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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1/2

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DOCTEURS ET LICENTIEZ EN DROIT.

Professeurs des Ecoles.

M. de Loy, aux Ecolles, rue des Carmes[1].

[1] Michel De Loy, de qui l’on a un éloge en latin de Pierre Hallé, lecteur en grec au Collége royal, puis professeur en droit canon, mort en 1689. De Loy étoit fils du professeur de l’Université pour lequel Corneille avoit fait des vers, le félicitant de son panégyrique de M. de Bellièvre prononcé, en 1658, au Collége de La Marche. (V. Œuvres de Corneille, édit. Marty-Laveaux, t. X, p. 131.)

M. Baudin[2], même lieu[3].

[2] Jacques Baudin, qui mourut cette année même 1692. Il avoit eu beaucoup de réputation comme professeur. V. à ce sujet les additions de Ferrière au livre de Taisand : Vies des plus célèbres Jurisconsultes, 1737, in-4o, p. 590, et les Mémoires sur le Collége royal, par l’abbé Goujet, t. III, p. 420.

[3] C’est-à-dire aux Ecoles de Droit. Elles avoient leur principale entrée rebâtie monumentalement, en 1675, rue Saint-Jean de Beauvais, en face de la maison à l’enseigne de l’Olivier, rendue si célèbre par l’imprimerie des Etienne ; mais elles perçoient par derrière jusqu’à la rue des Carmes, où se trouvoient les logements des plus anciens professeurs.

M. Cuiniez, même lieu[4].

[4] Son vrai nom étoit Cugnet. Il avoit épousé une des filles de son collègue Baudin. Son éloge se trouve aussi dans les Additions de Ferrière, p. 695.

M. Mongin, rue de Bièvre.

M. Colson, rue Saint Jean de Beauvais.

M. le Gendre, rue des Noyers[5].

[5] Ces six professeurs enseignoient le droit romain, c’est-à-dire le droit civil, et le droit canonique.

En Droit François[6].

[6] Cette chaire de droit françois n’existoit que depuis 1680.

M. de Launay, ruë des Massons[7].

[7] François De Launay, qui mourut l’année suivante, 1693. Son éloge parut alors dans le Journal des Savants, t. XXXVIe.

Docteurs agrégez.

M. Piolin, ruë des Assis.

M. du Ru, ruë Saint Jean de Beauvais.

M. Amiot, même ruë[8].

[8] Il étoit, comme Cugnet, gendre de Baudin. On trouve aussi son éloge dans les Additions de Ferrière au livre de Taisand, p. 595.

M. des Barrières, même ruë.

M. Hulin, même ruë.

M. Sachet, même ruë.

M. Bonnamour, ruë Galande.

M. l’Escuyer, ruë Pierre Sarrasin.

M. Pavoine, ruë Saint Jaques.

M. Basthide, ruë du Plâtre.

M. Porsely, ruë du Foüare.

Licentiez Immatriculez du Parlement.

On peut recouvrer la Liste des Avocats Plaidans et Consultans au Palais, chez Charles de Sercy, Libraire dans la grand Salle à la bonne Foy couronnée.

Ceux qui sont dénommez en cette Liste sont gens généralement reqammandables par leur condition et par leur éloquence par exemple pour les Consultations, Mrs Billard, ruë de Savoye[9]. Sonnet, rue du Battoir. Issaly, rue des Rats. Husson[10], ruë Bourtibourg. Le Verrier, ruë du Jardinet. Raviere, ruë des Deux Portes. Chappé, rue de l’Observance. Du Pré, ruë des Cordeliers. Sever[11], même ruë. De Riparfond[12], rue de la Harpe. Braquet, Cloître Notre Dame, etc. Pour les Plaidoïers Mrs Chardon[13], ruë des deux Portes. De Nivelle, ruë de la Bucherie[14]. Robert de S. Martin, rue Haute-feuille. Baille, rue du Cimetiere Saint André des Arts. Hérard, rue de Savoye. De Retz, près Saint Jean en Grève. Du Mont[15], ruë du Jardinet, etc. Pour les Matières Benéficiales Mrs Nouët[16], montagne Saint Geneviève. Sachot[17], ruë de l’Eperon. Ferrand, rue Saint Loüis du Marais. Du Chesne, ruë de Bièvre. Et pour les matières qui sont traitées au Trésor, Fiefs, Aubaines et Confiscations, M. Mouffle, ruë des mauvaises paroles, etc.

