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Le livre commode des adresses de Paris pour 1692, tome 1/2

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BANQUIERS
POUR LES REMISES DE PLACES EN PLACES.

Messieurs le Couteux[1], ruë de la Tixanderie, pour Normandie, Bretagne et païs étrangers.

[1] Nom qui fut longtemps célèbre dans la banque. En 1773, nous retrouvons dans l’Almanach d’indication de Roze de Chantoiseau : « Le Coulteux et Compagnie, rue Montorgueil, négociants en banque ; une des plus anciennes maisons. » Roze disoit vrai, puisqu’alors cette maison existoit, nous en avons la preuve ici, depuis plus de quatre-vingts ans. Nous verrons tout à l’heure qu’elle remontoit encore bien plus haut. A l’époque de la Révolution, le chef de la famille, M. Le Coulteux de la Noraye, fut de la première municipalité de Paris, et son fils Le Coulteux de Canteleu, député à l’Assemblée constituante et au Conseil des Anciens, puis sénateur et pair de France. C’est lui qui fit bâtir, vers 1790, de la rue Montorgueil à la rue Montmartre, sur les terrains dépendant de sa maison de banque, toute une rue à maisons uniformes, à laquelle l’architecte Mandar, qui l’avoit construite, donna son nom. M. Le Coulteux en fut longtemps l’unique propriétaire. Voici ce que Berryer père, dans ses Souvenirs (1837, in-8, t. II, p. 320), dit sur l’ancienneté des Le Coulteux : « C’étoit dans la banque de Paris une maison antique, une des plus anciennes de la bourgeoisie de Paris, dont l’existence remontoit sans interruption ni déviation en plus ni en moins, aux époques d’où dataient les Thibert, les Trubert, les Bouillerot, réputés les plus anciennes familles de la capitale. »

M. André Hebert, cul de sac de la rue Quinquempoix[2], pour les mêmes lieux, et encore ;

[2] On l’appeloit aussi cul de sac de Venise, à cause du voisinage de la rue de ce nom, dans laquelle le comte de Horn, au plus fort de la crise du Système, assassina un agioteur dans le cabaret de l’Epée de bois. Ce sont les banquiers, logés alors en grand nombre rue de Venise et surtout rue Quincampoix — nous en trouverons un plus loin — qui avoient attiré de ce côté Law et tout son agio. Dancourt, en 1710, dans sa Comédie des Comédiens (acte II, scène 9), fait lancer par Mezzetin un lardon contre ces banques : « Je connois, dit-il, un bonnetier de la rue Saint-Denis, et un banquier de la rue Quincampoix, qui, avec 10,000 francs, qui n’étoient pas à eux, ont trouvé moyen de se faire chacun cent mille écus qui ne leur appartiennent guère. »

Messieurs Hébert Frères, près saint Julien des Menetriers.

Et M. Petit, ruë du Four, quartier saint Honoré.

M. Michel Heuh, rue Mauconseil, aussi pour les Provinces de Normandie et Bretagne, et encore pour tous les Etats d’Allemagne.

M. Pierre Heuh, rue saint Martin, pour les mêmes lieux.

M. Tourton, ruë de la Truanderie, aussi pour l’Allemagne et pour le Lionnois.

M. Sorbiere, rue Quinquempoix, pour la même Province.

Et M. Michon, rue Aubry Boucher.

M. de Meuves, cul de sac de la rue des Bourdonnois, pour Allemagne, Angleterre, Italie, Hollande, Lyonnois, Languedoc et Flandres conquise.

M. Rigioly[3], rue Quinquempoix, aussi pour l’Italie et pour le Lyonnois.

[3] C’étoit un de ses banquiers italiens, comme il y en avoit eu beaucoup aux époques précédentes dans ce quartier, où ils avoient même laissé leur nom aux rues des Lombards et de Venise. Sous Louis XVI, il en existoit encore. Nous trouvons dans l’Almanach général des Marchands de 1778 : Caccia, banquier, rue Saint-Martin, vis-à-vis la rue aux Ours ; Giambone, rue Mauconseil ; Boggiano, place des Victoires.

Messieurs Narcisses et Maçon, rue Thibaut Thodé, pour les mêmes lieux.

Et Messieurs Vallentin, rue

M. Helissant, rue saint Denis, pour Allemagne, Pologne, Angleterre, Hollande, etc.

M. Moreau, rue Michel le Comte, pour Espagne, Bretagne, etc.

M. le Nostre, rue Troussevache, pour Anjou, Touraine, Poitou, etc.

M. Patu, rue de la Chanverrerie, pour Espagne.

M. Artus, rue Mauconseil, pour Angleterre, Ecosse, Irlande, Hollande, Flandres conquise, etc.

M. Milochin, rue saint Denis, pour la Flandre Espagnole.

M. Herins, derriere saint Leu et saint Gilles, pour tous les Païs bas.

M. Foissin, rue saint Denis, pour Allemagne, Suède, Dannemarc, Hollande, Italie, etc.

Messieurs les Agens de change s’assemblent tous les jours ouvrables vers le midy à la place de change, joignant la conciergerie du Palais, pour la négociation des Lettres et Billets de Change[4].

[4] L’Almanach royal de 1702, qui donne à peu près, p. 64, le même renseignement, ajoute : « Le public peut s’adresser à leur clerc, qui y demeure, pour faire avertir lesdits Messieurs des billets perdus, lettres de change, ou autres billets négociables. » Telle étoit alors la Bourse de Paris : une voûte près d’une prison, pour s’assembler une fois tous les huit jours ; et un clerc, pour répondre à tout, le reste de la semaine. L’anglais Evelyn, qui visita le Palais en 1644, la trouva de bien mesquine apparence auprès de celle de Londres : « Les galeries, où l’on vend les menues marchandises, dit-il, n’approchent pas des nôtres, non plus que le lieu où se tiennent les négociants, qui n’est qu’une simple voûte basse. » (V. Extraits de son Voyage à la suite de celui de Lister, publié par la Société des bibliophiles, p. 230.)

Pour les Banquiers Expeditionnaires en Cour de Rome, voyez l’article des affaires Ecclesiastiques.

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