p. 329. Il devint « secrétaire de la chambre du roi. » On a de lui : Le livre d’exemplaires, composé de toutes sortes de lettres, Paris, 1694, in-fol. ; Le nouveau livre d’écriture italienne et bâtarde, Paris, Mariette, in-4o oblong.
M. des Planches, à present Sindic en charge de leur Communauté, demeure ruë et devant le petit saint Antoine, où l’on peut recouvrer leur liste lorsqu’il s’agit de consultation sur les ecritures et signatures suspectes, qu’ils sont seuls en droit de vérifier, comme on le verra dans l’article des Rapports et Verifications d’Experts.
Il y a d’ailleurs dans l’Université et aux extremitez des Fauxbourgs, des Maîtres ès Arts et autres tenans pensionnaires pour les leçons et pour les répétitions du Latin, du Grec, de la Philosophie et des Mathématiques.
Il y a par exemple à cet effet, aux environs du College Mazarini, Messieurs Souplet, quay de Nesle[6] ; le Page, ruë de Nevers ; Roger, ruë des Petits Augustins ; Galande, ruë Mazarini ; Boucher et Henrion, près le passage de la rue de Seine.
[6] Dans l’édit. de 1691, p. 58, son adresse est « rue Mazarini », ainsi que celle de Garande, appelé ici Galande. On y trouve aussi indiqué « le sieur Picard, rue Guénegaud, devant l’abrevoir (sic) », qui manque ici.
Au quartier de l’ancienne Université, Messieurs Fleury, ruë saint Estienne des Grecs ; Cosson et Blin, ruë Chartiere ; Macet, cloître saint Benoist ; Laisné, Cluet, Busselin, Hacland, Guyart, Chastel le jeune et Morice[7], ruë saint Jacques.
[7] A la place de celui-ci, on trouve Guillard, dans l’édit. de 1691, p. 58.
Sur les fossez saint Michel[8] jusqu’à l’Estrapade, Messieurs Landemaine, l’Elubois, Martin, des Fevres, du Tal, le Prieur, des Rohes[9], Valot, Parisot et Martin.
[8] « Saint Jacques et saint Marcel. » Edit. 1691.
[9] Sans doute « Des Roches. » Il manque dans l’autre édition.
Au Fauxbourg saint Antoine[10], Messieurs du Catel l’ainé, près la Raquette ; du Catel le jeune[11], ruë de Reuilly ; Desdurcet[12], rue de Charonne ; Castelet, rue de Charenton ; Roger[13] et Thomas, grande ruë du Fauxbourg ; Mogey le jeune à Pincourt ; Mogey l’ainé, Faucon, Desquinemare, Dupuis, Deschamps, Bussy[14] et Guibert à Picquepuce[15].
[10] Dans l’édit. de 1691, on lit, pour commencer cet article, quelques lignes non reproduites ici : « les Maîtres, dont les pensionnaires ne vont pas au collège, et qui leur donnent la plupart toutes les instructions nécessaires jusqu’en philosophie, sont au faubourg Saint-Antoine… »
[11] « Et Mauger », dit l’édit. de 1691.
[12] « Des Urset », dans l’édit. de 1691.
[13] L’édit. précédente dit « Roger », et ne nomme pas celui qui suit.
[14] Edit. 1691 : « De Bassy. »
[15] On voit que ce quartier de Picpus étoit rempli de maisons d’éducation. Le hollandois Vanden Ende, qui fut pendu comme complice de la conspiration du chevalier de Rohan, en tenoit une de ce côté. Elles y étoient encore nombreuses au siècle dernier. Le Journal du Citoyen (1755, in-8, p. 163-165) n’en indique pas moins de neuf dans les rues de Montreuil, de Reuilly, Picpus et Charonne.
Et en divers autres quartiers de Paris, sont Messieurs Davesne, rue Pavée[16] ; Harivel[17], rue de la Cossonnerie ; le Roy, rue Quinquempoix ; Mauger, près la Croix du Tiroir ; Fleury, près le Palais Royal ; Regnard[18], rue de Bourbon ; Clément, rue Jean de l’Espine ; Milot, porte saint Denis ; Bilheult, près le Temple, et du Chesne, à Chaillot[19].
[16] Il y a sur lui une note bien curieuse dans le t. Ier du Catalogue ms. de l’abbé Goujet : « Je l’ai connu dans mon enfance, dit l’abbé, il tenoit école et pension rue Gilles-Cœur, paroisse de Saint-André-des-Arts. C’est chez lui que j’ai appris à lire, à écrire, les premiers principes de la religion et les éléments du latin. C’étoit un très-bon maître, et à qui j’ai eu beaucoup d’obligation. Ma famille ne vouloit pas me mettre à l’étude, et il commença à m’instruire secrètement, me donnant chaque jour plusieurs heures de son temps, et ce fut lui enfin qui détermina mon père à me laisser livrer à l’étude. »
[17] « Anivel. » Edit. 1691.
[18] « Au faubourg Saint-Germain. » Id.
[19] L’édit. de 1691 donne presque tous ces noms, et y ajoute : « Binet, rue des Gravilliers. »
M. de Blegny[20], maitre Expert et Juré-Ecrivain, auteur de l’Ortografe Françoise[21], demeurant à l’entrée de la rue saint André, devant le pont saint Michel, vient de donner au public un nouveau livre de sa composition[22], qui comprend tout ce qui concerne la premiere education des enfans : les Regles et les Exemples de la plus parfaite ecriture, et de la plus exacte ortografe, et de la plus claire Arithmetique ; les Elements de la morale et les formules des lettres, des billets et des actes qui se font sous signatures privées dans le commerce plus ordinaire de la vie civile[23].
[20] Etienne de Blegny, parent sans nul doute de l’apothicaire-faiseur, dont nous publions le livre.
[21] Nous ne connaissons pas ce traité de l’orthographe par Blegny, mais en revanche nous pouvons citer ses Nouveaux exemplaires d’écriture d’une beauté singulière escrits par Estienne Blegny, et gravés par Berey, recueil de 40 planches in-8o. Claude-Auguste Berey étoit le plus fameux graveur d’écriture de son temps. Il fut le créateur de la coulée, comme Barbedor son devancier avoit été le créateur de la ronde. On a de Berey : Nouveau livre d’écriture financière, Paris, 1694, in-4o oblong ; L’écriture italienne bâtarde, 1700 ; Nouveaux exemplaires d’écriture de finance, in-4o obl.
[22] En voici le titre : les Eléments ou première Instruction de la jeunesse.
[23] Il se trouve, en effet, dans le livre d’Etienne Blegny, un chapitre qui a pour titre : Formulaire de petits actes.
Pour le surplus de l’education de la jeunesse, voyez l’article des Collèges, celuy des nobles exercices, et celuy des Mathématiques.