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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1/2

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CHEVAUX ET EQUIPAGES.

Le marché pour les chevaux et pour les mulets, se tient les Mercredis et les Samedis non fetez, au bout du Fauxbourg saint Victor, depuis deux heures de relevée jusqu’à six[1].

[1] Cet article est plus curieux dans l’édit. de 1691, p. 33 : « le marché aux chevaux, aux mulets, aux porcs et aux bêtes azines, se tient les mécredis (sic) et samedis, le matin pour les porcs, et l’après dinée pour le reste, au bout du faubourg Saint-Victor. »

Les autres jours on trouve des chevaux de toutes espèces, chez les Sieurs Guerte, rue de la Bucherie : François Paris, place Maubert : Charles Paris, rue des Rats[2] : Grenier, cour de la Jussienne[3] : du Pont, cul de sac des Provençaux : Guillory, rue Perdue : Prevost, le Moine, Harasse, Arnoult et Anceaume, rue et devant les murs saint Martin, où sont encore logez les Sieurs Rotelet et Briquet, marchands Hollandois[4], qui ont un grand assortiment des plus beaux Chevaux de Carosse.

[2] Ce quartier de la place Maubert — la rue des Rats, qui est aujourd’hui rue de l’Hôtel-Colbert, s’y trouve — et celui des environs de l’abbaye Saint-Martin étoient surtout ceux des maquignons, aussi l’édit. précédente se borne-t-elle à dire, p. 33 : « Il y a un grand nombre de chevaux au quartier de la place Maubert et de l’abbaye Saint-Martin-des-Champs. »

[3] On l’appeloit aussi la cour Tricot. Elle alloit de la rue de la Jussienne à la rue Montmartre. Ce n’avoit été longtemps qu’une Cour des Miracles.

[4] Je crois qu’il faut lire Béquet, ce qui seroit une légère altération du nom hollandois Becker. Le marquis de la Femme d’Intrigue, comédie de Dancourt, jouée en 1692, parlant de ses dettes (acte III, sc. 10), dit ce qu’il doit « à Jame et à Béquet, tant en chevaux de selle que de carrosse. »

Il y a plusieurs Selliers Carossiers, qui tiennent dans leurs Chantiers des Carosses tous faits et des Chaises montées ; par exemple, les Sieurs Gervais et Vignard, rue saint Martin ; Bailleul et des Moulins, rue des vieux Augustins ; Stoquet, dans l’enclos de la foire saint Germain[5] ; Moreau, rue Mazarini ; le Roux, rue des petits Champs ; Treverger, rue de Berry ; l’Amiral, au petit Marché ; Marceau, rue des quatre Vents ; la Ville, rue de Tournon ; Poivret, rue de Taranne ; la Place, rue de l’Esgoust, etc.

[5] « Il y a un grand nombre de carrossiers qui ont leurs magasins dans l’enclos de la foire Saint-Germain. » Edit. 1691, p. 51.

Plusieurs Boureliers sont renommez pour les Harnois de la plus grande propreté ; par exemple, les Sieurs Barbier, rue Coquilliere ; Miquelet et Langlois, rue de Seine[6], etc.

[6] Liger, p. 385, en indique aussi rue Saint-Antoine.

Les beaux et magnifiques Carosses de louage pour les Princes, Ambassadeurs et grands Seigneurs etrangers, se trouvent chez les Sieurs Dalençon[7], rue Mazarini ; Dauphiné et du Puis, rue du Four saint Germain ; Clovet, rue des vieux Augustins ; David et l’Escuyer, rue de Seine ; et Guérin, rue des Boucheries saint Germain[8].

[7] « Et chez la veuve Chavanon… » Edit. 1691, p. 51. On y voit aussi indiqués : « Champot, rue de Seine, et Ferrat, rue des Boucheries », qui ne se trouvent pas ici.

[8] Lister qui, étant à la suite d’un ambassadeur, le comte Portland, crut pouvoir prendre une de ces voitures, en fut fort content : « Elles sont, dit-il, ch. II, bien dorées, ont de bons chevaux et des harnois propres. Les étrangers les prennent au jour ou au mois, sur le pied de trois écus d’Angleterre par jour, c’est-à-dire dix-huit ou dix-neuf francs à peu près. »

La veuve le Roux, derrière l’Hotel de Salé[9], a aussi de très beaux Carosses de louage[10].

[9] Il existe encore, avec sa principale entrée, rue de Thorigny. C’est aujourd’hui l’Ecole centrale. Il fut bâti sous Louis XIII par Aubert, fermier de la Gabelle du sel, ce qui lui fit donner par le peuple le nom d’hôtel Salé.

[10] Cet article, dans l’édit. précédente, p. 51, est plus détaillé : « Il y a encore des magasins de carrosses rue Michel-le-Comte, vieille rue du Temple, derrière l’hôtel Salé ; rue de Bussy, et rue du Four du faubourg Saint-Germain. »

Les Remises où l’on tient d’ailleurs des Carosses de louage au mois, à la journée, sont encore rue Mazarine, rue des vieux Augustins, rue des Boucheries saint Germain, rue des Petits Champs, rue de Hurepoix, rue Gît-le-Cœur, rue des grands Augustins, rue de Bussy, etc.[11].