[9] C’est ce terrible avocat Billard, qui fit tant de bruit pour empêcher les Comédiens, que le voisinage du collége Mazarin faisoit chasser du théâtre Guénegaud — aujourd’hui passage du Pont-Neuf — de venir s’installer dans la rue de Savoie. Louvois leur étoit favorable, car, ainsi qu’on l’apprend par une lettre de Racine à Boileau, il s’étoit même fait donner le plan du lieu « où ils vouloient bâtir dans la rue de Savoie » ; mais Billard, avec ses cris, l’emporta, à la grande joie de son quartier, du reste : « Tous les Bourgeois, dit encore Racine, trouvent fort étrange qu’on vienne leur embarrasser leur rue. M. Billard surtout qui se trouveroit vis-à-vis de la porte du parterre, crie fort haut ; et, quand on lui a voulu dire qu’il en auroit plus de commodité pour s’aller divertir, il a répondu fort tragiquement : « Je ne veux point me divertir. » — Il avoit de la réputation. Une de ses causes les plus brillantes avoit été, en 1675, celle d’une servante, épousée par le fils du riche marchand de la Herse d’Or, au faubourg Saint-Germain, dont on vouloit faire casser le mariage. (Journal des Audiences, t. III, p. 70.)

[10] Martin Husson. Il figuroit déjà au tableau des avocats, en 1643. Le traité de Advocato est de lui.

[11] Nous le trouvons, vers ce temps-là, plaidant avec succès dans une affaire de succession. (Journal des Audiences, t. II, p. 79-80.)

[12] Etienne Gabriau de Riparfond, inscrit, dès le 13 juin 1661, au tableau des avocats. Une de ses plus belles affaires fut, comme on peut le voir dans le Journal des Audiences (t. III, p. 101), celle des religieuses de Sainte Catherine, qu’il gagna. Il mourut en 1724, léguant aux avocats du Parlement sa bibliothèque, qui fut pour la leur un premier fond. On peut consulter sur lui l’Histoire des Avocats au Parlement de Fournel, t. II, p. 408 ; et la Bibliothèque du Poitou par Dreux du Radier, t. IV, p. 335. La Conférence des avocats possède son portrait en robe rouge. C’est un don de Dupin aîné en 1831.

[13] L’abbé Goujet (Biblioth. franç., t. II, p. 367) nous le donne comme ayant eu une grande réputation, mais qui s’effaça vite.

[14] Louis de Nivelle, inscrit au tableau depuis le 2 décembre 1657 : « Il peut, dit l’abbé Goujet (id., p. 369), passer pour très-bon avocat. Il est savant, il a du génie et du bon sens. » D’Aguesseau ne l’appeloit que le grand Nivelle. C’est lui qui avoit défendu la Brinvilliers. Ses plaidoyers n’ont pas été conservés, ce qui étoit un des regrets de l’abbé Goujet. (Id., p. 330.)

[15] Jacques-François Dumont, avocat inscrit, depuis le 4 juillet 1667. L’abbé de Villiers, dans une note de sa 3e Epître, livre Ier, le cite comme un des célèbres. Il vient de blâmer Lulli de ce qu’il fait chanter la tragédie au théâtre, et il ajoute :

Si cet usage plaît, s’il est autorisé
Chevalier ou Dumont pourroit s’être avisé
En plaidant les moyens que sa partie expose
D’en mettre en airs les droits, et de chanter sa cause.

