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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1/2

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GRAND CONSEIL.

Premier Président.

M. Bignon[1], rue Saint Jacques.

[1] Deuxième fils de l’avocat général Jérôme Bignon. Son prénom étoit Thierry. Il fut d’abord simple président au grand Conseil, puis, en mars 1690, premier président. Il mourut à soixante-cinq ans, le 19 janvier 1697.

Présidens du premier Semestre.

M. le Boulanger, ruë des petits Augustins.

M. Feydeau de Brou[2], ruë neuve Saint Paul.

[2] Il étoit de cette famille des Feydeau qui donna son nom à l’une des rues du quartier Richelieu, construite vers la fin du XVIIe siècle, lorsque Catherine Vivien, veuve de Pierre Feydeau, étoit dame du fief de la Grange-Batelière, sur lequel on en avoit pris le terrain. (Lebeuf, Hist. du diocèse de Paris, t. IX, p. 38.) Feydeau de Brou avoit eu du roi la présidence au grand Conseil, en 1689, « comme plus ancien maître des requêtes. » (Mém. de Foucault, p. 254.)

M. Joly de Blaizy[3], ruë des Rosiers.

[3] Lisez Joly de Bézy.

M. Roüillé de Marbœuf, ruë Philippeaux.

Présidens du second Semestre.

M. Poucet de la Rivière[4], ruë des Francs Bourgeois.

[4] Mathias Poncet de la Rivière, comte d’Ablis, d’abord conseiller au Parlement, puis maître des requêtes, intendant en Alsace, à Metz, à Bourges, à Limoges, et en même temps, depuis 1676, président au grand Conseil. Il mourut en 1693. Son père, Pierre Poncet, conseiller d’Etat, avoit été en passe de succéder en 1677 au chancelier d’Aligre. Un livre qu’il venoit de publier, Considérations sur les avantages de la vieillesse, etc., l’en empêcha par le ridicule qu’il jeta sur lui, bien qu’il s’y fût couvert par le pseudonyme de baron de Prelle. C’est sa mésaventure qui a fait dire par La Bruyère : « un magistrat alloit par son mérite à la première dignité, il étoit délié et pratique dans les affaires : il a fait imprimer un ouvrage moral, qui est rare par le ridicule. » Des ouvrages de l’Esprit, § 3.

M. Du Tillet de la Bussiere, vieille ruë du Temple[5].

[5] Son fils Jean François, qui fut greffier en chef du Parlement, embellit beaucoup son hôtel de la rue Vieille-du-Temple, dont on remarquoit surtout la porte « avec un balcon au-dessus et une grande fenêtre couronnée d’un fronton. » (G. Brice, édit 1701, t. I, p. 274-275.)

M. de l’Isle, ruë de Torigny.

M. Pinon[6], ruë des Lions, près Saint Paul.

[6] Il étoit de cette famille des Pinon, alliés aux d’Ormesson, qui furent, après les Vivien, seigneurs de la Grange Batelière, près de laquelle une rue bâtie en 1780 porta leur nom jusqu’en 1850, où elle devint la rue Rossini.

Avocats Generaux.

M. de Benoist, rue Beautreillis.

M. Anjoran, rue du Four, près Saint Eustache.

Procureur General.

M. Hennequin, Cloître Notre Dame[7].

[7] Hennequin de Charmont, qui logeoit au cloître chez son frère, chanoine de Notre-Dame et conseiller au Parlement. C’est à lui qu’étoit arrivée cette peu honorable aventure du testament de Mme Valentin, dont il fut fait un conte, attribué à La Fontaine, publié avec plus de vraisemblance dans les Œuvres de Régnier Desmarets, et qui se trouve aussi avec de très-curieuses notes dans le chansonnier Maurepas, t. VII, p. 137-142 : Mme Valentin, près de mourir sans enfant, et voulant laisser à son mari tout ce qu’elle possédoit, fit en faveur d’Hennequin, leur ami, un testament qui n’étoit qu’un fidéi-commis impliquant, sans doute possible, restitution au mari. Hennequin ne l’entendit pas ainsi ; il se mit en grand deuil comme héritier sérieux, et se hâta de mettre la main sur le bien. Le coup par bonheur étoit prévu. Un second testament, qui annuloit le premier, fut produit à temps en faveur du conseiller des aides, Jérome Bragelogne, un autre ami, mais plus honnête et plus fidèle, qui rendit l’héritage, comme l’avoit voulu la testatrice. « Hennequin, dit une des notes du chansonnier Maurepas, fut déshonoré et vilipendé partout. » La Bruyère a fait une allusion directe à cette affaire dans les Caractères 59 et 60 de son chapitre de Quelques usages.

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