Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1/2
ARMES ET BAGAGES
DE GUERRE ET DE CHASSE.
Le magasin Royal des Armes est à l’Arsenal, sous la direction de M. Titon, Entrepreneur Général des fournitures d’Armes[1].
[1] Son fils Titon du Tillet, à qui l’on doit ce singulier monument, le Parnasse françois, qui fut longtemps exposé dans une des salles de la Bibliothèque Nationale, et le livre qui l’explique, avec la biographie de ceux qui y figuroient en statuettes de bronze, fut, comme son père, attaché aux fournitures d’armes. Il avoit une charge de commissaire des guerres. Le Magasin royal, créé par le père, ne resta pas à l’Arsenal, où il l’avoit d’abord établi. En 1701, il étoit transféré à la Bastille : « le Magasin de Titon, lisons-nous dans l’édition de G. Brice publiée cette année-là, t. I, p. 341, est sur la première porte de la Bastille qui donne dans la place. Il est rempli de quantité d’armes de toutes les sortes, et l’on y trouve tout ce qu’on peut désirer sur cet article. »
Il y a aussi un grand magasin d’Armes et Equipages de Guerre, chez M. Benicourt[2], devant l’orloge du Palais.
[2] Il est appelé « De Benicourt », dans l’édit. de 1691, p. 22. — Sa maison étoit déjà célèbre, en 1640. Voici l’adresse qu’il prenoit alors, et qu’on trouve dans un compte, pour achat d’armes, publié par M. P. Paris dans son édition de Tallemant, t. IX, p. 474 : « Pierre Bignicourt, marchand quincaillier du Roy, à Paris, rue de la Barillerie, à l’enseigne de la Chasse Royale, devant les loges du Palais. »
M. marchand quincallier, à l’entrée du quay de la Mégisserie, fait aussi beaucoup de fournitures.
Le plomb pour les Armes à feu, se vend en gros et en détail chez plusieurs marchands, sous l’orloge du Palais, et au Fauxbourg saint Antoine[3].
[3] Liger, dans le Voyageur fidèle, 1715, in-12, p. 381, reproduit ceci textuellement. Il ajoute : « on vend la poudre à tirer à l’Arsenal, où elle se fabrique : elle s’y débite en gros et en détail, il y a aussi d’autres épiciers qui en vendent dans plusieurs quartiers de la ville. »
Messieurs Regnault et Lopinot, Tapissiers, près le Collège Mazarini[4], ont un grand assortiment de Lits, de Tentes et de Pavillons de Guerre.
[4] Le second est nommé seul dans l’édit. précéd., p. 64, avec cette adresse plus détaillée : « au deuxième pavillon du collége Mazarini, devant l’hôtel de Créquy. »
On en trouve aussi chez les Tapissiers Fripiers des pilliers des Halles[5].
[5] « Qui pour l’ordinaire, ajoute le voyageur fidèle, p. 382, en ont un assez grand assortiment en temps de guerre. »
Les Cordonniers qui vendent des bottes vieilles et neuves, et qui entreprennent la fourniture des Régimens, sont placez rue de la Barillerie, près le Palais[6].
[6] « Ce sont eux qui font les souliers de fatigue, qu’on nomme souliers de bottes. » Edit. de 1691, p. 25. On s’en servoit encore pour aller par les rues, tant elles étoient boueuses : « Quoi qu’il ne pleuve pas, lisons-nous dans la traduction d’une Lettre italienne sur Paris, écrite le 20 août 1692 par un Sicilien, et publiée pour la première fois, dans le Saint Evremoniana, 1700, in-8, p. 385, on ne laisse pas de marcher souvent dans la boue. Comme l’on jette toutes les immondices dans les rues, la vigilance des magistrats ne suffit pas pour les faire nettoyer… Autrefois les hommes ne pouvoient marcher à Paris qu’en bottines, ce qui fit demander à un Espagnol, les voyant en cet équipage le jour de son arrivée, si toute la ville partoit en poste. »
Les Sieurs Paul et Daumal, rue saint Honoré, sont de fameux Epronniers[7].
[7] Le Voyageur fidèle, p. 382, après avoir parlé du grand « commerce d’éperons » qui se faisoit rue Saint-Honoré, ajoute : « les quincailliers en vendent aussi, mais qui ne valent pas les premiers à beaucoup près. »
Près la porte saint Antoine, on fabrique des Tambours pour les troupes.
Les charettes et quaissons de guerre, sont fabriquez pour la plus grande part à l’entrée du Fauxbourg saint Antoine.
Les Bahutiers qui font les coffres, malles, fourreaux de pistolets, etc., sont en grand nombre au quartier du Palais, au bout du pont Notre Dame, à l’entrée du Fauxbourg saint Germain, et aux environs de saint Honoré.
On fait sur le quay de la Mégisserie, à la porte du Fort l’Evêque[8], diverses sortes de raizeaux et tirasses[9] pour la chasse.
[8] Liger, qui reproduit cet article, p. 384 de son Voyageur fidèle, ajoute : « du côté de la rivière », ce qui n’étoit pas inutile à dire, l’entrée principale du For-l’Evêque étant rue Saint-Germain-l’Auxerrois.
[9] Ce sont des filets à prendre les cailles et les perdrix.
Les Oizeleurs du même quay[10], vendent les raizeaux à prendre des Rossignols.
[10] Il sera reparlé d’eux plus loin.
Pour les chevaux, mulets, harnois, etc. Voyez l’article suivant.
La manufacture des Buffles pour la Cavalerie est chez M. Jabac, rue neuve saint Medéric[11].
[11] C’est ce commerce qui, nous l’avons dit, p. 109, avoit commencé la fortune de Jabach à Paris : « la France, lisons-nous dans un passage du Dictionnaire des arts et métiers, par l’abbé Jaubert, t. I, p. 427, qui complètera notre première note, est redevable à Colbert de la préparation des peaux de buffle : il y attira pour cet effet M. de la Haye, de Hollande, et ensuite M. Jabach, de Cologne, qui obtinrent un privilége exclusif pour établir leur manufacture à Corbeil. » Cette manufacture fut ensuite transférée à Paris, chez Jabach lui-même, où nous la voyons ici.