[11] Dans l’édition précédente, au chapitre XXXIII, consacré aux mêmes objets, sous ce titre : Des voitures parisiennes, se trouvent d’assez curieuses différences, p. 50-51 : « Il y a des calèches attelées à vingt sols par heure, dans tous les temps du jour, sur le quay des Augustins, place du Palais-Royal, Croix du Tiroir, rue de la Ferronnerie, rue Mazarine et rue Saint-Antoine, devant les Jésuites. — Aux mêmes endroits, et en divers autres carrefours et places, on trouve des chaises à deux porteurs pour un écu par demi-journée, et des chaises à ressorts traînées par un seul homme, à un écu par jour, ou dix sols par heure. » — L’existence des carrosses à l’heure n’étoit encore que tolérée. Elle ne devint légale et privilégiée que par ordonnance du mois d’août 1698. Le tarif en fut alors plus élevé. On paya 25 sols la première heure, et 20 sols les autres. Les fiacres n’eurent plus alors le droit de stationner sur les places, réservées désormais à ces carrosses à l’heure. Ils redevinrent des voitures de remises qu’on ne pouvoit louer qu’à la demi-journée, au jour ou au mois. (Traité de la Police, t. IV, p. 441-442.)

On trouve des Mulets et des Littières à loüer chez M. Mariette, Capitaine des charrois de Monsieur, près la porte saint Jacques, et chez un Bourelier fort stilé aux équipages de mulets, à l’entrée de la rue de Richelieu.

Les Sieurs Rousseau, près la porte du Pont aux Choux[12] : Dole, vieille rue du Temple : Didier, rue des Fossez de Condé : et Jourdain, rue de Bourbon, font des Corps de Carosse qui resistent fort longtemps.

[12] Elle se trouvoit à l’endroit où la rue du Pont-aux-Choux débouchoit sur le rempart, et devoit son nom au pont-levis jeté sur le fossé, à quelques pas d’un marais planté de choux, comme un autre situé un peu plus en avant dans la ville, où croissoit l’oseille, avoit donné son nom à la rue de l’Oseille. La porte du pont-aux-Choux s’étoit d’abord appelée porte Saint-Louis.

On trouve de bons ouvriers pour les Ressorts et Arcs de Carosses et de Chaises au petit Arsenal, rue de Limoge au Marais, rue des Gravilliers, porte saint Antoine, rue du Sepulcre[13] et enclos de la Foire St Germain[14].

[13] C’est aujourd’hui la rue du Dragon.

[14] Cet article est différent dans l’édit. précédente, p. 59 : « Il y a un taillandier à l’Arsenal, un autre près Saint-Roch, et un troisième devant les Premontrez du faubourg Saint-Germain, qui font très-bien des arcs de carosses. » On y lit aussi, p. 51 : « les ressorts de la bonne trempe se font au même faubourg (Saint-Antoine), près la porte et rue de Charenton, devant les Filles angloises » ; et, un peu plus bas : « on trouve de vieux arcs et ressorts de carrosses à l’épreuve, chez un grand nombre de dépesseurs (sic) du quai de la Mégisserie. »

Pour les Glaces de Carosse, voyez l’article des marchandises des Miroitiers.

On fait et on vend dans plusieurs boutiques et angards du Fauxbourg saint Antoine, des Chaises et Soufflets[15] à juste prix.

[15] Les soufflets étoient une sorte de chaise roulante à deux roues et fort légère, pour une ou deux personnes, dont le dessus de cuir ou de toile cirée se plioit ou se replioit comme un soufflet, suivant le temps. Louis XIV se servoit souvent d’une de ces petites voitures. (Journal de la santé du Roi, publié par M. Le Roy, 1862, in-8, p. 299.)

Les Courtiers qui font vendre et acheter toutes sortes d’équipages, sont les Sieurs de Mouy, rue Geoffroy Langevin : des Lauriers, rue du Four, près l’Hôtel Impérial : la Montagne, place Maubert : la Croix, cul de sac des quatre vents : Jurande et le Breton, rue Bourlabé : le Febvre, rue du petit Heuleu[16], etc.

[16] Pour la fin de cet article, il y a quelques détails de plus dans l’édit. de l’année précédente, p. 33 : « Jacques Jurande, rue Bourlabé, chez un maréchal, fait courtage de chevaux et d’équipages. Autant en font le Breton, même rue, à la Croix de Fer, le Febvre, rue du Petit-Huleu, Cavé, rue Geoffroy-Lasnier, et la Croix, rue du Cœur-Volant, près la foire Saint-Germain. »

Le nommé Loüis, logé devant les murs saint Martin, fait principalement le courtage des mules et mulets.

Les Sieurs Brie devant les Incurables ; et Bouton, rue Git le Cœur, au Gallion, sont des particuliers qui ont de bons Remedes pour les maladies des Chevaux[17].

[17] Du temps de Liger, c’est un nommé Prieur, rue aux Ours, qui étoit le plus expert de ces « médecins de chevaux », comme il les appelle, p. 387.

Entre les Marchands en réputation pour le même fait, sont les Sieurs Rabeau, rue de la Corne : du Gas, vieille rue du Temple : Mars, carrefour des trois Maries ; et Lafond, près l’Hotel d’Angoulesme.

La veuve Robillon, Carrossiere au fauxbourg saint Michel, nettoye parfaitement bien les Carosses et Chaises[18].

[18] « On trouve tous les dimanches et fêtes, dit l’édit. de 1691, p. 51, et encore tous les mécredis et samedis, des charrettes couvertes à la porte de Saint-Denis, qui mènent aux villages circonvoisins. — On trouve en tous temps aux environs du Pont-Royal, des batelets couverts qui conduisent où l’on veut à la descente de la rivière. » A la porte Saint-Denis le « passage du bois de Boulogne » doit son nom aux voitures qu’on y prenoit pour cette promenade.

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