Dans l’affaire Beausergent, qui fut célèbre en 1689, il avoit plaidé contre Beausergent. (Guyot de Pitaval, Causes célèbres, t. III, p. 194-196.) — Quand il mourut en 1718, le Mercure du mois de mai lui consacra un article, p. 187, où on lisoit qu’il fut « pendant cinquante ans l’aigle du Palais. »

[16] Il ne plaidoit pas, il s’en faut, que les affaires ecclésiastiques. Nous le trouvons, en effet, le 18 février 1677, dans une cause dont l’espèce étoit au moins scabreuse. C’est celle du cas d’impuissance du marquis de Langey, de laquelle il résulta que défense fut faite aux Juges d’ordonner pour ces sortes d’affaires « la preuve par le Congrès. » Pageau plaida pour le marquis, Blondeau et Nouet pour la partie adverse. (Journal des Audiences, t. III, p. 195.) D’après une note de Brillon, dans son Théophraste moderne (1701, in-12), c’est l’avocat Nouet qu’il y auroit peint sous le nom de Téocrine dans ce passage flatteur : « Téocrine n’a que sa chevelure naturelle, une robe très-simple, point de laquais, point de carrosse, mais beaucoup de talent pour sa profession. » D’Aguesseau cita Nouet comme un modèle dans sa mercuriale de rentrée, en 1699.

[17] La protection de son frère l’abbé Sachot, grand directeur de dévotes, dont il est parlé dans les Mémoires de l’abbé Legendre (p. 59-60), l’avoit poussé vers ces affaires ecclésiastiques. Comme Nouet, il ne s’y tenoit pas exclusivement. Il plaida par exemple, mais sans succès, pour la duchesse de Mazarin contre son mari, dans un procès dont nous reparlerons à la note suivante.

Quelques uns de ces celèbres sont particulièrement habituez au grand Conseil, comme Mrs de Monchant, Cloître Saint Mederic. Vaillant, rue de Savoye. Eurard, Cloître Saint Germain l’Auxerrois[18]. Laurent, ruë de la Monnoye. Chaudet, rue Quinquempoix. Doremieux, rue Bailleul, etc. Ou à la Cour des Aydes, comme Mrs Merlin, ruë de la Verrerie. De Tessé, rue de la Colombe. Martinet[19], rue Hautefeuille, etc. Ou au Châtelet, comme Mrs Maurice, ruë des Prouvaires. Guérin, rue S. Martin. Gondault[20], rue de Glatigny. Polliac, ruë de la Bucherie. Barbier, rue du Platre[21], etc.

[18] Lisez Errard (Claude). Inscrit au tableau, depuis le 24 août 1664. Il gagna, en 1691, la cause des trois frères aînés Le Boultz, que le père avoit réduits à leur légitime, pour avantager leur puîné ; mais son triomphe fut l’affaire du duc et de la duchesse de Mazarin, dont nous venons de dire un mot. Il plaida pour le duc contre sa femme, l’intrigante Hortense Mancini, qu’il voulut qu’on déclarât à cause de sa conduite déchue et privée de sa dot. Il demanda aussi que provisoirement elle fût mise au moins dans un couvent, ce que lui accorda la Cour. On sait que Saint-Evremond lui répliqua par un Memoire qui est dans ses Œuvres (t. V, p. 355, et VI, p. 500). Les plaidoyers d’Errard furent recueillis en 1694. (Journal des Savants, 16 avril 1695.)

[19] Nous ne savons rien de lui, sinon qu’il étoit bel esprit, et qu’il fit cette épigramme sur le petit Jacques Corbin qui avoit plaidé sa première cause à quatorze ans :

Vidimus attonito puerum garrire senatu.
Bis pueri, puerum qui stupuere senes.

[20] Edme Condault et non Gondault, avocat depuis le 31 janvier 1659.

[21] C’est le père de l’avocat Edmond-Jean-François Barbier, dont on a un si curieux Journal sur la Régence et le règne de Louis XV. Il ne logeoit pas encore rue du Plâtre, mais rue Galande, quand son fils étoit né le 16 janvier 1689.

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